🌑 Pauvres migrants. Après les Rangers postés sur la frontière, les essieux des wagons marchandises et les fils barbelés, voilà qu’il leur faut enjamber l'ego d'un milliardaire ultra-conservateur. En cette fin de semaine, Elon Musk a enfilé sa panoplie de Lucky Luke du free speech et s’est envolé pour le Texas. L'objectif est modeste: suturer tout seul la plaie migratoire, qui use les nerfs de plusieurs Etats américains depuis quelques jours.
«Sans filtre», comprenez: sans la manipulation gauchiste des méchants médias mainstream. Et quoi de mieux que la compagnie d'un député républicain fâché et farouchement anti-Biden, pour se faire un avis impartial? Tony Gonzales, aussi soucieux du sort des migrants que du bonheur des personnes trans, a multiplié les léchages de bottes pour attirer l'attention du riche super-héros.
Ainsi, après quelques jours de flirt en ligne, Musk s'est réveillé jeudi dans la peau d'un Chuck Norris des frontières, ready to sauve la patrie. Avec plus ou moins la même énergie qu'un Donald Trump persuadé de pouvoir mettre fin à la guerre contre l'Ukraine «en 24 heures» chrono.
Sa performance médiatique est sournoise. Après une petite accalmie, plusieurs milliers de migrants, planqués dans des embarcations clandestines, ont récemment débarqué en Californie, en Arizona et au Texas. Sans oublier que le timing est parfait pour les ennemis des démocrates.
Mardi, un tribunal a jugé «illégale» la récente politique migratoire de l'administration Biden, qui consiste à imposer une demande d'asile officielle avant de franchir le moindre barbelé. Une idée qui a pourtant fait ses preuves: de 212 000 passages illégaux en avril, le flux s'était stabilisé à 145 000 en juin, dans tout le pays.
Went to the Eagle Pass border crossing to see what’s really going on pic.twitter.com/ADYY2XvAKT
— Elon Musk (@elonmusk) September 29, 2023
Se disant «pour» l'immigration, à condition que «les gens bossent durs», et lui-même «issu de cette immigration», Elon Musk s'est fendu d'un livestream de plusieurs longues minutes, offrant surtout une belle tribune au républicain Tony Gonzales. Nous voilà donc soi-disant face à un «journalisme citoyen» et une «problématique non partisane». Il est malin, Musk Theresa. Sauf que...
Chassez Donald Trump, il revient au galop. Or, ce que le milliardaire de la tech a oublié de préciser durant son reportage «impartial» et «sans filtre», c'est qu'il a tout intérêt à brosser les Texans dans le sens du Stetson: l'usine Gigafactory de Tesla est située à Austin et les projets futuristes de Space X s'étalent de tout leur long à Boca Chica. Enfin, c'est bien au Texas qu'il envisage de fonder sa propre ville, baptisée Snailbrook.
De quoi on parlait déjà? Ah, oui, des migrants.
Vendredi, une femme en a eu clairement assez du politicien d'extrême droite Ryan Walters. En conférence de presse, le patron des Ecoles de l'Oklahoma, en guerre contre la communauté LGBT et les personnes trans, s'est lâché en utilisant toutes les armes à sa disposition: «woke», «juge militant d'extrême gauche», «complot visant supprimer la famille traditionnelle».
N'en pouvant plus et s'agrippant à son mari pour éviter d'aller lui coller une gifle, la dame a soudain laissé son majeur s'exprimer à sa place, en faisant mine de se gratter le pif.
In case you missed it, here’s glorious footage of a woman flipping off Ryan Walters at today’s school board meeting… pic.twitter.com/TQuV69c5f1
— The Lost Ogle (@TheLostOgle) September 28, 2023
Pour la petite histoire, Ryan Walters avait défrayé la chronique l'année dernière, en affirmant que les professeurs de gauche complotaient dans le but d'imposer aux écoles l'obligation de fournir de la litière, dans les toilettes des établissements, pour les élèves s'identifiant... à des félins.
Décidément, quand il faut s'atteler à des problèmes un poil plus sérieux, il n'y a soudain plus un chat.
Mais de quoi Kevin McCarthy n'a-t-il pas peur? Rien de moins que de sa propre exécution politique. Le speaker de la Chambre est sur un siège éjectable depuis bien avant qu'il y pose les fesses, en janvier dernier. Contraint d'aligner les courbettes devant une extrême droite républicaine qui l'a fait élire sous un quintal de conditions, il serait au cœur d'un complot pour le jeter aux ordures. Quand? La semaine prochaine. L'idée étant de le remplacer par «l'un ou l'autre de ses adjoints», selon le Washington Post, qui racontait vendredi le putsch qui gronde dans les égouts du Capitole.
Si les extrémistes du Grand Old Party ne sont qu'une petite douzaine dans l'hémicycle, ils font beaucoup de bruit et de dégâts. Une «guerre civile», comme l'appelle le leader démocrate Hakeem Jeffries, menée publiquement par un Matt Gaetz particulièrement remonté contre McCarthy.
Une destitution par l'extrême droite qui serait «historique et chaotique», mais aussi particulièrement cynique, puisque ce sont les démocrates qui hériteraient du sort du speaker républicain. Pour être certain d'enterrer McCarthy, Matt Gaetz et ses copains devront obtenir la majorité de la Chambre, autrement dit 218 têtes de pipe, et lécher le train de l'ennemi. Or, même dans le clan républicain, on s'agace des dangereuses simagrées des enfants terribles.
Les Etats-Unis se portent à merveille, isn't it?
La doyenne du Sénat américain s'est éteinte, vendredi matin, à l'âge de 90 ans. Dianne Feinstein, figure historique du parti démocrate, siégeait au Capitole depuis 31 ans, après avoir été la première femme à s'asseoir dans le fauteuil de maire de San Francisco.
Pendant six ans, alors à la tête de la commission sénatoriale du renseignement, elle se retrouvera en guerre contre l'administration Obama et la CIA, pour publier un rapport accablant sur les techniques d'interrogatoire son l'ère Bush, après le 11 septembre 2001.
Une pionnière, dont les débuts en politique furent bousculé par un attentat terroriste à son encontre et l'un des meurtres les plus médiatisés de l'époque. En 1976, des membres du Nouveau Front de libération mondiale placeront une bombe sur le rebord de la fenêtre de sa maison. Par chance, elle n'explosera pas.
Deux ans plus tard, alors qu'elle était présidente du conseil de surveillance de San Francisco, son meilleur ami, Dan White, assassinera le maire de la ville, George Moscone, ainsi qu'un certain Harvey Milk. C'est Dianne Feinstein qui découvrira les corps ensanglantés, dans le bureau voisin.
Milk, qui sera interprété trente ans plus tard par Sean Penn dans le film qui porte son nom, était le premier politicien ouvertement gay de l'histoire des Etats-Unis.
Taylor, if you ever want to travel to France... https://t.co/kMIMAZPZia
— French Embassy U.S. (@franceintheus) September 28, 2023