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Jordan Bardella dénonce un «acharnement judiciaire»

epa12226376 Patriots for Europe group President Jordan Bardella votes during a session of the European Parliament in Strasbourg, France, 09 July 2025. EPA/GUILLAUME HORCAJUELO
Jordan Bardella est remonté et prétend que tout sera mis en place pour empêcher le RN d'accéder au pouvoir.Keystone

Jordan Bardella dénonce un «acharnement judiciaire»

Jordan Bardella, président du RN, était en pétard après la perquisition des bureaux de son parti, menées par la brigade financière. Il assure que les autorités font tout pour «les empêcher d'accéder au pouvoir».
09.07.2025, 20:5309.07.2025, 20:53
Lucile MALANDAIN et Eugène GRIMONET / AFP
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Une perquisition a eu lieu mercredi au siège parisien du Rassemblement national dans le cadre d'une enquête pour financement illicite des campagnes électorales du parti d'extrême droite en 2022 et 2024, une procédure «politique» a accusé Jordan Bardella.

«Tout sera mis en oeuvre pour nous empêcher d'accéder au pouvoir», s'est insurgé le président du RN lors d'un point presse au Parlement européen à Strasbourg, après avoir révélé cette perquisition. Celle-ci a démarré mercredi à 08H50, au siège du parti dans le XVIe arrondissement de la capitale et a été menée par «une vingtaine de policiers de la brigade financière» et «deux juges d'instruction».

Le parquet a précisé que d'autres perquisitions avaient été menées simultanément dans des sociétés et au domicile de leurs dirigeants.

«Tous les mails, documents et éléments de comptabilité» ont été saisis, a assuré Jordan Bardella. Et d'ajouter, tout en dénonçant un «acharnement judiciaire»:

«L'intégralité des dossiers qui concernent les dernières campagnes régionales, présidentielles, législatives et européennes sont aujourd'hui entre les mains de la justice.»

«Un prétexte pour fouiller mon bureau», a encore affirmé celui qui pourrait devoir remplacer Marine Le Pen à la présidentielle de 2027 si celle-ci est déclarée inéligible l'an prochain par la Cour d'appel de Paris.

Une information judiciaire avait été ouverte en juillet 2024 notamment pour escroquerie commise au préjudice d'une personne publique. Elle porte principalement sur des prêts de particuliers au parti de Marine Le Pen pour financer sa campagne présidentielle de 2022 et les législatives qui ont suivi ainsi que les européennes de 2024, a indiqué le parquet de Paris.

Prêts de particuliers

Ces investigations doivent aussi «permettre de déterminer si ces campagnes ont été notamment financées» par des «surfacturations de prestations ou des facturations de prestations fictives» ayant été remboursées par la suite, a ajouté le parquet.

Le président du parti a estimé:

«Soupçonner d'exercice illégal de la profession de banquier nos militants – souvent âgés, honnêtes, engagés – qui prêtent au RN faute de banque prête à le faire, c'est une farce»

L'information judiciaire s'appuie sur un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) pour des prêts accordés par des particuliers au mouvement d'extrême droite.

Ces prêts aux partis politiques par des particuliers sont autorisés, selon des conditions précises et avec un plafond, mais le RN est «le parti qui les a le plus utilisés», avait expliqué le 1er juillet dernier le président de la CNCCFP, Christian Charpy.

Ces dernières années, il a «concentré une forte majorité» de ce type d'emprunts: 613 en 2021 sur un total de 764 tous partis confondus, puis 425 en 2022 (sur un total de 492) et encore 96 en 2023 (sur un total de 123), selon ce responsable.

Au total, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d'encours à rembourser «auprès de personnes physiques», le plus ancien remontant à 2007, au risque de passer pour des «dons déguisés», avait souligné Christian Charpy la semaine dernière.

«Secrets de fabrication»

Ces perquisitions alourdissent l'actualité judiciaire autour du RN.

Mardi, le parquet européen a ouvert une enquête sur la famille politique à laquelle appartenait le Rassemblement national au Parlement européen avant 2024 pour diverses irrégularités financières.

Le 31 mars, Marine Le Pen a été condamnée à une peine de quatre ans d'emprisonnement, 100 000 euros d'amende et surtout cinq ans d'inéligibilité immédiate, qui pourraient lui barrer la route de l'Élysée en 2027.

Le tribunal correctionnel de Paris avait estimé qu'elle était au «cœur» d'un système de détournement de fonds publics mis en place pour payer des salariés du parti avec l'argent du Parlement européen, entre 2004 et 2016, pour un montant total de 4,4 millions d'euros.

Elle a fait appel de cette condamnation et la cour d'appel s'est engagée à rendre sa décision à l'été 2026.

La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a par ailleurs rejeté mercredi la requête en urgence déposée la veille par Marine Le Pen afin de faire suspendre son inéligibilité immédiate, considérant que «l'existence d'un risque imminent d'atteinte irréparable à un droit protégé (...) n'est pas établie», sans se prononcer sur le fond du dossier qui donnera lieu à un examen ultérieur.

Toute la galaxie frontiste a repris mercredi l'argumentaire utilisé au moment de sa condamnation, criant au «harcèlement» et à la «peur» de voir le RN remporter la présidentielle. Il s'agissait «probablement de connaître nos secrets de fabrication et les futures stratégies pour les municipales, les législatives qui pourraient arriver et la présidentielle», a avancé Laurent Jacobelli, le porte-parole du parti.

Ces dernières années, plusieurs partis ont subi des perquisitions dans le cadre de diverses affaires judiciaires: le MoDem en 2017, La France insoumise en 2018 et Renaissance en 2022.

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