Enfin le dénouement: Emmanuel Macron a désigné ce vendredi le prochain premier ministre français, mettant fin aux rumeurs et spéculations.
C'est François Bayrou qui a été nommé par le président français pour former un gouvernement et tenter de sortir le pays de la crise politique dans laquelle il est embourbé. À 73 ans, il devient le sixième locataire de Matignon depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017. Et le 28e Premier ministre de la Ve République.
La passation de pouvoirs est prévue à 17h00.
Pour rappel, l'Assemblée nationale française avait voté la semaine dernière la censure du gouvernement de centre droit de Michel Barnier en réponse au 49.3 utilisé par ce dernier pour faire passer sans vote le projet de budget de la Sécurité sociale.
C'est une arrivée à Matignon aux allures de consécration particulière pour le lointain ministre de l'Éducation (1993-1997) depuis longtemps tourné vers la plus haute fonction: inlassable défenseur d'un centre indépendant, François Bayrou a été trois fois candidat à l'élection présidentielle de 2002 à 2012, sans parvenir au second tour (18,57% en 2007).
Son alliance avec Emmanuel Macron en 2017 a dégagé la voie pour l'élection du plus jeune président de l'histoire, porteur d'un «en même temps» droite-gauche en phase avec son projet politique.
Mais Bayrou, nommé ministre de la Justice, n'est resté que 34 jours en poste, empêché par l'affaire des assistants parlementaires du MoDem, jugée en première instance sept ans plus tard, en février 2024. Si le parti a été lourdement condamné, François Bayrou a été relaxé, mais le parquet a fait appel.
Depuis 2017, le maire de Pau a régulièrement distillé des critiques contre la politique - trop à droite - et la pratique du pouvoir - trop personnelle - de son allié, sans jamais se départir de sa solidarité.
La cheffe des députés insoumis, Mathilde Panot, a annoncé vendredi que sa formation voterait à l'Assemblée nationale la censure de François Bayrou, conformément à ce qu'avait promis LFI en cas de nomination d'un Premier ministre non-issu du Nouveau Front populaire.
Le président du RN, Jordan Bardella, a de son côté indiqué qu'il n'y aurait «pas de censure a priori». «Notre censure a priori aurait été engagée à l'encontre d'une personnalité issue de la gauche et issue de l'extrême gauche. Nous avions indiqué que nous étions prêts à ne pas censurer a priori une personnalité ou un profil qui serait issu de la droite et du centre», a-t-il expliqué devant la presse.
Pour ce qui est du Parti socialiste, et dans une moindre mesure les communistes et les Ecologistes, ils ont donné quelques gages de compromis, poussant leur alliance avec LFI au sein du Nouveau Front populaire au bord de la rupture.
Bayrou, qui plaide depuis des décennies pour des gouvernement oecuméniques, devrait tenter de conserver des ministres du parti Les Républicains côté droit, avec qui les relations sont historiquement tendues. Nicolas Sarkozy a notamment usé de son influence pour empêcher cette nomination à Matignon.
Il devrait également se tourner davantage vers la gauche, à défaut de convaincre les membres du Nouveau Front populaire de participer au gouvernement.
Côté RN, le président du MoDem pourrait bénéficier du fait d'avoir apporté son parrainage à Marine Le Pen pour concourir à l'Elysée en 2022, dans un geste destiné à défendre le «pluralisme». (ats)