Lorsqu'elle jette sa fille, son chien et ses deux chats dans la voiture pour fuir les flammes, mardi dernier, Averie Maddox ne s'inquiète pas une seconde du risque de cambriolage. «Je pensais vraiment rentrer chez moi le lendemain et retrouver une maison pleine de fumée et de cendres», confie-t-elle quelques jours plus tard au Wall Street Journal.
Au lieu de quoi, sa maison d'Altadena a pris feu. Pour disparaître totalement. Au même titre que son piano Chase datant de 1917 et ses souvenirs de famille, dont une chaise que son grand-père avait fabriquée. Si certains objets ont été épargnés, Averie ne le saura jamais. Selon ses voisins, des pillards se sont chargés de fouiller les débris, avant même que la mère de famille ne puisse le faire elle-même.
Nicholas Norman, lui, a été un peu plus chanceux: à grand renfort de seaux d'eau, ce professeur de littérature est parvenu à préserver sa maison des flammes. Ce n'est toutefois pas parce que sa porte d'entrée et ses serrures sont toujours en place que cet autre habitant d'Altadena ne craint pas les cambriolages.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers trois heures du matin, au milieu de son quartier ravagé, il a ainsi remarqué deux hommes. Manifestement en repérage. Quelques heures plus tôt, d'autres cambrioleurs ont été arrêtés à quelques rues, lui a confié un ami policier.
Le jour même, à une quinzaine de minutes en voiture de là, à Sierra Madre, une maison a été pillée après l'évacuation des propriétaires. Selon Charles Kamchamnan, sergent-détective de la police de la ville, «tout a été saccagé». «C'est malheureux, mais c'est quelque chose que nous voyons dans tout le comté, avec des criminels profitant de la situation», a-t-il soupiré auprès de NBC News.
Même chose du côté de la zone d'évacuation d'Arcadia, à l'est de la ville, où une propriétaire a été dépouillée de ses sacs à main de luxe pendant son absence. Peu de chances que les responsables soient retrouvés - les caméras de sécurité et l'alarme étaient hors service au moment des faits, en raison des coupures d'électricité, selon le lieutenant de police d'Arcadia, John Bonomo.
De son côté, Chris, un voisin de Nicholas Norman, a retrouvé le portail de sa maison avec le cadenas forcé, jeudi matin. Heureusement, personne n'a réussi à rentrer. Mais «c'est une preuve évidente que quelqu'un était ici au milieu de la nuit», tranche l'architecte auprès de l'AFP.
Dans les quartiers de Los Angeles, la résistance s'organise. Alors que fleurissent les panneaux «LES PILLARDS SERONT ABATTUS» au coin des rues, des rondes s'organisent pour surveiller les ruines et les maisons épargnées par le feu. Les patrouilles de police de quartier ont été renforcées et des agents postés sur les lieux des fermetures de routes. Ce qui n'empêche pas tout le monde d'être à «bout de nerfs», affirme Spike Feresten, scénariste et animateur d'un podcast, au Wall Street Journal.
Vendredi, alors qu'il est sur le point d'évacuer son quartier de Brentwood avec toute sa famille, Spike Feresten a remarqué deux hommes dans une camionnette s'arrêter dans son allée. Louches. «Ils avaient une histoire qui n'avait aucun sens. Ils disaient qu'ils déposaient des provisions pour des amis à Malibu et qu'ils ne savaient pas comment s'y rendre», grogne-t-il. Les deux secteurs de Los Angeles se trouvent actuellement à plus d'1h30 l'un de l'autre.
Pendant que Los Angeles est toujours aux prises avec quatre incendies et que des milliers d'habitants pleurent leur foyer, les arrestations se multiplient dans le comté. Au point qu'un couvre-feu a été décrété jeudi dans la ville de Los Angeles, Santa Monica, Malibu et toutes les zones d'évacuation et d'alerte. En vigueur de 18 heures à 6 heures du matin, il est censé empêcher les pillages et les vols, selon les autorités locales.
Depuis le début des incendies, le 7 janvier, la police a ainsi inculpé plus de 40 détenus de divers délits, notamment cambriolage et possession de drogue. Parmi elles, au moins six transportaient des «outils de cambriolage» pour briser les vitres, ainsi que des masques, des gants, des stupéfiants - et même un perforateur de vitres en or, ont indiqué les policiers.
Lorsque certains criminels ont tenté d'usurper le nom de célébrités pour extorquer de l'argent ou des dons, d'autres pilleurs ont usé de méthodes tout aussi glaçantes, comme en témoigne le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna, lors d'une conférence de presse.