Russes et Ukrainiens ont convenu lundi, à l'issue de pourparlers à Istanbul, d'échanger tous leurs prisonniers de guerre de moins de 25 ans ou grièvement blessés, ainsi que des milliers de corps de soldats tués. Ils ne se sont pas accordés sur un cessez-le-feu.
Cette deuxième session de négociations directes entre Kiev et Moscou intervenait au lendemain d'une attaque ukrainienne de drones d'une ampleur inédite contre l'aviation militaire russe, et l'explosion de deux ponts en Russie, qui ont provoqué des accidents de trains, dont l'un a fait sept morts.
Ces discussions sous médiation turque n'ont duré qu'une heure au palais Ciragan d'Istanbul, mais l'Ukraine a proposé une nouvelle rencontre à la Russie «entre le 20 et le 30 juin», a précisé le négociateur en chef ukrainien, le ministre de la Défense Roustem Oumerov.
Résultat des pourparlers: les deux belligérants ont «convenu d'échanger tous les prisonniers de guerre grièvement blessés et gravement malades», ainsi que «les jeunes soldats âgés de 18 à 25 ans», a-t-il ajouté.
Oumerov a aussi indiqué que Moscou et Kiev échangeront «6000 contre 6000» corps de soldats tués au combat, ce qui a été confirmé par le négociateur russe Vladimir Medinski, qui a cependant dit ne pas savoir combien de dépouilles détenaient les Ukrainiens.
La Russie a en revanche une nouvelle fois rejeté la proposition d'un cessez-le-feu inconditionnel, selon Kiev. Moscou estime qu'une telle initiative permettrait à l'Ukraine de se réarmer grâce aux livraisons d'armes occidentales avant de nouvelles hostilités.
Medinski a, en revanche, indiqué avoir proposé à l'Ukraine un cessez-le-feu partiel de «2-3 jours» sur certaines portions du front.
La délégation russe a aussi remis aux Ukrainiens un mémorandum sur «les moyens d'instaurer une paix durable» et «les mesures à prendre pour parvenir à un cessez-le-feu complet», a-t-il précisé.
Enfin, l'Ukraine a indiqué avoir transmis à Moscou une liste de centaines d'enfants ukrainiens qui, selon Kiev, ont été «déportés» par la Russie et dont elle exige le rapatriement.
Une première séance de pourparlers en Turquie le 16 mai avait déjà mené à un échange de prisonniers de 1000 personnes dans chaque camp, sans aboutir à un cessez-le-feu.
Près du front dans l'est de l'Ukraine, dans la ville de Dobropillia, les habitants interrogés par l'AFP avaient confié n'avoir aucun espoir que les négociations d'Istanbul aboutissent à la paix.
Volodymyr, 53 ans, n'aurait de toute façon nulle part où aller, son village situé près de Tchassiv Iar – une ville au coeur des combats depuis des mois – ayant été «réduit en cendres».
Il dit:
A Kramatorsk, grande ville régionale, un militaire ukrainien pense aussi que la guerre «va continuer encore et encore». Un soldat, sous couvert d'anonymat lui aussi, ajoute:
Ces pourparlers interviennent au lendemain d'une attaque inédite de drones ukrainiens contre quatre aérodromes militaires russes. Lors de cette opération ingénieuse, les Ukrainiens ont introduit clandestinement des drones explosifs en Russie avant de les lancer, détruisant ou endommageant de nombreux avions, y compris à des milliers de kilomètres du front.
Dans certains secteurs du front en revanche, Kiev est à la peine, les troupes de Moscou ayant progressé ces derniers jours, notamment dans la région ukrainienne de Soumy (nord).
Les deux parties sont très loin d'un accord, que ce soit une trêve ou un règlement à plus long terme.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a martelé lundi que Vladimir Poutine ne devait «rien obtenir» de son invasion. Il souhaite également une rencontre directe avec son homologue russe, perspective que le Kremlin a repoussée à plusieurs fois.
La Russie insiste de son côté pour régler les «causes profondes» du conflit. Elle exige notamment:
Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui veut un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire, ainsi que des garanties de sécurité concrètes, appuyées par les Occidentaux, comme la protection de l'Otan ou la présence de troupes occidentales sur le terrain, ce que Moscou exclut. (ats/afp/svp)