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Des fight clubs néonazis préparent une «guerre raciale»

Ils s’entraînent dans des parcs, des caves ou des salles de sport, se filment en boxant sur fond de musique viriliste. Ils postent des vidéos sur Telegram, entre deux citations nazies. Eux, ce sont le ...
Le réseau serait actif dans au moins 25 pays.Image: captures d'écran réseaux sociaux

Un vaste réseau de fight clubs néonazis prépare une «guerre raciale»

Ils s’entraînent dans des parcs, des caves ou des salles de sport, se filment en boxant sur fond de musique viriliste. Ils postent des vidéos sur Telegram, entre deux citations nazies. Eux, ce sont les membres d’un réseau international en pleine expansion: les Active Clubs, des groupes d’extrême droite qui mêlent arts martiaux, propagande raciste et stratégie paramilitaire.
25.07.2025, 05:3925.07.2025, 05:39
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Derrière les gants, la muscu, la sueur et les slogans motivants «entre hommes», c’est tout un projet suprémaciste qui s’organise. En silence. Et à l’échelle mondiale.

Le phénomène est parti des Etats-Unis, dans le sillage du Rise Above Movement (RAM), un groupe néonazi californien fondé en 2017. A l’époque, leurs membres, vêtus de la panoplie streetwear fasciste, se battent dans les rues lors de manifestations d’extrême droite. Plusieurs sont arrêtés après les violences de Charlottesville. Le groupe est dissous, son fondateur, Robert Rundo, s’exile. Mais loin de disparaître, l’idée se transforme.

En janvier 2021, Rundo lance une version plus insidieuse: les Active Clubs. Fini les manifs trop visibles. Place à une nouvelle stratégie: «White Nationalism 3.0». Le sport comme façade. L’entraînement façon «fight club pour mâles alphas» comme endoctrinement. Et des cellules locales, partout, qui avancent masquées derrière l’étiquette d’un lifestyle viril.

Un réseau mondial, des clubs en kit

Le concept est simple, mais redoutablement efficace. Chaque Active Club est autonome, libre d’organiser ses entraînements, de diffuser sa propagande, de recruter dans son coin.

Ce n’est pas un parti politique, ni même une association: c’est une organisation sans structure officielle, sans visage unique. Avec pour seule colonne vertébrale un culte du corps, de la violence et de la «défense de la race blanche».

Le réseau serait actif dans au moins 25 pays. Des Etats-Unis au Canada, en passant par l’Australie, la France, la Suède, la Finlande ou encore le Royaume-Uni. Chacun de ces clubs fonctionne comme un hub local de radicalisation physique et idéologique, relié par des canaux Telegram, des stories Instagram ou des vidéos TikTok qui font passer l’extrémisme pour un programme de remise en forme.

La France montre les muscles

Depuis 2022, les Active Clubs ont pris racine en France. Leur présence est d’abord signalée en Normandie, où, selon Actu.fr, des entraînements ont été observés avec des symboles nazis clairement affichés. StreetPress indique que leur principal canal Telegram avait déjà dépassé les 11 000 abonnés début 2024.

Ils affirment être présents dans une vingtaine de villes: Le Havre, Bordeaux, Aix-en-Provence, ou encore Rouen. Parfois, ils ne sont qu’une poignée. Mais une poignée déterminée, organisée, et parfois très violente. Des membres proches de ces cercles ont été impliqués dans plusieurs agressions à caractère raciste ces derniers mois à travers le pays.

Un Active Club français.
Un Active Club français.Image: captures d'écran réseaux sociaux

Et pour ceux qui les suivent en ligne, difficile parfois de faire la part des choses: entre vidéos de boxe, slogans aguicheurs du style «no excuse, just fight» et références codées à la suprématie blanche, le contenu mélange habilement sport et idéologie.

Partout, saluts nazis et entraînement militaire

Le modèle s’est aussi exporté au Royaume-Uni, où au moins huit branches seraient actives. Certaines ont participé aux émeutes de Southport en 2024, proposant des «conseils tactiques» pour affronter la police.

En Finlande, des membres ont été filmés en train d’effectuer des saluts nazis lors d’un défilé, en décembre 2024, avant de s’en prendre à des contre-manifestants. Là encore, ces «fight clubs» fonctionnent en réseau décentralisé, tout en suivant des consignes idéologiques globales: maintenir la cohésion raciale, diffuser la propagande, et rester prêts pour des affrontements à venir.

Canada, même combat: une vaste enquête de CBC lève le voile sur ces groupes d’hommes, souvent jeunes, qui s’entraînent dans des salles discrètes et parfois même à ciel ouvert, sur des terrains de foot locaux. Ils parlent de discipline, de force et de dépassement de soi. Mais en coulisses, leur objectif est clair: se préparer à une «guerre raciale» qu’ils considèrent inévitable, avec pour stratégie à long terme de militariser les membres, tout en restant sous les radars.

Une stratégie sous stéroïdes

Leurs codes sautent aux yeux: virilité, discipline, identité. Leurs ennemis désignés: les migrants, les juifs, les LGBT+, les gauchistes. Leurs armes: les poings, les réseaux sociaux, et la désinformation.

Un entraînement à ciel ouvert.
Un entraînement à ciel ouvert.Image: captures d'écran réseaux sociaux

Selon le Counter Extremism Project, ces clubs cherchent à constituer une milice dormante, prête à se mobiliser lorsque le contexte politique ou social l’exigera. Une sorte de «force de réserve» fasciste, dissimulée dans les salles de sport, en sweat à capuche et brassard discret.

Et l’arrestation de leur figure tutélaire, Robert Rundo, en mars 2024 en Bosnie, n’a pas ralenti leur progression. Au contraire: sur Telegram, ses partisans le présentent comme un martyr, et sa photo fait désormais office de logo officieux dans plusieurs cellules.

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