Dans un rapport publié mercredi par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, des bombardements sur des habitations, une école, des camps de réfugiés et un marché entre octobre et décembre derniers sont analysés. Le haut-commissaire Volker Türk affirme:
Sans faire le lien clairement, qui devra être établi par une cour, le rapport de l'ONU laisse penser pour la première fois à la possible «implication de crimes contre l'humanité». Il parle aussi de «graves inquiétudes» sur des violations du droit international humanitaire (DIH) et de possibles crimes de guerre, de même que ceux du Hamas et d'autres groupes palestiniens.
Le recours à des armes explosives israéliennes avec des effets sur des territoires larges montre le manque de distinction entre combattants et civils, selon le rapport. Les six bombardements mentionnés ont fait au moins 218 victimes, mais le nombre est probablement bien plus important.
Les images satellitaires et d'autres preuves montrent que des armes lourdes ont été utilisées, capables de faire des dégâts dans plusieurs étages de béton et de faire s'effondrer des immeubles. Dans cinq attaques, aucun avertissement n'a été donné aux civils.
Israël a affirmé avoir ciblé des terroristes impliqués dans le massacre du 7 octobre dans trois de ces assauts. Mais «la simple présence» d'un commandant ou de quelques combattants ne justifie pas de faire d'un quartier entier un objectif militaire, affirme le rapport du Haut-Commissariat.
L'Etat hébreu avait annoncé mener des évaluations sur chacun de ces incidents. Mais, «huit mois après la première de ces attaques», celles-ci n'ont pas été clarifiées et aucune responsabilité n'a été établie, déplore le haut-commissaire.
Il appelle les autorités israéliennes à rendre publiques les indications sur ces assauts. Et il demande des investigations indépendantes, pour pouvoir poursuivre ceux qui les ont perpétrés.
«Nous avons vu ce type de bombardements» se poursuivre depuis, a affirmé à la presse une porte-parole du Haut-Commissariat. De son côté, la mission israélienne à l'ONU à Genève déplore que sa réponse n'ait pas été considérée dans le rapport. Elle accuse le Haut-Commissariat d'avoir des indications «partielles» qui ont rendu son évaluation «erronée».
La semaine dernière, la Commission d'enquête internationale mandatée par le Conseil des droits de l'homme avait affirmé qu'Israël avait perpétré des crimes contre l'humanité. Elle reprochait aux groupes palestiniens des crimes de guerre.
Parmi les accusations adressées à Israël figurent des crimes contre l'humanité d'extermination, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de meurtres, de transferts forcés, de torture et autres abus, des crimes de guerre de recours à la famine comme arme, d'exécutions délibérées, d'attaques contre des civils, de transferts forcés et de violences sexuelles.
En Cisjordanie également, l'armée israélienne est responsable de violences sexuelles, torture et autres abus, selon la Commission. Les autorités et les militaires ont également autorisé et même favorisé une campagne de violence des colons contre les Palestiniens.
La Commission reprochait au Hamas et à six groupes palestiniens des attaques délibérées contre des civils, des meurtres ou exécutions délibérées, des destructions de propriétés ou encore la prise d'otages. La mission israélienne à l'ONU à Genève avait dénoncé ce rapport de ces trois enquêteurs indépendants, qui ne s'expriment pas au nom de l'ONU, qui ont ciblé son pays. (ats)