La Lituanie prévoit de se retirer de la Convention internationale sur les armes à sous-munitions. Le gouvernement lituanien a approuvé, mercredi, un projet de loi du ministère de la Défense en ce sens. Il ne reste plus qu'à obtenir l'approbation du Parlement et du président Gitanas Nausėda. C'est ce que rapporte notamment le portail lituanien anglophone LRT.
Ce traité de droit international, également connu sous le nom de Convention d'Oslo ou de Convention sur les armes à sous-munitions, interdit l'utilisation, le développement, la production, l'acquisition, le stockage, la conservation et le transfert des armes à sous-munitions. Le traité est entré en vigueur le 1ᵉʳ août 2010 et a été ratifié par 111 Etats, dont l'Allemagne. La ratification par 13 autres Etats est encore attendue. La Lituanie a été le 55ᵉ Etat à y adhérer en 2011.
Les armes à sous-munitions sont des ogives, des bombes ou des grenades conventionnelles qui contiennent ce que l'on appelle des sous-munitions. Elle peuvent peser jusqu'à 20 kilogrammes et sont dispersées dans l'air à grande vitesse pour frapper une grande surface et faire un maximum de dégâts.
La taille relativement petite des sous-munitions ainsi que la présence fréquente de munitions non explosées dans la zone de frappe représentent un véritable danger, et ce même au-delà de la fin d'un conflit, en particulier pour la population civile. C'est pourquoi les sous-munitions sont proscrites au niveau international.
Interrogée par t-online, Eva Maria Fischer, directrice du département politique de l'organisation Handicap International Allemagne, explique que l'utilité militaire des armes à sous-munitions est contrebalancée par «leurs terribles conséquences humanitaires». , explique Eva Maria Fischer:
Les enfants en sont les premières victimes, selon elle. Grâce à son travail, notamment au Laos, l'organisation connaît les conséquences à long terme de l'emploi de telles armes. Au Laos, la guerre civile a duré plus de 20 ans, jusqu'en 1975. Même des décennies après leur utilisation, des centaines de milliers de bombes à sous-munitions non explosées continuent de blesser à vie ou de tuer régulièrement, rappelle Eva Maria Fischer. Handicap International aide, entre autres, à l'élimination des munitions non explosées et à l'information de la population civile dans les Etats concernés.
Au vu de la guerre contre l'Ukraine et des livraisons d'armes à sous-munitions des Etats-Unis au pays agressé qui en découlent, le gouvernement lituanien avait sans doute déjà songé depuis longtemps à quitter l'accord. A l'exception de la Lituanie, aucun Etat du flanc est de l'Otan n'a ratifié la convention sur les armes à sous-munitions. Les Etats-Unis, en tant que partenaire de l'Otan, ainsi que l'Ukraine et la Russie n'ont rien ratifié non-plus. La plupart des Etats européens ainsi que le Canada ont en revanche accepté le traité.
«Un éventuel retrait de la Lituanie constituerait un dangereux précédent et marquerait un recul lourd de conséquences pour cette norme mondiale de droit international», explique l'experte de Handicap International.
Le gouvernement lituanien justifie sa décision par un «déséquilibre» sur le flanc est de l'Otan dont il faut s'occuper, comme l'a déclaré le ministre de la Défense Laurynas Kasciunas au cabinet, selon LRT. La situation de la sécurité nationale et les menaces pour la Lituanie auraient fondamentalement changé. En outre, les alliés ne pourraient pas utiliser de telles munitions sur le sol lituanien en raison de la convention, et les bombes à sous-munitions ne pourraient pas non plus être transportées sur le territoire du pays.
Les Etats-Unis ont livré pour la première fois des armes à sous-munitions à l'Ukraine en juillet 2023. De vives critiques ont ensuite été émises au niveau international. L'Ukraine avait réclamé à plusieurs reprises ces livraisons afin de pouvoir attaquer plus efficacement les positions russes telles que les tranchées.