La sécurité de l'ensemble de la flotte de sous-marins nucléaires britanniques pourrait avoir été compromise. Selon The Telegraph, la Biélorussie a développé certaines parties du logiciel des ingénieurs chargés de la construction et de l'entretien.
La société Rolls-Royce Submarines a fabriqué les réacteurs des sous-marins. C'est elle qui utilise ce programme qui a dû être révisé voilà quelques années. La société de conseil WM Reply a alors été mandatée. Mais au lieu de développer elle-même le logiciel en question, WM Reply a fait appel à une équipe de développeurs de Minsk, la capitale de la Biélorussie, un pays allié de la Russie dans la guerre contre l'Ukraine.
Toujours selon le quotidien britannique, l'un des développeurs aurait même travaillé de temps en temps sur des données hautement sensibles depuis son domicile en Sibérie.
Chez WM Reply, certains employés auraient exprimé des préoccupations en matière de sécurité. Mais au lieu de les prendre au sérieux, l'entreprise aurait envisagé de taire l'implication des Biélorusses. Pour cela, elle comptait leur donner les noms de Britanniques décédés afin de dissimuler leur véritable identité. The Telegraph a eu accès à une enquête du ministère britannique de la Défense qui le révèle. Ce n'est qu'en 2021, lorsque Rolls-Royce Submarines a eu connaissance de l'affaire, qu'elle a ouvert une enquête. Un an plus tard, l'incident a été transmis au ministère.
On redoute désormais que Minsk et Moscou – son alliée – aient eu accès à des données sensibles. Parmi elles: les données personnelles des ingénieurs qui connaissent les plans de construction et les emplacements des sous-marins. Ces collaborateurs sont désormais potentiellement vulnérables aux tentatives d'extorsion ou à d'autres formes d'influence.
Ben Wallace, ministre britannique de la Défense de 2019 à 2023, a déclaré au Telegraph que cette atteinte rendait le Royaume-Uni «potentiellement vulnérable à une érosion de notre sécurité nationale».
Marion Messner, une chercheuse du groupe de réflexion britannique Chatham House, voit également dans cet incident un «risque pour la sécurité nationale». Le ministère de la Défense n'a pas encore officiellement réagi.
Rolls-Royce Submarines et WM Reply tentent toutes deux de minimiser l'importance de l'incident. Interrogée, la première assure que personne n'aurait eu accès à des données privées sans une autorisation de sécurité préalable. L'entreprise a néanmoins mis fin à sa collaboration avec WM Reply. L'entreprise nie quant à elle des actions qui auraient pu mettre en danger la sécurité nationale de quelque manière que ce soit.
(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)