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L'élection de Trump n'est pas catastrophique pour le climat

Donald Trump ne devrait pas sérieusement nuire à la réaction mondiale face au changement climatique - ni son élection affecter la réponse des pays industrialisés comme la Chine ou ceux de l'Europ ...
getty/watspn

«Trump aime gagner» et c'est une bonne nouvelle pour le climat

Donald Trump veut anéantir tous les efforts de son prédécesseur en matière de protection du climat. Pourtant, cela ne catapultera pas le monde dans l'ère des énergies fossiles pour autant. Une mise en perspective.
16.11.2024, 18:57
Stephanie Schnydrig / ch media
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Le slogan «Drill, baby, drill» résume la politique énergétique et climatique de Donald Trump. En d'autres termes, forer, forer, forer – à la recherche de charbon, de pétrole et de gaz. Selon le New York Times, le futur président des Etats-Unis envisage par exemple de redéfinir les frontières de deux zones de protection de la nature dans l'Etat de l'Utah, ce qui permettrait de rendre accessibles des milliers d'hectares de terrain pour les forages pétroliers et l'exploitation minière.

De plus, les Etats-Unis – le pays dont les émissions sont les plus élevées après la Chine au niveau mondial – devraient probablement se retirer de l'Accord de Paris sur le climat dès l'année prochaine. Les observateurs s'attendent également à ce que Trump nomme des lobbyistes influents de l'industrie pétrolière et charbonnière dans son gouvernement, ainsi qu’au sein de son équipe de conseillers.

Eine Trump-Fahne vor den lodernden Flammen eines Waldbrandes in Kalifornien: Mit dem Klimawandel haben sich Dürren und Brände in Kalifornien verstärkt.
Un drapeau pro-Trump devant les flammes ardentes d'un incendie de forêt en Californie. Avec le changement climatique, les sécheresses et les incendies se sont intensifiés en Californie.Image: David Swanson/Reuters

Ce sont les bruits qui courent à la conférence sur le climat qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan. Sonia Seneviratne, chercheuse en climatologie à l'ETH, a exprimé ses inquiétudes sur le comportement imprévisible du président élu.

«Ce qui complique clairement les négociations, c'est l'incertitude. Dans quelle mesure les autres pays pourront-ils encore compter sur les Etats-Unis à partir de l'année prochaine?»
Sonia Seneviratne, chercheuse en climatologie à l'ETH

Anthony Patt, professeur de politique climatique à l'ETH, ajoute que les Etats-Unis, sous Joe Biden, avaient commencé à assumer un rôle de leadership en matière de protection du climat – bien qu'il n'ait pas, par exemple, mis un terme au fracking. Avec Donald Trump comme président, le pays ne cherchera probablement plus à atteindre des objectifs climatiques ambitieux. Cependant, le chercheur ne pense pas que le 47e président nuira sérieusement à l'effort mondial face au changement climatique.

Certains experts envisagent que la concurrence avec la Chine jouera un rôle déterminant dans l'implication écologique des Etats-Unis. En effet, le pays asiatique domine actuellement la production mondiale de véhicules électriques, de batteries, d'éoliennes et de panneaux solaires - ce qui agace férocement les Etats-Unis. La pression interne sur Trump pour contrer la puissance de production de la Chine ne disparaîtra donc pas.

Cependant, le professeur Patt suppose que la transition énergétique verte dans les pays plus pauvres risque de ralentir, en raison de la diminution du soutien financier des Etats-Unis et le probable non-respect des engagements pris sous Biden.

«Trump aime gagner»

Un ralentissement oui, mais un stop net vers les sources d'énergie verte est impossible. Moins chère que le pétrole, le gaz et le charbon, le passage à l'énergie verte est extrêmement rentable sur le plan économique, y compris aux Etats-Unis. Selon Mark Maslin, professeur de climatologie à l'University College de Londres, il y a au moins 10 millions d'emplois dans l'économie verte aux Etats-Unis, contre 300 000 dans l'industrie des combustibles fossiles.

«Trump est un homme d'affaires. Et il aime gagner. S'accrocher à tout prix au secteur des énergies fossiles ne permettra probablement pas à l'économie américaine de dominer»
Chris Hilson, directeur du Reading Centre for Climate and Justice

Et cela ne plairait pas non plus au patron de Tesla, Elon Musk. Celui à qui Trump vient de confier un poste important dans son gouvernement, dans le tout nouveau Département de l'efficacité gouvernementale, aura à cœur que l'industrie américaine des voitures électriques et des batteries soit compétitive. «Ce n'est pas une question de climat, c'est une question de business», affirme Chris Hilson.

epa11718840 Elon Musk listens as US President-elect Donald Trump speaks during a meeting with House Republicans at the Hyatt Regency hotel in Washington, DC, USA, 13 November 2024. EPA/ALLISON ROBBERT ...
Elon Musk est probablement préoccupé par la compétitivité de l'industrie américaine des voitures électriques et des batteries.Image: keystone

Pour Friederike Otto, physicienne et experte en événements météorologiques extrêmes à l'Imperial College de Londres, le constat est clair:

«Trump peut nier le changement climatique autant qu'il veut, les lois de la physique ne se soucient pas de la politique»
Friederike Otto, physicienne et experte en événements météorologiques extrêmes

Les deux tempêtes Helene et Milton, en octobre, ont causé à elles seules des dégâts dépassant les 100 milliards de dollars et ont fait plus de 200 victimes. Les évènements climatiques extrêmes aux Etats-Unis vont devenir de plus en plus dévastateurs avec le réchauffement climatique – et donc de plus en plus coûteux.

Une politique climatique en faveur des républicains

Le chercheur en climatologie de l'ETH, Anthony Patt, estime, lui aussi, qu'il sera pratiquement impossible pour Trump de revenir sur la principale réalisation de Joe Biden en matière de protection du climat, l'Inflation Reduction Act, ou IRA. Grâce à cette loi, les entreprises américaines se voient récompensées par des subventions de plusieurs milliards de dollars lorsqu'elles investissent dans des technologies vertes.

Bien que Trump ait annoncé son intention d'annuler l'IRA, ses propres contributeurs, électeurs et les politiciens de son parti risquent de lui en empêcher la mise en œuvre. En effet, «ce sont principalement les Etats qui ont voté pour Trump qui bénéficient de l'IRA», explique Sonia Seneviratne. Plus d'une douzaine de membres républicains du Congrès se sont déjà opposés à des réductions des crédits d'impôt pour les énergies propres.

Sonia Seneviratne souligne en outre que Trump ne peut pas, d'un simple coup de baguette, torpiller les efforts de protection du climat des différents Etats américains:

«La Californie, par exemple - la cinquième économie mondiale - prévoit d'éliminer ses émissions nettes de CO2 d'ici 2045»
Sonia Seneviratne

Le Texas, un Etat dominé par les républicains, est également à la pointe de la transition vers l'énergie éolienne et solaire.

Selon le Pew research institute, un groupe de réflexion bipartisan basé à Washington, une majorité d'Américains soutient l'expansion des sources d'énergie renouvelables. Ainsi, deux tiers des personnes estiment que le pays devrait privilégier l'énergie éolienne et solaire plutôt que le pétrole, le charbon et le gaz.

Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich

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