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La journée de travail de 13 heures menace d'enflammer la Grèce

Manifestation contre la journée de 13 heures à Thessalonique le 14 octobre dernier.
Manifestation contre la journée de 13 heures à Thessalonique le 14 octobre dernier.Image: EPA ANA-MPA

La journée de travail de 13 heures menace d'enflammer la Grèce

Malgré deux grèves générales dans le pays, le Parlement grec a adopté jeudi un projet de loi rendant possible une journée de travail de 13 heures. L'opposition dénonce une «monstruosité législative».
16.10.2025, 13:0916.10.2025, 13:09

Les députés grecs ont adopté jeudi un projet de loi controversé qui instaure la possibilité d'une journée de travail de 13 heures dans le secteur privé, dénoncé par les syndicats et la gauche comme un «véritable Moyen Age du travail».

A l'issue de deux jours de débat houleux, une majorité d'élus, surtout ceux de la droite au pouvoir, a voté en faveur de ce texte porté par le gouvernement conservateur, qui prévoit que, moyennant une rémunération supplémentaire, un employé puisse travailler jusqu'à 13 heures par jour pour un seul employeur durant un nombre de jours limité par an.

L'une des principales formations de l'opposition, Syriza (gauche), a refusé de participer au vote, fustigeant une «monstruosité législative, une dérégulation du travail qui s'attaque (...) aux droits fondamentaux» des travailleurs, selon Christos Giannoulis, porte-parole du groupe parlementaire.

Sur la base de volontariat

A deux reprises, le 1er octobre et mardi, la Grèce s'est retrouvée partiellement paralysée par une grève générale pour protester contre cette réforme. Dans un pays où l'économie s'est redressée depuis la crise financière mais reste plombée par des bas salaires, la possibilité d'un travail quotidien de 13 heures existe déjà mais uniquement si un employé dispose de deux employeurs ou plus.

«Nous donnons désormais la possibilité (à un employé) d'effectuer ce travail supplémentaire chez le même employeur, sans déplacement, avec une rémunération majorée de 40%», a défendu au Parlement la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus.

Elle a assuré que cela se ferait sur la base du volontariat et qu'aucun employé ne pourrait y être contraint. Elle a insisté sur le fait que selon elle, «il existe des travailleurs qui demandent à travailler davantage d'heures» surtout dans le secteur du tourisme, l'un des principaux moteurs de l'économie où l'été, serveurs, personnels hôteliers et cuisiniers enchaînent les journées à rallonge.

«Une utilisation trompeuse»

La durée légale du temps de travail quotidien en Grèce est actuellement de huit heures avec la possibilité d'effectuer jusqu'à trois heures supplémentaires. Les détracteurs du projet dénoncent la forte dérégulation du marché du travail engagée par le premier ministre Kyriakos Mitsotakis depuis son arrivée au pouvoir en 2019.

Juste avant le vote des députés, la ministre du Travail a une nouvelle fois souligné que cette disposition ne serait valable que jusqu'à 37 jours par an, soit environ trois jours par mois et sur la base du volontariat. Auparavant, elle avait dénoncé «une utilisation trompeuse du terme j«ournée de 13 heures» car cela »laisse entendre que tout le monde travaillerait 13 heures par jour".

Les syndicats estiment également que le droit à un repos obligatoire quotidien de 11 heures sera bafoué, notamment en raison du temps de transport pour se rendre sur le lieu de travail.

En Grèce, au deuxième trimestre 2025, 20,9% des salariés de 20 à 64 ans travaillaient plus de 45 heures par semaine, contre 10,8% dans l'ensemble de l'UE, selon Eurostat. Le gouvernement a déjà instauré la possibilité d'une semaine de travail de six jours, notamment en cas de forte demande dans un secteur comme le tourisme. (jzs/ats)

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