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La «double frappe», la tactique terroriste adoptée par Israël

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La «double frappe», la tactique terroriste adoptée par Israël

L'armée israélienne est accusée de recourir régulièrement à une stratégie illégale à Gaza, appelée la «double frappe». Celle-ci consiste à bombarder deux fois le même endroit, afin de tuer les secouristes qui affluent sur place après la première explosion.
25.09.2025, 19:0025.09.2025, 19:00

Il est 10 heures du matin lorsque l'Hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, est atteint par un missile israélien. Environ dix minutes plus tard, alors que de nombreuses personnes s'activent pour venir en aide aux victimes, un deuxième projectile s'abat exactement au même endroit. Cette attaque, menée le 25 août dernier et filmée en direct par un caméraman de Reuters, a tué 22 personnes, la plupart desquelles lors de la deuxième frappe. Des soignants et des journalistes figurent parmi les morts.

Bien que les autorités israéliennes aient évoqué un «accident tragique», cette attaque illustre parfaitement un mode opératoire bien connu de Tsahal, celui de la «double frappe». Le principe est aussi simple que perfide: cibler un objectif une première fois, laisser le temps aux secouristes d’arriver sur place, puis frapper le même endroit pour maximiser le nombre de victimes.

Depuis le 7-Octobre, l'armée israélienne aurait utilisé cette stratégie au moins 31 fois, indique ce samedi le média Wired, tout en soulignant que ce chiffre ne comprend que les cas ayant pu être documentés. Ceux-ci ont été listés à partir des enquêtes menées par le collectif indépendant Airwars et le magazine israélien +972.

C'est par ailleurs ce dernier qui, sur la base de nombreux témoignages, avait révélé que Tsahal recourait régulièrement aux doubles frappes dans l'enclave palestinienne. Au tel point que le magazine avait qualifié cette stratégie de «procédure standard à Gaza». Une source au sein de Tsahal explique:

«Si une frappe est lancée contre un commandant supérieur (réd: du Hamas), une autre sera effectuée par la suite pour s'assurer qu'aucune opération de sauvetage n'ait lieu. Les premiers intervenants, les équipes de secours - ils les tuent.»

La tentative d'assassinat de Mohammed Deïf, considéré comme l'architecte du 7-Octobre, en est un exemple. L'armée israélienne avait admis avoir frappé le même endroit à plusieurs reprises, afin de maximiser les chances d'atteindre sa cible. Bilan de l'opération: 90 morts et 300 blessés. Il n'est, en effet, pas rare que de tels bombardements tuent plusieurs dizaines de personnes, comme le montrent les chiffres collectés par Wired.

En novembre 2023, une double frappe effectuée pour tuer un autre dirigeant du Hamas, Ahmed Ghandour, avait provoqué la mort de trois otages détenus dans le même complexe. Une source a raconté à +972 que, après les premiers bombardements, l'armée avait ciblé «des personnes qui se trouvaient dans la zone et qui étaient sorties d'une maison voisine», parce qu'elles tentaient de secourir les blessés. Le média israélien précise toutefois que ce mode opératoire n'est pas uniquement utilisé pour éliminer des responsables du mouvement islamiste.

Les doubles frappes d'Israël, une tactique illégale

Cette stratégie, utilisée de manière «de plus en plus courante» par Israël, pourrait constituer un crime de guerre à plusieurs égards, note le Guardian. Ce qui est sûr, c'est qu'elle est illégale. Bien qu'elle ne soit pas explicitement mentionnée dans les Conventions de Genève, la double frappe constitue une violation du droit international. Ce dernier interdit, en effet, toute attaque visant les membres et les établissements médicaux, le personnel humanitaire, les journalistes et les civils.

A l'origine, la pratique était surtout utilisée par les terroristes, retrace le média français 20 Minutes. Ceux-ci s'en servent pour faire «le plus de victimes possible», notamment lors d'attentats à la bombe. En 2007, le département américain de la Sécurité intérieure qualifiait les doubles frappes de «tactique favorite du Hamas». Pourtant, les Etats-Unis y ont également eu recours à plusieurs reprises, notamment au Pakistan et en Afghanistan, pendant l'administration Obama.

La tactique a été également adoptée par d'autres pays, tels que la Syrie du président Bachar al-Assad, l'Arabie saoudite ou encore la Russie, qui s'en sert régulièrement en Ukraine.

Gaza après les bombes
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