Un quart des enfants âgés de six mois à cinq ans et des femmes enceintes et allaitantes examinés la semaine dernière dans les installations de Médecins sans frontières (MSF) dans la bande de Gaza souffrent de malnutrition, a indiqué l'ONG dans un communiqué.
Philippe Lazzarini, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a lui aussi alerté sur une malnutrition infantile qui «explose» dans le territoire palestinien assiégé, avec un enfant sur cinq qui «souffre de malnutrition dans la ville de Gaza, et les cas augmentent chaque jour».
«Les mécanismes de survie s'effondrent, l'accès à la nourriture et aux soins disparaît, et la famine commence à s'installer silencieusement», écrit Philippe Lazzarini sur X. «La plupart des enfants que nos équipes voient sont émaciés, faibles et exposés à un risque élevé de mourir s'ils ne reçoivent pas rapidement les traitements nécessaires.»
La guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a plongé la bande de Gaza dans une crise humanitaire majeure, avec un accès à l'aide toujours extrêmement restreint.
Début mars, Israël a imposé sur la bande de Gaza un blocus total, très partiellement assoupli fin mai, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant, et suscitant des critiques croissantes sur l'aggravation de la faim. Israël rejette toute responsabilité et accuse le Hamas de détourner l'aide, ce que le mouvement palestinien dément.
Pour discuter de la situation à Gaza, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé un «entretien d'urgence» vendredi entre Paris, Londres et Berlin et réaffirmé le «droit inaliénable du peuple palestinien à un Etat». «Nous discuterons de ce que nous pouvons faire de toute urgence pour arrêter les massacres et fournir à la population la nourriture dont elle a désespérément besoin», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Cet «appel d'urgence» intervient au lendemain de l'annonce par le président français de la décision de Paris de reconnaître l'Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies prévue en septembre à New York, dans l'espoir de créer une dynamique collective.
La décision française «récompense la terreur», a fustigé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en référence à l'attaque sans précédent du Hamas sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
Le vice-président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein al-Cheikh, a de son côté salué cette décision en faveur de «l'établissement de notre Etat indépendant». C'est un «pas positif», a renchéri le Hamas, en appelant d'autres pays à suivre cet exemple.
Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent à Gaza. A l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), un photographe de l'AFP a vu des blessés ensanglantés, touchés alors qu'ils tentaient d'obtenir de l'aide humanitaire, soignés à même le sol. Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu sont, elles, dans l'impasse.
L'émissaire américain Steve Witkoff a acté jeudi l'échec des pourparlers menés à Doha sous médiation qatarie, américaine et égyptienne, et annoncé le rappel pour consultation de l'équipe amércaine, mettant en cause la bonne foi du Hamas.
Benjamin Netanyahu a lui aussi annoncé le rappel de ses négociateurs pour consultation, «à la lumière de la réponse» transmise par le Hamas. Le Hamas avait indiqué la veille avoir répondu à une proposition de trêve de 60 jours assortie d'un échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. (mbr/ats)