L'administration Trump dévoile une partie du dossier Epstein
Les «documents Epstein», issus de l'enquête menée par les autorités américaines sur l'influent financier et criminel sexuel new-yorkais, mort en 2019, ont commencé à être rendus publics vendredi. Ils doivent aider à faire la lumière sur ses liens passés avec des personnalités de premier plan, dont le président républicain Donald Trump.
A l'heure de la publication des documents, nos confrères américains ont commencé à éplucher les documents en temps réel. Selon le New York Times, des centaines de photographies sont présentes dans le dossier. Plusieurs d'entre elles montrent clairement la présence de l'ancien président Bill Clinton et de la pop star Michael Jackson. Mais «il est difficile d'en déterminer exactement le contexte», peut-on lire.
Une grande partie des documents auraient été caviardés, ce qui laisse penser que l'affaire va encore rebondir ces prochains jours.
Donald Trump rechigne
Alors qu'il avait fait campagne en 2024 en promettant une totale transparence, Donald Trump a rechigné pendant des mois à tenir sa promesse, finissant par qualifier l'affaire de «canular» instrumentalisé par l'opposition démocrate.
Sa base «Maga», obsédée par ce scandale, s'était insurgée quand le ministère de la Justice avait annoncé à l'été n'avoir découvert aucun élément nouveau justifiant la publication de documents supplémentaires ou de nouvelles poursuites.
Sous la pression du Congrès
Après des mois de révolte, le président a dû céder à la pression du Congrès, y compris d'élus républicains, promulguant en novembre une loi imposant à son gouvernement de publier l'intégralité des documents non classifiés en sa possession.
Le numéro deux du ministère de la Justice, Todd Blanche a déclaré vendredi qu'une première portion du dossier, avec des centaines de milliers de documents, allait être publiée vendredi et des éléments supplémentaires «dans les prochaines semaines».
Les démocrates en colère
Cette publication par étapes a suscité la colère du chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, qui a rappelé que la loi imposait au gouvernement de publier «TOUS les documents» vendredi. «Ce n'est rien d'autre qu'une opération de camouflage pour protéger Donald Trump de son passé peu reluisant», a-t-il tonné, accusant le gouvernement de «tout faire pour cacher la vérité».
Un temps proche du financier avec qui il évoluait dans les mêmes cercles, Donald Trump a toujours démenti avoir eu connaissance de son comportement criminel et assure avoir rompu avec lui bien avant qu'il ne soit inquiété par la justice. Figure de la jet-set new-yorkaise, Jeffrey Epstein est accusé d'avoir exploité sexuellement plus de mille jeunes femmes, dont des mineures.
Cette affaire, révélée en 2019, a éclaboussé plusieurs célébrités dont il était proche, dont Andrew, le frère du roi Charles III incriminé par l'une des victimes mais qui clame son innocence.
La mort du financier en prison la même année avant son jugement, a alimenté d'innombrables théories du complot selon lesquelles il aurait été assassiné pour l'empêcher d'impliquer des élites qui auraient bénéficié de ses crimes. Son décès avait été classé comme un suicide par les autorités.
Des personnalités embarassées?
L'ancienne compagne de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell, qui purge une peine de vingt ans de prison, est la seule personne à avoir été condamnée dans l'affaire. Todd Blanche, numéro deux du ministère de la Justice, a prévenu vendredi qu'il ne fallait pas s'attendre à de nouvelles inculpations.
Les documents pourraient néanmoins embarrasser des personnalités du monde des affaires, de la politique ou du spectacle qui gravitaient dans l'orbite du financier.
La semaine dernière, des élus de l'opposition ont publié des photos sur lesquelles on voit Jeffrey Epstein en compagnie de l'ex-président démocrate Bill Clinton, d'entrepreneurs à succès comme Bill Gates ou Richard Branson, ou encore du cinéaste Woody Allen. Donald Trump y apparaît également, en compagnie de femmes au visage occulté.
Les documents pourraient également éclairer les raisons pour lesquelles les procureurs ont tardé à enclencher des poursuites à l'encontre du financier.
Mais la portée des révélations potentielles reste incertaine, le ministère de la Justice ayant eu toute latitude pour caviarder les documents afin de protéger les victimes notamment.
(ats/acu)
