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Pour stopper les migrants, Trump a une idée «ridicule»

Vue sur le mur frontalier depuis El Paso, au Texas: le président américain souhaite le sécuriser à l'aide de technologies de pointe.
Vue sur le mur frontalier depuis El Paso, au Texas: le président américain souhaite le sécuriser à l'aide de technologies de pointe.Image: Sydney Lovan

Pour stopper les migrants, Trump a une idée «ridicule»

L’idée de Donald Trump de peindre le mur à la frontière mexicaine en noir s’avère compliqué. Désormais, drones et intelligence artificielle doivent stopper les migrants illégaux, pendant que les entrepreneurs tech se frottent les mains.
30.09.2025, 05:3230.09.2025, 05:32
Jan Klauth, New York / ch media

A neuf mètres s’élèvent les barres métalliques de la clôture qui traverse les collines le long de la frontière entre la Californie et le Mexique. Un obstacle difficile, mais pas insurmontable. Chaque année, des dizaines de milliers de migrants escaladent cette barrière pour entrer aux Etats-Unis. Cela devrait maintenant cesser.

Le président Donald Trump et sa secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, renforcent la frontière et mobilisent pour cela des milliards du budget fédéral. Les entreprises proches de Trump flairent la grande affaire.

Un artiste engagé qui provoque Trump

Tijuana, dans le nord-ouest du Mexique. Chaque année, des dizaines de milliers de migrants s’y retrouvent coincés, beaucoup tentant de franchir illégalement la frontière. Là où la clôture s’avance plusieurs mètres dans le Pacifique, Enrique Chiu a installé son atelier en plein air. Depuis des années, l’artiste et activiste de 44 ans décore les barres de métal. «Aucun être humain n’est illégal», est inscrit sur l'une de ses œuvres. Une autre montre le président américain Trump s’embrassant avec son prédécesseur Joe Biden.

Selon Trump, ces images devraient bientôt disparaître. A la place, toute la structure devrait être peinte en noir, pour que l’acier devienne chaud et «intouchable». Tel est le plan. «Trump veut vraiment peindre la clôture en noir?» s’étonne Chiu au téléphone en apprenant l’idée, avant d’éclater de rire. «C'est ridicule.» Chiu affirme avoir vu des centaines de personnes escalader la clôture: avec des échelles, des cordes ou des tapis de feutre. Il déclare:

«Cela prend seulement deux minutes»
L'artiste Enrique Chiu peint la barrière frontalière américaine.
L'artiste Enrique Chiu peint la barrière frontalière américaine.Image: Jan Klauth

Dix ans et trois milliards de dollars

Le plan de Trump se révèle illusoire. Des gants suffiraient probablement pour ne pas se brûler. Sans compter que l’acier se refroidit souvent durant les nuits fraîches de la région frontalière. Selon la secrétaire à la Sécurité intérieure Noem, environ 0,8 kilomètre est peint chaque jour. Il faudrait donc plus de 4000 jours pour peindre l’ouvrage long de 3218km, soit plus de dix ans.

Le coût total reste inconnu, mais, lors de son premier mandat, Trump avait déjà envisagé ce projet. Le Washington Post rapportait alors un devis estimé à trois milliards de dollars.

De juteux contrats pour géants de la tech

Le projet illustre la générosité de Trump, depuis qu’il a fait passer la «Big Beautiful Bill» au Parlement. Plusieurs entreprises rivalisent pour obtenir des contrats de renforcement de la frontière, pour des marchés fédéraux d’au moins six milliards de dollars. En plus de la barrière physique, un «mur virtuel» doit être créé selon le portail américain Axios, avec des centaines de tours de surveillance ultramodernes équipées de caméras, drones et capteurs.

Ces tours détecteraient les mouvements à grande distance avec un radar à 360 degrés et l’aide de l’intelligence artificielle, permettant, par exemple, de distinguer humains et animaux. Déployables rapidement, elles peuvent être installées en quelques heures sans fondations en béton. Bien que la protection des frontières soit une tâche publique, les données sont transmises par des entreprises privées aux agents frontaliers. Selon Axios, Anduril Industries et Elbit Systems, deux entreprises spécialisées dans la technologie militaire, ont reçu des contrats.

Les partisans de Trump en profitent

Les organisations de défense des droits humains critiquent vivement ce dispositif. Anduril est dirigée par le milliardaire de 33 ans Palmer Luckey, qui avait déjà soutenu financièrement Trump en 2016. Selon le Daily Telegraph, Anduril, dont le nom provient d’une épée de la saga Le Seigneur des Anneaux, a également obtenu d’autres contrats de plusieurs milliards pour fournir à l’armée américaine des lunettes de réalité augmentée. Mark Zuckerberg, patron de Meta, a participé au développement des lunettes Eagle-Eye, alors même qu’en 2021, il avait suspendu les comptes de Trump sur Facebook et Instagram.

Google profite également de l’extension de la frontière, bien que le géant ait nié sous le mandat de Joe Biden accepter ce type de contrat. Les données des caméras des tours sont transmises aux serveurs de Google, selon le média d’investigation Intercept. Google fonctionne comme un hub (élément de centralisation) pour ces tours, sur lesquelles plus aucun soldat n’est nécessaire.

Peter Thiel, lors d'une convention républicaine en 2016.
Peter Thiel, lors d'une convention républicaine en 2016.Image: Imago

Aux côtés de Palantir, l’entreprise de données du milliardaire Peter Thiel, Elbit est désormais un client régulier de la Maison-Blanche. Aux Etats-Unis, l’entreprise israélienne est de plus en plus critiquée pour son rôle dans les opérations militaires du gouvernement Netanyahou à Gaza.

Que les géants de la tech cherchent soudain la proximité de Trump n’est pas un hasard. Autrefois considérées comme marginales dans la Silicon Valley, des sociétés comme Anduril ne suscitent plus de critiques. La technologie militaire est désormais vue comme un secteur d’avenir, faisant grimper les cours en bourse. La politique de Trump fait que ce business à plusieurs milliards à la frontière restera une valeur sûre pour les années à venir.

(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)

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source: boston globe / boston globe
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