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JD Vance-Tim Walz: qui a gagné le débat des vice-présidents?

Le débat entre JD Vance et Tim Walz, mardi soir.
Le débat entre JD Vance et Tim Walz, mardi soir.

«Je suis parfois un imbécile»: Tim Walz n'a pas convaincu face à JD Vance

Les deux candidats à la vice-présidence se sont affrontés mardi soir dans une atmosphère tendue, technique, mais respectueuse. Si le bras droit de Kamala Harris s'est montré nerveux et peu sûr de lui, le chien d'attaque de Donald Trump a voulu améliorer son image catastrophique auprès des électeurs américains. Décryptage du débat.
02.10.2024, 06:2102.10.2024, 09:15
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Un débat télévisé entre deux candidats à la vice-présidence ne sert absolument à rien. Et c'est précisément la raison pour laquelle ils sont si excitants à regarder. Tout a moins d'impact que lors d'un combat entre deux locataires potentiels du Bureau ovale et une seule tâche clignote dans l'esprit des challengers: surtout, ne pas décevoir le patron. En d'autres termes, JV Vance et Tim Walz n'avaient que deux véritables spectateurs mardi soir, à savoir Donald Trump et Kamala Harris. Suffisant pour divertir les Américains durant 90 minutes? Absolument.

Et brisons le suspens d'entrée: le milliardaire républicain a de quoi être fier de l'entrée en scène de son chien d'attaque. Alors que son adversaire s'est rué dans les dossiers et les attaques contre Trump dès sa première prise de parole, JD Vance a déballé sa prestation avec une certaine élégance dans le verbe, remerciant les téléspectateurs «se souciant suffisamment de ce pays» pour avoir «allumé leur poste». Avant de partager sa chance d'être là où il est ce mardi soir, conscient que sa biographie est un atout:

«Je suis un enfant de la classe ouvrière. Et le fait que je sois ici devant vous ce soir, dans la peau d'un candidat à la vice-présidence, c'est la preuve que le rêve américain existe»
JD Vance

Une retenue d'apparence et délibérée, qui lui a donné l'avantage dès les premières minutes et lui permettra d'adoucir certaines positions impopulaires de son propre parti, notamment en voulant «permettre aux mères d'avoir plus facilement des bébés». Il le sait, ce débat sera la seule occasion pour les électeurs de l'écouter s'exprimer longuement.

Face à lui, un Tim Watz saisi par le trac et passablement mal à l'aise durant la première grosse demi-heure, cherchant ses mots et griffonnant ses notes au lieu d'imprimer une première impression positive dans l'esprit du public. D'un côté, une assurance à double tranchant, de l'autre, une insécurité et une grande nervosité.

Assurance et cravate fuchsia d'un côté, insécurité et cravate bleue de l'autre.
Assurance et cravate fuchsia d'un côté, insécurité et cravate bleue de l'autre.

Cette impression va hanter ce débat qui, et de loin, a été le plus technique et le plus intense des duels présidentiels de l'année. En un petit quart d'heure, les deux candidats ont dû se positionner sur des dossiers brûlants: les récentes frappes iraniennes sur Israël, le puissant ouragan Helene qui a tué une centaine de personnes, le changement climatique et la politique énergétique.

De quoi tester la préparation, les compétences, les nerfs et la concentration du sénateur républicain et du gouverneur démocrate.

Le décor

Cravate fuchsia d'un côté, cravate bleue de l'autre. Deux drapeaux américains sur le revers. Face à eux, deux femmes journalistes accordées aux couleurs des candidats, Margaret Brennan et Norah O'Donnell. Les règles? Deux minutes pour répondre, une minute pour répliquer.

Tailleur bleu d'un côté, tailleurs fuchsia de l'autre.
Tailleur bleu d'un côté, tailleurs fuchsia de l'autre.

Détail qui aura son importance: la chaîne CBS a décidé de ne pas fact-checker les réponses des colistiers en direct, les laissant le faire eux-mêmes. Résultat, un immense chaos lorsque Margaret Brennan a voulu préciser que la majorité des migrants haïtiens de la petite ville de Springfield, que JD Vance accuse de manger les animaux domestiques, bénéficie d'«un statut légal». Le micro du colistier, manifestement en colère, sera coupé après cette réplique:

«Les règles étaient que vous n'alliez pas vérifier les faits!»
JD Vance

Le débat

Copieux, l'amuse-bouche de la soirée laissera pourtant les citoyens américains sur leur faim: s'ils étaient à la Maison-Blanche, soutiendraient-ils la réponse d'Israël aux récentes frappes iraniennes? Personne ne répondra véritablement à cette question. Pour JD Vance, Donald Trump «rend le monde plus sûr», en ramenant la paix par la force.

