Un nouveau service militaire en France: ce qu'il faut s'avoir
Le service militaire volontaire, appelé «service national», annoncé jeudi par le président débutera l'été prochain. Qui y participera? Dans quelles conditions? Quelles missions pour les jeunes qui y prendront part?
Qui est concerné?
Le service national est ouvert aux Français et Françaises majeurs volontaires qui seront sélectionnés par les armées en fonction de leurs besoins. Environ 80% des sélectionnés auront entre 18 et 19 ans et seront incorporés sous l'uniforme à l'été. La période de service sera de dix mois et sera considérée comme une année de césure dans les études, selon l'exécutif.
Les 20% restants auront des profils plus spécialisés (ingénieur, analyste de données, infirmier, etc.) et pourront faire leur service jusqu'à 25 ans avec le grade d'aspirant, le premier grade d'officier.
Pendant le service, le premier mois sera consacré à la formation initiale (les classes). «Ils acquerront l'esprit de discipline, se formeront au maniement des armes, à la marche au pas, aux chants, à l'ensemble des rituels qui nourrissent la fraternité de nos armées, et concourent à la grandeur de la Nation», selon le président Emmanuel Macron.
Les neuf mois suivants, les volontaires seront insérés dans les trois armées et les services de soutien.
Combien de recrues?
En 2026, le ministère des Armées sélectionnera à partir de la mi-janvier 3000 jeunes qui débuteront leur service à l'été. Cela est présenté par l'exécutif comme une phase de transition pour tenir compte de capacités d'hébergement limitées, bon nombre de casernes ayant été vendues à l'issue de la conscription obligatoire en 1997.
«C'est un système à mettre en place. Si on fait les choses proprement, le temps d'acquérir les infrastructures, les équipements, c'est une question de 4-5 ans avant d'arriver à un système qui soit pleinement opérationnel», selon un haut gradé.
L'objectif est d'intégrer 10 000 jeunes par an en 2030, à l'issue de la loi de programmation militaire (LPM) actuelle et 50 000 en 2035, en tenant compte des quelque 7 500 jeunes du service militaire adapté (SMA) et du service militaire volontaire (SMV), des dispositifs d'insertion qui perdureront.
Le coût prévu du «service national» (paie, équipement, habillement, hébergement) pour la période 2026-2030 est de 2,3 milliards d'euros, dont 1,4 milliard pour les infrastructures, selon l'exécutif. Ce budget est prévu dans l'actualisation de la LPM qui doit être présentée prochainement au Parlement.
Pour quelles missions?
Il n'est pas question «d'envoyer nos jeunes en Ukraine», avait rappelé le président Emmanuel Macron. Ni de les envoyer en opérations extérieures: le service se déroulera exclusivement sur le territoire national.
A l'issue de leur mois de classes, une fois insérés dans leurs unités, «ils effectueront les mêmes missions que l'armée d'active sur le territoire national», selon le chef de l'Etat. Ils pourront participer à l'opération Sentinelle, assurer la protection des sites militaires ou encore surveiller les approches maritimes dans les sémaphores disposés le long du littoral.
Selon leur qualification (logisticiens, cuisiniers, ingénieurs, traducteurs...), les recrues participeront aussi au soutien des unités et des services.
Quels avantages pour les volontaires?
Pendant le temps sous les drapeaux, les jeunes recevront une solde mensuelle de 800 euros minimum, seront nourris et hébergés. Pour leurs déplacements, ils bénéficieront de la carte de circulation militaire permettant une réduction de 75% dans les trains.
Avec cette année de césure, ils pourront reporter leurs voeux sur la plateforme Parcoursup et les jurys de l'enseignement supérieur seront «incités» à valoriser leur expérience lors des délibérations des concours, selon l'exécutif. Ils pourront également valider certains acquis, sous la forme d'environ 15 crédits de formation européens ECTS.
La solde perçue ne sera pas intégrée dans l'évaluation des ressources pour l'obtention des bourses.
Quelle suite après le service?
A l'issue du service, les jeunes sont automatiquement basculés dans la réserve opérationnelle dite de second niveau, qui existait du temps de la conscription. Celle-ci prévoit la mise à disposition de cinq jours par an pendant cinq ans en cas de besoin.
L'instauration du service national a pour but également de servir de «robinet de la réserve», selon le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Pierre Schill. Les jeunes pourront donc s'engager dans la réserve opérationnelle de premier niveau qui doit atteindre 80 000 personnes en 2030, contre 47 000 actuellement.
Il sera toujours possible de s'engager dans l'armée d'active sans passer par le service national ou la réserve.
Que devient la journée d'information?
La Journée défense et citoyenneté (JDC), au cours de laquelle tous les jeunes Français sont sensibilisés à la défense nationale et se voient présenter les métiers de la défense, est rebaptisée «Journée de mobilisation».
Les jeunes recevront alors un questionnaire pour signaler leur candidature au service national. Ils pourront également se signaler sur une nouvelle application «Défense+», qui permettra à l'armée d'avoir connaissance de leurs compétences et aux jeunes de répondre au questionnaire. Cela nécessitera le vote d'une loi pour permettre l'utilisation de ces données.
