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Voici comment Trump veut enrayer la machine de guerre russe

Guerre en Ukraine: Trump a une stratégie pour contraindre Poutine à négocier.
Ce lundi 14 juillet, Donald Trump a annoncé vouloir annoncer sa nouvelle stratégie à l'encontre de la Russie.Image: Imago, montage watson

Voici comment Trump veut forcer Poutine à négocier

Donald Trump a annoncé vouloir faire une déclaration importante sur la Russie pour ce lundi 14 juillet. Mais quels moyens le président américain a-t-il encore en réserve?
14.07.2025, 12:2514.07.2025, 13:25
Ellen Ivits / t-online
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Donald Trump a annoncé quelque chose d’important pour ce lundi 14 juillet:

«Je suis déçu par la Russie, mais nous verrons ce qui se passe dans les prochaines semaines. Je pense que lundi, je ferai une déclaration importante la concernant.»

C'est du moins ce que le président américain avait déclaré jeudi dernier, lors d’une interview avec la chaîne américaine NBC, sans donner plus de détails.

Une relation diplomatique qui s'envenime

Déjà deux jours auparavant, Trump avait tenu des propos clairs en direction de Moscou. «Je ne suis pas content de Poutine», a-t-il déclaré à propos de sa relation avec le dirigeant russe, avant d'ajouter:

«Poutine nous raconte un tas de conneries. Il est toujours très aimable avec nous, mais sans résultat concret»

Des mots surprenants, alors que Trump avait flatté Poutine pendant des années et avait été enclin à croire le chef du Kremlin. «Je crois qu’il veut la paix», avait-il encore déclaré en février au sujet de Poutine, avant d'ajouter:

«Je crois qu’il me le dirait s’il ne la voulait pas. Je lui fais confiance sur ce point»
Donald Trump: la tension monte avant sa déclaration sur la Russie.
Donald Trump: la tension monte avant sa très attendue déclaration sur la Russie.Image: Imago

«Donald Trump n'est pas le tsar américain»

Au Kremlin, on a réagi de manière très détendue à la prise de parole annoncée. On attend la déclaration elle-même pour comprendre ce que le président Trump a l'intention de dire. Les grands discours sont la marque de fabrique de Trump, commente le politologue fidèle au Kremlin Dmitri Trenin dans le journal russe Kommersant.

«On doit observer les Américains, mais ne pas les surestimer», a-t-il écrit, avant de préciser:

«Nous devons aussi comprendre que Trump n’est pas le tsar américain, et que la révolution trumpienne, dont on parlait au début de l’année, semble avoir été remplacée par un rapprochement de Trump avec l’establishment américain.»

Bientôt de nouvelles sanctions?

Alors que la direction russe espère que les récentes déclarations de Trump ne soient qu'une envolée lyrique de plus, Trump a lui-même laissé entendre quelles mesures il envisage: il a fait référence à un projet de loi prévoyant de nouvelles sanctions, actuellement en préparation.

L’un des coauteurs de ce projet, le sénateur républicain Lindsey Graham, avait déjà déclaré fin juin que le président soutenait ce texte. Jeudi dernier, Trump a affirmé qu’il s’attendait à ce que la loi soit adoptée par le Sénat. Comme il l'a déclaré à la NBC:

«C’est une loi que le Sénat adoptera, et elle donne au président, de manière très respectueuse, le droit de faire tout ce qu’il juge nécessaire.»

«En d’autres termes: je déciderai moi-même si je veux l’appliquer ou non. Eux (réd: les sénateurs) adopteront une loi de sanctions très sévère, mais le président décidera lui-même s'il veut l’appliquer», a insisté Trump.

