C'est sous les yeux de Donald Trump que, dimanche, l’Espagnol Carlos Alcaraz a remporté la finale de l’US Open, et récupéré la première place au classement mondial.
Un détail intéresse particulièrement la Suisse. Donald Trump était l’invité du fabricant de montres de luxe Rolex. Il a suivi le match dans la loge de l’entreprise, aux côtés de son directeur, Jean-Frédéric Dufour. Celui-ci a donc passé plusieurs heures avec le président américain.
La situation contraste avec celle du ministre de l’Economie Guy Parmelin. Parti vendredi pour une courte visite à Washington, il n’avait pas pu rencontrer Donald Trump et avait dû se contenter d’entretiens avec ses ministres.
La rencontre entre Trump et Dufour est d’autant plus délicate que le patron de Rolex fait partie des victimes des droits de douane de Trump: depuis le 8 août, ses montres sont frappées par les fameux 39 % de taxe. Les clients américains de Rolex devraient d’ailleurs bientôt sentir la différence.
La Fédération suisse de l’horlogerie part en tout cas du principe que des hausses de prix pour les consommateurs aux États-Unis seront «sans doute inévitables».
Mais, aux yeux de Jean-Frédéric Dufour, la rencontre de dimanche représente sans doute un succès. Selon le magazine Bilanz, le chef d'entreprise en a déjà connu plusieurs. Il aurait consolidé la place de Rolex comme numéro 1 du secteur, et l’aurait même renforcée.
Dufour dirige Rolex depuis juin 2015. Son dernier coup d’éclat date de 2023, avec le rachat du joaillier et détaillant de montres Bucherer pour 4 milliards de francs. Cette opération a permis à Rolex de mettre la main sur un réseau de boutiques réparties dans des villes comme Genève, Paris ou Londres.
La Maison-Blanche a refusé de commenter pourquoi le président avait accepté l’invitation d’une entreprise. Mais Trump ne s'est jamais vraiment soucié de tels conflits d’intérêts potentiels. Ainsi, il laisse par exemple des entreprises appartenant à l’Arabie saoudite parrainer des tournois de golf sur ses propres terrains.
La visite de Donald Trump a également montré les risques pour l’image d’une entreprise, lorsque celle-ci s’affiche à ses côtés. Lorsqu’il est apparu sur l’écran géant, le président américain a été accueilli à la fois par des applaudissements et des huées.
En effet, les contrôles de sécurité renforcés ont retardé le début du match, et, alors que la rencontre avait déjà commencé, des milliers de spectateurs attendaient encore à l’extérieur. Pendant près d’une heure, de nombreux sièges sont restés vides, notamment dans les gradins supérieurs, alors que le stade compte près de 24 000 places.
Le Secret Service a reconnu que la protection du président avait pu provoquer des retards pour les spectateurs. L’Association américaine de tennis a tenté de limiter les réactions négatives à la télévision, demandant aux chaînes de ne pas montrer d’incidents en dehors du court.
Donald Trump était en outre accompagné par une délégation. On y retrouvait le secrétaire au Trésor Scott Bessent, la cheffe de cabinet Susi Wiles, l’envoyé spécial Steve Witkoff, ainsi que son gendre Jared Kushner et sa fille Arabella. La Première dame, Melania Trump, était en revanche absente de l'événement.
Rolex n’est que l'une des nombreuses entreprises de renom qui cherchent à obtenir les faveurs du président américain. Dans l’espoir de bénéficier d’un geste politique, certaines compagnies multiplient les cadeaux ou les marques de reconnaissance. Le Wall Street Journal titrait récemment:
Selon le quotidien, Donald Trump a dirigé la semaine dernière une réunion, où chaque participant devait le remercier à tour de rôle et dire quel montant son entreprise allait investir aux Etats-Unis.
Les dirigeants des plus grandes entreprises technologiques étaient présents lors de cette réunion. Tim Cook, directeur général d’Apple, Mark Zuckerberg, directeur général de Meta (anciennement Facebook), et Sam Altman, directeur général d’OpenAI, l’éditeur de ChatGPT, faisaient, par exemple, partie des invités.
Sam Altman a remercié Donald Trump d’être un président favorable aux entreprises et à l’innovation. Il a lancé:
Tim Cook a, de son côté, ajouté qu’il voulait remercier Donald Trump d'avoir donné l’impulsion nécessaire à un grand investissement aux Etats-Unis. Apple prévoit ainsi d'y investir 600 milliards de dollars.
Traduit de l'allemand par Joel Espi