Près d'une semaine après sa nomination, le nouveau Premier ministre français François Bayrou a dit souhaiter jeudi soir présenter «dans le week-end» le nouveau gouvernement, «en tout cas, avant Noël», soit mardi soir, avec l'adoption d'un budget «à la mi-février».
Il avait convié quelques heures plus tôt les forces politiques, à l'exception de la gauche radicale et de l'extrême droite, leur proposant d'intégrer son gouvernement, se disant prêt à «reprendre» la réforme des retraites mais sans la suspendre comme le demande la gauche.Le vote du budget avait été interrompu par la censure de son prédécesseur le 5 décembre, mais la difficulté est de le faire passer dans une Assemblée nationale fracturée.
Le vote du budget avait été interrompu par la censure de son prédécesseur le 5 décembre, mais la difficulté est de le faire passer dans une Assemblée nationale fracturée.
Il a précisé souhaiter que le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, qui a irrité la gauche, soit membre du gouvernement qu'il entend nommer avant Noël, arguant du fait que celui-ci «avait trouvé des décisions et des orientations qui répondaient à une partie de ce que l'opinion demande».
Selon les services du premier ministre et plusieurs participants à ces pourparlers, il a tenté de convaincre la trentaine de responsables attablés autour de lui avec deux propositions phares.
La première: une «offre publique de participation» au gouvernement, adressée à l'ensemble des partis présents autour de la table. La seconde: «reprendre sans suspendre» la réforme des retraites adoptée en 2023, que la gauche et le parti d'extrême droite RN veulent abroger.
Rien n'assure toutefois que les propositions du Premier ministre feront bouger les lignes, tant l'accueil de cette réunion au sommet a été frais chez certains invités, même si tous ont honoré leur participation.
Le centriste a succédé à Michel Barnier, renversé après seulement trois mois en poste par une censure historique votée par des députés de gauche et d'extrême droite.
François Bayrou est ainsi devenu le sixième chef du gouvernement depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017 et le quatrième en 2024, une instabilité de l'exécutif que n'avait pas connue la France depuis des décennies.
Nommé vendredi, à l'issue d'une matinée de tension dans le bureau d'Emmanuel Macron, François Bayrou reçoit depuis responsables politiques et parlementaires en entretiens officiels ou plus informels. Mais sa première semaine à Matignon a surtout été marquée par le tombereau de critiques sur sa présence au Conseil municipal de Pau, ville dont il entend rester maire, en pleine crise à Mayotte.
Le nouveau Premier ministre a dû s'en expliquer pour sa première séance à l'Assemblée nationale, sans faire taire les critiques. Le tout en multipliant les allers-retours à l'Elysée pour la formation du gouvernement.
Emmanuel Macron étant jeudi à Mayotte, avant de se rendre ensuite auprès des troupes françaises à Djibouti, plusieurs acteurs évoquent une annonce de gouvernement dimanche. Mais les deux maisons de l'exécutif français ne donnent aucune date.
Dans sa lettre aux partis, Bayrou invoque, parallèlement à la crise politique et budgétaire, la situation de l'archipel de l'océan Indien, qui a subi «probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l'histoire de France depuis plusieurs siècles».
Sans majorité à l'Assemblée, le centriste, qui prône depuis des décennies un gouvernement rassemblant les diverses sensibilités, fait face pour l'heure aux exigences appuyées des Républicains (LR) à droite et à des velléités de censures croissantes à gauche.
Le format de réunion convoqué jeudi par le premier ministre rappelle celui d'il y a neuf jours autour d'Emmanuel Macron à l'Elysée, où avaient été évoqués des scénarios de non-censure des oppositions, en échange d'une absence de recours au 49.3 par le gouvernement ou à la dissolution par le président.
Le Premier ministre ne recueille que 36% de satisfaction selon un sondage Ifop pour Sud Radio jeudi, contre 52% et 53% pour ses prédécesseurs Michel Barnier et Gabriel Attal, à leurs débuts à Matignon. (ats)