A trois semaines de la conférence du Bürgenstock (NW) sur la paix en Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a exhorté son homologue américain Joe Biden à ne pas rater ce rendez-vous. «Son absence, ce serait comme applaudir Poutine», a-t-il affirmé.
Washington n'a pas encore confirmé la venue du locataire de la Maison Blanche pour ce sommet prévu les 15 et 16 juin en Suisse centrale. Quelque 90 pays ont déjà confirmé leur participation.
Les pays qui boudent le sommet sont «satisfaits» de la guerre qui ravage l'Ukraine depuis plus de deux ans, a déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une visite en Belgique, au côté du premier ministre Alexander De Croo. Il a également accusé le président russe Vladimir Poutine de vouloir «faire échouer» ce sommet.
De son côté, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a accusé la Russie de «faire pression» sur les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) pour qu'ils ne se rendent pas au Bürgenstock. Si cela s'avère, cela veut dire que le sommet est un «succès», a-t-il déclaré lors d'une réunion des ministre européens de la défense. Le Kremlin a quant à lui jugé «absurde» d'organiser ce sommet sans participation russe.
A l'occasion d'une courte visite à Bruxelles, calée entre un déplacement à Madrid lundi et un autre à Lisbonne dès mardi après-midi, Zelensky et De Croo ont paraphé un accord bilatéral de coopération comprenant la livraison par la Belgique de 30 avions F-16 d'ici 2028. Le premier ministre belge a lancé:
Volodymyr Zelensky a précisé que cet accord d'assistance militaire à «long terme» incluait une aide de la Belgique en armes, munitions et blindés s'élevant à 977 millions d'euros sur la seule année 2024. Il a aussi affirmé que le premier des trente F-16 promis arriverait «déjà cette année».
Le gouvernement belge, qui attend toujours de prendre possession des F-35 commandés pour remplacer progressivement sa flotte vieillissante de F-16, a dit de son côté espérer une première de livraison à Kiev «si possible avant la fin de l'année».
La semaine dernière, la Défense belge avait lié la possibilité de livrer des F-16 à deux paramètres: la livraison des F-35 du fabricant américain Lockheed Martin à l'armée de l'air belge, et celle de pièces de rechange pour remettre en service les F-16 belges actuellement immobilisés pour maintenance.
La Belgique participe à une coalition avec plusieurs autres pays européens (Pays-Bas, Danemark, Norvège) qui ont promis de livrer des F-16 à l'Ukraine. Dans un premier temps la Défense belge forme au Danemark des pilotes et techniciens ukrainiens à l'usage de ces appareils.
Autre sujet brûlant: la requête pressante de Kiev pour que ses partenaires occidentaux l'autorisent à utiliser les armes à plus longue portée occidentales contre des cibles en Russie. Borrell a exhorté mardi les Vingt-Sept à s'entendre sur ce sujet. Il a jugé «parfaitement possible» cet usage sur le sol russe d'armes occidentales fournies à l'Ukraine.
La question commence à faire débat parmi les alliés de Kiev, mais Américains et Européens ont refusé jusqu'ici une telle perspective, craignant une escalade, ce qui confère un avantage certain aux forces du Kremlin.
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Pour le premier ministre belge l'accord signé mardi avec Kiev «est très clair»: les armements et avions fournis doivent être «utilisés par les forces de défense ukrainiennes sur le territoire ukrainien».
Mardi après-midi, Volodymyr Zelensky était attendu au Portugal pour s'entretenir avec le premier ministre Luis Montenegro et le président Marcelo Rebelo de Sousa. Au programme notamment: la signature d'un autre accord bilatéral de sécurité.
L'Ukraine a besoin de quatre fois plus de systèmes de défense antiaérienne et de «120 à 130» avions de combat F-16 pour pouvoir prétendre mettre fin à la domination de la Russie dans les airs, avait estimé le président ukrainien il y a 10 jours dans un entretien à l'AFP. (jah/ats)