Ce sont des documents d'horreur que les Services secrets ukrainiens (SSU) rassemblent sur leur site Internet. Des messages radio interceptés de soldats russes parlant de viols, de famine et de désespoir. Ces enregistrements donnent un aperçu rare de ce qui se passe dans l'ombre de l'invasion russe et pourraient servir de preuve de crimes de guerre lors de procès ultérieurs.
Un enregistrement audio, publié le 26 mars par le SSU, est particulièrement troublant. On y entend plusieurs soldats russes en Ukraine échanger. L'un d'eux raconte: «Nous avons ici trois soldats de chars. Ils ont violé une fille». Puis une voix féminine demande: «Qui a fait ça?», «Les trois tankistes», lui répond-on. La fille avait 16 ans. «Nos gars?», demande la femme en retour. «Ouais», répond l'homme, sur quoi la femme se met à jurer. Le soldat lui-même estime que les violeurs devraient être abattus.
Dans le même dialogue, ce dernier raconte que certains de ses camarades «perdent la raison» et tirent parfois eux-mêmes, par ennui et sans raison, avec des armes lourdes comme des lance-grenades et des canons de chars.
L'enregistrement audio donne une idée de la situation d'approvisionnement des soldats russes.
«Oui», répond l'homme, mais ils «n'en peuvent plus» des colis de ravitaillement de l'armée et ils ont déjà mangé tous les poulets et les oies des environs.
Dans d'autres enregistrements, les soldats parlent de pillages, de camarades qui ont déserté et d'officiers qui ne savent même pas pourquoi ils sont en Ukraine. Certains soldats se blesseraient eux-mêmes pour ne plus avoir à se battre, tandis que derrière le front, des combattants tchétchènes renvoient de force les soldats russes dans la zone de guerre.
On ne sait pas si les documents sont authentiques. La partie ukrainienne fait également de la propagande de guerre et a tout intérêt à faire paraître l'armée adverse aussi mauvaise que possible. Elle n'a, toutefois, pas besoin de déformer la réalité, sa crédibilité est plus importante. On sait, par exemple, que l'armée ukrainienne a tendance à sous-estimer le nombre de soldats russes tués plutôt que de le surestimer, afin de ne pas être soupçonnée d'avoir délibérément fourni de fausses informations.
Des rapports sur le manque d'équipement de l'armée d'invasion russe, qui manque de possibilités de communication cryptée, parlent également en faveur de l'authenticité des enregistrements. Ainsi, les soldats russes doivent souvent appeler avec des téléphones portables - qui peuvent être facilement écoutés par les Ukrainiens.
Sources utilisées:
(t-online,mk)
(Traduit de l'allemand par mndl)