Des milliers de personnes ont rendu hommage samedi au «roi» Giorgio Armani, dont le corps est exposé en chapelle ardente dans l'Armani Teatro, lieu emblématique de l'étroite relation entre le couturier et la capitale lombarde.
Le cercueil en bois clair du styliste, décédé jeudi à l'âge de 91 ans, est exposé sous un bouquet de roses blanches, avant les funérailles prévues lundi.
Parmi les centaines de personnes à défiler au siège de son entreprise de plusieurs milliards d'euros, qui célèbre cette année son 50e anniversaire, figuraient l'icône de la mode italienne Donatella Versace et le président de Ferrari, John Elkann.
D'imposantes couronnes de roses ont été déposées à l'entrée de la salle où repose le cercueil, au bout d'un couloir aux colonnes de béton brut.
Collaborateurs et anonymes se sont pressés dans la matinée pour lui rendre un dernier hommage, près du siège d'Armani, dans un ancien quartier industriel de Milan, avant de serrer la main de son compagnon Leo dell'Orco.
Selon le quotidien italien Corriere della Sera, Armani est décédé d'une insuffisance hépatique soudaine, à la suite d'une pneumonie qui l'avait contraint à être hospitalisé en juin.
En première ligne, en costumes sombres et lunettes noires, des centaines de salariés du groupe sont venus signer les livres de condoléances. Vendeuse dans le showroom voisin d'Emporio Armani homme, Silvia Albonetti a commenté:
La chapelle ardente sera ouverte de 9h à 18h samedi et dimanche dans le Teatro, une ancienne usine de chocolat Nestlé transformée en 2001 par l'architecte japonais Tadao Ando, pour en faire le siège du groupe Armani et le lieu de ses défilés. Minimaliste et élégant, le bâtiment est un des lieux emblématiques de Milan, «la capitale du style».
Giorgio Armani, à la tête d'un empire du luxe de plusieurs milliards d'euros, comptant plus de 600 boutiques dans le monde et plus de 9000 employés fin 2023, entretenait une «histoire d'amour» avec la ville, soulignent tous les titres de la presse italienne, en rappelant en boucle une de ses déclarations:
Fanny Bucci, une Milanaise de 55 ans venue avec sa mère, a confié à l'AFP devant l'entrée:
Elle aimait ses vêtements pour elle comme pour ses enfants. «Il a démontré à de nombreuses reprises qu'il était présent, tout en restant réservé». Jonah Liu, 29 ans, T-shirt Armani à son effigie, a témoigné:
«L'économie italienne était très forte à l'époque de sa gloire. Cette ère nous dit au revoir», a-t-il ajouté.
Cet étudiant en ingénierie à Milan a préparé une lettre en mandarin pour Giorgio Armani. Il a écrit:
Né à Piacenza (nord de l'Italie) en 1934 dans une famille modeste d'origine arménienne, Giorgio Armani était venu étudier la médecine, avant de travailler comme étalagiste-décorateur à Milan pour les grands magasins La Rinascente.
C'est dans cette ville qu'il a créé, en 1975, la maison Giorgio Armani, et avait depuis toujours voulu rester indépendant, refusant d'être coté en bourse.
Affaibli depuis plusieurs mois, Giorgio Armani avait été contraint de renoncer à ses défilés masculins à Milan mi-juin pour raisons de santé.
Dans une interview au Financial Times publiée quelques jours avant sa mort, le créateur, qui n'avait pas d'enfants, déclarait que les plans pour sa succession consistaient en une transition progressive des responsabilités vers ses plus proches collaborateurs tels que Leo Dell'Orco, le responsable du design des collections homme, «les membres de sa famille et toute l'équipe de travail».