Depuis des mois, l'invasion russe en Ukraine tient en haleine une grande partie du monde. Nombreux sont ceux qui craignent que la Russie, puissance nucléaire, fasse usage de son vaste arsenal. Une guerre nucléaire entre les grandes puissances est soudain redevenue envisageable, même si sa probabilité a toujours été faible.
La crainte d'être pris dans une spirale de l'engrenage nucléaire n'est pas infondée. A la télévision russe, les propagandistes menacent presque quotidiennement de l'utilisation de la bombe atomique et de la destruction de l'Europe. Ces déclarations visent à détourner l'attention du public du manque de progrès sur le terrain. Il a tout de même été question d'un «tsunami de 500 mètres de haut, contaminé par la radioactivité», qui déferlerait sur la Grande-Bretagne. Ambiance.
Ces derniers jours, on a toutefois pu entendre des propos nettement plus modérés de la part de ceux qui tiennent les rênes du pouvoir. Voici trois exemples.
Le président russe a souvent montré ses muscles par le passé. Il a par exemple déclaré le 21 septembre:
Mais récemment, Poutine s'est montré nettement plus réservé. Le 27 octobre dernier, il a déclaré sans équivoque:
Il a précisé que cela n'aurait aucun sens, ni militairement, ni politiquement. Le maître du Kremlin aurait-il retrouvé la raison?
Celui qui est ambassadeur russe en Grande-Bretagne a été très clair lors d'une interview avec la journaliste de CNN Christiane Amanpour:
La journaliste rebondissait sur une déclaration du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, qui venait d'assurer à ses homologues internationaux que la Russie n'a aucune intention en ce sens.
Christiane Amanpour a insisté. «C'est la chose la plus importante que nous devons savoir», a-t-elle dit. Andreï Kelin a maintenu sa position: l'utilisation d'armes nucléaires n'est plus d'actualité.
Le 2 novembre, le ministère russe des affaires étrangères, dirigé par Sergeï Lavrov, a publié un communiqué intitulé «Déclaration de la Fédération de Russie sur la prévention d'une guerre nucléaire».
Dans ce document, le gouvernement écrit que:
Moscou a écrit qu'elle partait du principe que les accords existants sur la réduction des armes nucléaires restaient des principes clés.
Les chercheurs de l'«Institute for The Study of War» (ISW) partent du principe que la menace persistante d'armes nucléaires n'a pas eu l'effet escompté. Le gouvernement ukrainien ne s'est pas laissé intimider et les menaces nucléaires n'ont pas permis pas à Moscou de forcer Kiev à négocier.
Selon l'ISW, les militaires russes de haut rang et une partie du Kremlin sont conscients des coûts massifs qu'entraînerait une attaque nucléaire contre l'Ukraine. Le bénéfice opérationnel serait très faible.
L'institut basé à Washington estime que ce sont surtout des entretiens diplomatiques qui ont fait pencher la balance en faveur d'un changement de la rhétorique russe. Le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Jake Sullivan, se serait ainsi entretenu avec les conseillers de Poutine, Youri Ouchakov et Nikolaï Patrouchev. Il aurait été question de réduire le risque de guerre nucléaire.
La Chine a peut-être également eu un rôle à jouer. Le président Xi Jinping a déclaré la semaine dernière:
«Aucune guerre nucléaire ne doit être menée. Une crise nucléaire en Eurasie doit être évitée», a-t-il ajouté.
Au final, les Russes doivent être jugés sur leurs actes et non sur leurs paroles. Cette guerre l'a montré plus d'une fois. Il se peut qu'à l'avenir, la Russie réitère ses menaces nucléaires, selon l'ISW. Mais pour le moment, on constate une «désescalade».