Un ex-responsable de la dictature au Soudan recherché pour crimes contre l'humanité a annoncé s'être enfui de prison avec d'autres ex-collaborateurs dans ce pays en plein chaos.
Mercredi, les affrontements ont continué dans la capitale où des avions de chasse de l'armée ont survolé la banlieue nord, essuyant les tirs des paramilitaires.
La périphérie est de Khartoum a été la cible de frappes aériennes et des affrontements à la mitrailleuse ont eu lieu dans la périphérie sud, où se trouve une maison du dirigeant des paramilitaires, selon d'autres témoins.
Le chef de la mission de l'ONU au Soudan, Volker Perthes, resté dans le pays, s'est dit mercredi «profondément préoccupé par les récentes informations faisant état de violences tribales à El-Geneina», la capitale du Darfour-Ouest, incluant «des attaques contre les civils, des pillages et des distributions d'armes».
Malgré l'annonce d'un cessez-le-feu conclu sous l'égide des Etats-Unis, les combats meurtriers n'ont pas cessé depuis le 15 avril entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo et l'armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane.
Mercredi, l'armée a annoncé «l'envoi d'un représentant à Juba», la capitale du Sud-Soudan voisin, pour des pourparlers «à l'initiative de l'IGAD», bloc régional est-africain, avec un représentant des paramilitaires. Ils visent, d'après un communiqué des forces armées, à la «prolongation de 72 heures de la trêve» alors que celle en cours, qui a globalement été peu respectée, doit prendre fin jeudi soir. Les FSR de leur côté n'ont pas fait état de ces discussions.
Alliés lors du coup d'Etat d'octobre 2021, les deux généraux Burhane et Daglo se livrent une guerre sans merci qui a fait 512 morts et 4193 blessés, selon le ministère soudanais de la Santé. Ce putsch a mis fin à la transition démocratique qui a suivi la chute du dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019 sous la pression de la rue et emprisonné après trente ans de pouvoir.
«Nous sommes restés en détention à Kober pendant neuf jours (...) et nous avons désormais la responsabilité de notre protection» dans un autre lieu, a affirmé le chef de l'armée, dans une allocution diffusée sur une chaîne de télévision soudanaise:
L'ex-dictateur est recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour «crimes de guerre» et «crimes contre l'Humanité» au Darfour, dans l'ouest du Soudan. Le bureau du procureur de la CPI a indiqué suivre de près les événements, observant que les informations sur les personnes incarcérées à Kober n'avaient pas été «confirmées de manière indépendante».
Ceux qui ne peuvent pas quitter Khartoum, une ville de plus de cinq millions d'habitants, tentent de survivre, privés d'eau et d'électricité et soumis aux pénuries de nourriture et aux coupures téléphoniques et d'internet. Selon le syndicat des médecins, près des trois quarts des hôpitaux sont hors service au Soudan. Dans la capitale, plus de 60% des centres médicaux sont fermés, a annoncé mercredi l'Organisation mondiale de la santé.
L'OMS a ajouté qu'une «évaluation approfondie des risques» sanitaires était en cours après la prise par l'un des deux camps d'un «laboratoire public» de Khartoum, qui renferme des agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite. (ats/jch)