Le gouverneur du Minnesota, lui, alignera les hésitations, donnant parfois l'impression de confondre Israël et l'Iran à plusieurs reprises. Avant d'attaquer la légèreté de Trump, mais aussi ces anciens conseillers à la sécurité lorsqu'il était aux commandes.

Tim Walz:

«Lorsque l’Iran a abattu un avion dans l’espace aérien international, Donald Trump a tweeté»

JD Vance:

«On peut critiquer les tweets de Donald Trump, mais qui a été vice-président pendant les trois dernières années et demie? La réponse est votre colistier, pas le mien»

L'émotion de l'ouragan

Pas facile de débattre d'un sujet d'actualité qui n'a pas encore livré toutes ses horreurs. Les deux adversaires ont donc joué la carte de l'émotion lorsqu'il a fallu causer de l'ouragan Helene, qui a ravagé plusieurs Etats du sud et fait plus d'une centaine de victimes.

Et Vance a gagné cette manche, en misant sans surprise sur l'histoire tragique des deux grands-parents sur le toit de leur maison, en Caroline du Nord, qui seront emportés par les eaux, aux côtés de leur petit-fils âgé de 7 ans, quelques minutes après une dernière photo qui a tiré les larmes des Américains. Plus professionnel, Tim Walz s'est reposé sur son métier de gouverneur pour faire taire les bisbilles politiques le temps de compter les morts.

«Quand une telle tragédie survient aux Etats-Unis, les gouverneurs mettent les questions politiques en sourdine et travaillent ensemble sur le terrain pour réparer les dégâts. Je m'en suis assuré»
Tim Walz

Gentillesses et excuses

De manière générale, les deux adversaires ne se sont jamais attaqués frontalement, se concentrant sur les bilans de leur patron respectif. Ce sera notamment le cas au sujet de l'économie. Moins sur celui de l'immigration, durant lequel Walz et Vance semblent vouloir éprouver de la compassion l'un pour l'autre: «Je crois que le sénateur Vance veut résoudre le problème aux frontières, mais en travaillant aux côtés de Donald Trump, aucune solution n'est possible», a déclaré Tim Walz. Vance lui adressera la même pique:

«Je pense que vous-même, vous voulez résoudre ce problème d'immigration, mais je ne pense pas que Kamala Harris le fasse»
JD Vance

Alors que le gouverneur du Minnesota affichait un poil plus d'assurance qu'en début de match, il a dû revenir sur des portions de sa biographie qu'il a récemment enjolivées. Et notamment sur sa «présence» à Hong Kong pendant les manifestations de la place Tiananmen, au printemps 1989, alors qu'il était aux Etats-Unis.

«Je n'ai pas été parfait et je suis parfois un imbécile. J'étais arrivé là-bas cet été-là, je parle parfois trop vite»
Tim Walz

JD Vance a lui aussi fait amende honorable, en évoquant une nouvelle fois l'époque où il traitait son patron, Donald Trump, d'«Adolf Hitler de l'Amérique». «Parfois, bien sûr, je ne suis pas d’accord avec le président, mais j’ai aussi été très ouvert sur le fait que j’avais tort à propos de Donald Trump. J’avais tort, mais c'est aussi la faute des médias».

Conclusion

Malgré une fin de course moins fébrile, Tim Walz a donné l'impression de ne pas avoir envie d'être là. On le savait peu à l'aise dans des formats carrés et officiels, mardi soir a servi de confirmation. La meilleure attaque du gouverneur du Minnesota tombera d'ailleurs dans les dernières minutes d'échanges, lorsqu'il demandera à son ennemi s'il compte accepter le résultat de l'élection du 5 novembre. Sans répondre véritablement à la question, ce dernier s'est contenté de confirmer la tendance des trumpistes à vouloir glisser quelques bâtons dans les roues démocratiques.

Un JD Vance qui a pris tout le monde par surprise, en restant dans sa ligne, osant même parfois féliciter son adversaire, pour mieux le déstabiliser. Mission accomplie pour l'auteur à succès. Tout en essayant - sans succès - de réécrire l'histoire du milliardaire de Palm Beach avec un stylo à paillettes, avec son lot de vérités alternatives. Alors que le sénateur républicain est l'un des candidats à la vice-présidence les moins appréciés de l'histoire des Etats-Unis, il a tenté pendant 90 minutes de prouver qu'il était autre chose qu'un homme «qui déteste les femmes» et qui «valide des thèses racistes». Efficace? L'avenir (et l'avis de Donald Trump) le dira.

Le débat de mardi soir a finalement dévoilé deux hommes courtois, au service du boss, dont le combat, bien que très réussi, a peu de chances de venir perturber les intentions de vote et les campagnes de Donald Trump et de Kamala Harris.

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