«Il est impossible d'intercepter ces missiles», déclarait récemment Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle combinée avec une session publique de questions-réponses. Il parlait alors du missile russe à moyenne portée Orechnik, le présentant comme une arme révolutionnaire que les systèmes de défense antiaériens occidentaux seraient incapables de neutraliser.
Pour appuyer ses propos, le président russe avait même lancé une proposition provocante: que l’Occident choisisse une cible dans la capitale ukrainienne, Kyiv, y installe tous ses systèmes de défense et observe si l'Orechnik peut être intercepté.
Poutine la présente comme une arme invincible, une des plus modernes du répertoire russe. Mais une analyse récente d'experts vient mettre à mal cette prétendue avancée technologique.
Des chercheurs ont examiné de plus près des fragments du missile Orechnik que la Russie avait tiré en novembre sur la ville ukrainienne de Dnipro. Leur analyse a révélé que le missile, présenté par Poutine comme une nouveauté, n’est apparemment pas aussi récent qu’il le prétend.
L’un des fragments retrouvés portait un numéro de série ainsi qu’une indication de la date de production. Détail troublant: 12 avril 2017, selon le rapport de Defense Express.
Le fait qu’un composant vieux de sept ans ait été intégré dans le missile indiquerait que le fameux Orechnik utilisé lors de l’attaque sur Dnipro aurait été assemblé aux alentours de 2017 ou 2018, selon le rapport. Depuis, il aurait probablement été stocké quelque part. Defense Express appuie cette hypothèse sur une preuve photographique.
La production du missile aurait donc commencé bien plus tôt. Les plans de construction remonteraient apparemment au début des années 2010, voire à une période encore antérieure, selon le rapport.
En novembre, la Russie avait utilisé pour la première fois un missile Orechnik, théoriquement capable d'être équipé d'une ogive nucléaire, contre l'Ukraine. Le projectile qui a frappé la ville industrielle de Dnipro ne portait pas de charge nucléaire. Poutine a présenté cette attaque comme une réponse aux frappes ukrainiennes sur le territoire russe, effectuées avec des armes britanniques et américaines.
Peu après l’attaque, le ministère britannique a déclaré soupçonner que la Russie travaillait déjà sur le missile Orechnik avant que le pays ne se retire, en 2019, du traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty). Ce traité interdisait les missiles nucléaires terrestres de moyenne portée, avec une distance de 500 à 5500 kilomètres.
«Le système d'armes est très probablement une variante du missile balistique intercontinental russe RS-26 «Roubej», testé pour la première fois en 2011», a-t-on indiqué à Londres.
Traduit et adapté par Noëline Flippe