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Interview

Mort de Navalny: «Il n’y a pas d’opposition à Poutine»

Mort de Navalny: «Il n’y a pas d’opposition à Poutine»
Alexeï Navalny dans sa prison. 11 janvier 2024. Médaillon: Jussi Hanhimäki.image: keystone
Interview

«Voilà ce que nous dit la disparition de Navalny»

De nationalité finlandaise, Jussi Hanhimäki, professeur d'histoire internationale à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) de Genève, analyse les possibles conséquences géopolitiques de la mort en prison de l'opposant Alexeï Navalny, à un mois de l'élection présidentielle russe.
16.02.2024, 18:5717.02.2024, 16:48
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Quelles conséquences politiques peut avoir la mort d’Alexeï Navalny à un mois de l’élection présidentielle russe?
Jussi Hanhimäki: Sa mort ne va pas changer grand-chose. Il était déjà en prison, condamné à une longue peine. Sa mort va peut-être envoyer le message qu’il ne sert à rien de critiquer Vladimir Poutine, qu’il est dangereux de s’opposer à lui. Cette mort en prison renforce ce constat. Il faut noter qu’Alexeï Navalny avait peu de contacts avec le monde extérieur.

«Le drame qui s’est produit n’était pas totalement inattendu»

A quelle période de la Russie ou de l’ex-URSS renvoie la mort en prison de l’opposant Navalny? Dans les années 1970 et 1980 de l’ex-Union soviétique, les dissidents internationalement connus étaient exilés vers l’Ouest. Aujourd’hui, ils meurent en prison ou empoisonnés.
Les choses ne sont pas totalement comparables, mais on a le sentiment de retourner en quelque sorte à la période stalinienne, avec ses nombreuses disparitions au gré des purges. En 1940, Staline fit éliminer Trotski qui s’était réfugié au Mexique. Ce qu’il y a de similaire avec la période stalinienne, c’est que les opposants au maître du Kremlin ne sont en sécurité nulle part.

Est-ce que la mort de Navalny peut servir les intérêts électoraux de Joe Biden, qui veut poursuivre l’aide à l’Ukraine et qui entend démontrer que «dealer» avec Poutine, comme Donald Trump prétend le faire, est une mauvaise chose?
Oui, cette mort peut montrer que Biden a raison de considérer qu’il n’est pas raisonnable de faire confiance à Poutine. D’un autre côté, il faut bien voir, malheureusement, que Navalny est très peu connu du grand public américain. Sa mort ne devrait pas décider du sort de l’élection présidentielle américaine.

Même question pour l’Europe: la mort de Navalny peut-elle donner des arguments à ceux qui disent qu’il ne faut pas lâcher l’Ukraine?
On ne peut espérer que oui. Cela dit, la mort de Navalny montre qu’il n’y a pas d’opposition à Poutine avec qui les Européens pourraient négocier. Si l’on veut négocier une solution diplomatique, c’est avec Poutine qu’il faudra le faire. Voilà ce que nous dit la disparition de Navalny.

De quelle façon la mort de Navalny peut être ressentie dans les pays nordiques et les pays baltes? Dans votre pays en particulier, la Finlande?
Cette mort va renforcer le sentiment qu’il faut se protéger de la Russie. Chez les deux candidats à la présidentielle finlandaise de dimanche dernier, il n’y avait d’ailleurs aucune divergence de vues à ce sujet.

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