«Déployer dans la rue des combattants entraînés pour la guerre est sans précédent et menace le fondement même de notre démocratie», a déclaré le gouverneur Gavin Newsom, qui dénonce encore «des dommages réels et irréparables à la ville de Los Angeles, à ses habitants et à l'Etat de Californie».
Des centaines de militaires, mobilisés par Donald Trump, sont arrivés en renfort mardi à Los Angeles. Soldats et policiers sont déjà chargés de réprimer les manifestations contre les expulsions de migrants. La motion de la Californie demande d'empêcher les troupes de la Garde nationale et les Marines en service actif de faire respecter les lois sur l'immigration et les lois locales «dans les rues d'une ville civile».
Depuis vendredi, la deuxième plus grande ville américaine, à forte population d'origine hispanique, est le théâtre de heurts entre protestataires dénonçant des raids de la police fédérale de l'immigration (ICE) contre les sans-papiers et des forces de l'ordre en tenue anti-émeutes. Ces affrontements sont néanmoins restés sporadiques et localisés.
«Ils sont censés nous protéger mais, à la place, ils sont envoyés pour nous attaquer», déplore Kelly Diemer, une manifestante de 47 ans. Les Etats-Unis «ne sont plus une démocratie», juge-t-elle.
«Les troubles concernent quelques pâtés de maison. Pas tout le centre, et pas toute la ville», a répété la maire de Los Angeles Karen Bass.
Les protestations ont gagné quelques autres métropoles américaines, avec parfois des accrochages. A New York, la police a procédé à des arrestations lors d'une manifestation, selon un journaliste de l'AFP. Et à Austin (Texas), du gaz lacrymogène a été employé, selon la filiale locale de la chaîne NBC.
«Ce genre de spectacle alimente l'idée qu'il y a un véritable soulèvement contre les autorités et une vraie urgence. On peut a minima supposer que c'est exactement ce que cherche (Trump) : militariser ce type de conflits, en particulier sur l'immigration, parce que ça lui permet de s'orienter de plus en plus vers un pouvoir dictatorial, autoritaire», a dit à l'AFP Frank Bowman, professeur de droit à l'université du Missouri.
Pendant ce temps, dans le Bureau ovale, le président américain a laissé entendre que les manifestations à Los Angeles s'essoufflaient. «En agissant ainsi, j'ai mis fin à la violence à Los Angeles», s'est félicité Donald Trump. Les autorités californiennes maintiennent pour leur part que les manifestations s'affaiblissaient déjà lorsque le chef d'Etat a envoyé la Garde nationale.
Jusqu'à quand ce déploiement de militaires - dont le coût est estimé à 134 millions de dollars par le Pentagone - durera-t-il ? «Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de danger», a répondu mardi Donald Trump.
Lequel a également averti que si des manifestants se rassemblaient ce samedi, à l'occasion d'un défilé militaire prévu à Washington, ils seraient sévèrement réprimés. «Ceux qui veulent manifester seront confrontés à une répression très violente», a-t-il prévenu.
«S'il y a une insurrection, je l'invoquerai certainement», a encore répondu Donald Trump à propos d'un éventuel recours à l'Insurrection Act, régime d'état d'urgence qui confère au président le pouvoir d'utiliser les forces armées dans des missions de maintien de l'ordre sur le territoire américain.
Interrogé sur la nécessité pour les Américains de s'attendre à davantage de raids et de manifestations à travers le pays, Donald Trump a répliqué que la réponse pourrait être encore plus virulente dans d'autres villes qu'à Los Angeles. «Nous n'avons pas réagi très vigoureusement», a-t-il allégué. «Mai je peux informer le reste du pays que, s'ils le font, ils seront réprimés avec une force égale, voire supérieure.» (mbr avec ats)