Son premier choix exclu, le 47e président américain, se devait d'opter pour un candidat un poil plus consensuel. Jeudi soir, c'était chose faite. Pam Bondi. Une autre blonde puissante et ambitieuse de l'orbite trumpienne. Une alliée dans l'adversité depuis des années. Et un choix qui semble faire l'unanimité parmi les alliés de Donald Trump.
Il faut dire que, contrairement au candidat précédent, on ne pourra pas reprocher à cette proposition de dernière minute de manquer d'expérience. Procureure pendant 18 ans dans le comté de Hillsborough en Floride, Pam Bondi est devenue la première femme à briguer le poste de procureure générale de Floride, en 2010.
Dans le «Shining State», cette Floridienne jusqu'au bout des pointes est notamment devenue le visage public de l’opposition au mariage homosexuel, allant jusqu'à défendre son interdiction à l’échelle de l’Etat en 2008. Des positions conservatrices légèrement radoucies après une fusillade de masse dans une boîte de nuit gay à Orlando. En tant que procureure générale de Floride, elle a préféré concentrer ses efforts sur la lutte contre la toxicomanie et le trafic d'enfants.
Après deux mandats, la juriste est devenue lobbyiste.
Entre deux avis juridiques pour l'America First Policy Institute, un groupe de réflexion conservateur qui cultive des liens étroits avec l'équipe de transition Trump, Pad Bondi travaille principalement au sein de Ballard Partners, un influent cabinet de lobbying qui compte General Motors, Amazon, Uber, le gouvernement du Qatar ou encore la Ligue majeure de baseball, parmi ses clients.
Mais c'est surtout et avant tout comme défenseure acharnée de Donald Trump que Pam Bondi s'est bâti une célébrité à l'échelle nationale, au fil des apparitions et des prises de position sur Fox News. Dans tous les sens du terme, puisque l'ancienne procureure faisait partie de l'équipe juridique de Donald Trump lorsqu'il était encore à la Maison-Blanche, au milieu de sa première tentative de destitution.
Par la suite, Pam Bondi n'a pas manqué de s'illustrer dans les efforts du républicain pour renverser les résultats des élections présidentielles de 2020. De conférences de presse en plateaux télévisés, l'adepte MAGA a répété docilement les fausses allégations de fraude électorale et de trucage en faveur de Joe Biden.
Pour ne pas manquer, cette année, de rejoindre la délégation de fidèles débarqués en force à New York pour soutenir leur héros lors de son procès devant le tribunal pénal de Manhattan, pour des accusations de paiement silencieux à l'actrice X Stormy Daniels. L'ancienne procureure en a profité pour critiquer publiquement ses confrères procureurs pour avoir porté l’affaire devant le tribunal, ainsi que le juge pour sa gestion du procès.
Si Pam Bondi est une fan irréprochable de Donald Trump, son parcours professionnel et personnel l'est un peu moins. Parmi les scandales à son actif? En 2013, alors procureure de Floride, elle est accusée d'avoir accepté un don inapproprié de 25 000 dollars de la part de Donald Trump alors qu'elle planche sur plusieurs accusations de fraude contre sa Trump University - pour finalement décider de ne pas se joindre à une plainte déposée contre l'école par le procureur général de New York.
Ce n'est rien par rapport à la bataille juridique de longue haleine qui l'a opposée à une famille de victimes de l'ouragan Katrina, en 2005, pour obtenir la garde d'un Saint-Bernard. Face au refus de la juriste de restituer le chien à sa véritable famille, cette dernière avait intenté un procès pour tenter de récupérer son chien. Au terme d'une procédure de 16 mois, Pad Bondi a fini par se résoudre à rendre l'animal.
N'en déplaise aux soupçons de pot-de-vin et autres mésaventures canines, le chemin de la juriste vers la confirmation au poste de procureure générale semble désormais assuré. Et même si elle traîne autrement moins de casseroles que Matt Gaetz, le représentant du Congrès visé par des allégations d'inconduite sexuelle et de consommation illégale de drogues, ce n'est pas pour autant ses détracteurs seront rassurés.
Ce qui ne différencie guère, au fond, la «favorite de Trump» du reste du futur cabinet présidentiel. Une équipe entière acquise à la cause du patron et qu'il a voulue comme telle.