La Chine et l'Inde, cibles des sanctions

Selon Graham, cette loi donnerait à Trump un «instrument dont il ne dispose pas actuellement», comme il l'explique:

«Si vous achetez des biens à la Russie et que vous n’aidez pas l’Ukraine, alors il y aura des droits de douane de 500% sur vos produits livrés aux Etats-Unis. L’Inde et la Chine achètent 70% du pétrole de Poutine, maintenant ainsi sa machine de guerre en état de marche. Mon projet est soutenu par 84 sénateurs.»
«Il permettra au président d’imposer des sanctions à l’Inde, à la Chine et à d’autres pays pour qu’ils arrêtent de financer la machine de guerre de Poutine et soient ainsi contraints à négocier»

David Kramer, ancien secrétaire d’Etat américain et directeur de l’Institut George W. Bush, doute que les Etats-Unis imposent effectivement des droits de douane de 500% sur les produits indiens ou chinois. Il a par ailleurs déclaré dans une interview au média indépendant russe Radio Svoboda:

«On peut s’attendre à ce qu’une version édulcorée de ce projet soit adoptée, accordant par exemple au président le droit de l’appliquer de manière sélective. L’introduction de droits de douane massifs sur les importations chinoises pourrait avoir des conséquences négatives pour les Etats-Unis. Il est clair que la Chine et l’Inde sont les véritables cibles des sanctions, car ce sont les principaux acheteurs des ressources énergétiques russes, dont l’exportation permet au Kremlin de financer la guerre en Ukraine.»

Néanmoins, 84 sénateurs sur 100 soutiennent actuellement ce projet. Et aujourd’hui, il existe peu de sujets qui suscitent une telle unanimité chez les parlementaires américains. Kramer donne son pronostic:

«Je pense que ce projet sera aussi soutenu à la Chambre des représentants, où presque tous les démocrates et la majorité des républicains voteront pour, surtout si le président Trump et le président de la Chambre Mike Johnson s’y déclarent favorables.»
Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump au début d'un sommet, le 16 juillet 2018 à Helsinki, en Finlande.
Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump au début d'un sommet, le 16 juillet 2018 à Helsinki, en Finlande.Image: Imago

Des armes pour l’Ukraine? «C'est tout à fait réaliste»

En plus des sanctions, Trump dispose d’autres moyens pour contraindre Poutine à négocier. C'est surtout la livraison d’armes offensives qui serait très bien accueillie en Ukraine. «Je pense que c’est tout à fait réaliste», a déclaré Kramer:

«Si l’Ukraine obtient ces armes, notamment celles à longue portée, comme les missiles Tomahawk, elle pourra infliger de sérieux dégâts à l’industrie de défense russe et entraver son effort de guerre.»

Lundi dernier, Trump avait assuré à des journalistes lors d’un événement à la Maison-Blanche avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qu'il garantirait la livraison d’armes défensives à l’Ukraine.

«Nous enverrons encore plus d’armes. Il le faut. Ils doivent pouvoir se défendre»

Le président a cependant précisé qu’il s’agirait «principalement d’armes défensives».

Trump a également exhorté les pays européens à prendre une plus grande part du soutien à l’Ukraine. L’Otan a déclaré vendredi à CBS News qu’elle travaillait «d’urgence» à la livraison à l’Ukraine de munitions et de systèmes de défense aérienne fabriqués aux Etats-Unis. L’alliance a cependant refusé d’indiquer si une nouvelle procédure avait été mise en place à cette fin.

«L’Otan paie ces armes à 100%»

Selon la législation américaine, les pays doivent obtenir une autorisation avant de transférer à des pays tiers comme l’Ukraine du matériel fabriqué aux Etats-Unis. De tels transferts ont été approuvés tant sous le président Trump que sous son prédécesseur Joe Biden.

Dans une interview avec la NBC jeudi, Trump a expliqué que l’Otan achèterait des armes aux Etats-Unis pour les transmettre à l’Ukraine. Cela représenterait un changement de politique notable, puisque jusqu’à présent, l’Otan en tant qu’organisation n’a pas directement armé l’Ukraine, qui n’en est pas membre. Ce sont plutôt des Etats membres qui ont agi individuellement. Comme le déclare Trump:

«Nous livrons des armes à l’Otan, et l’alliance paie ces armes à 100%»

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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source: reuters / evelyn hockstein
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