Une maladie virale embrase la France: la Suisse «dans l'expectative»
La colère est vive et les agriculteurs se disent en danger. En France, les autorités ordonnent d'abattre les troupeaux touchés par la dermatose nodulaire contagieuse afin d'éviter une trop grande propagation du virus. Apparue au mois de juin, cette maladie touche exclusivement les bovins et ne présente aucun risque pour l’être humain.
En France, 3 000 animaux ont déjà été abattus, selon un bilan communiqué par les autorités le 12 décembre. Le virus se transmet par des insectes vecteurs tels que les moustiques, les mouches ou les taons. Les animaux infectés souffrent notamment de fièvre, d’une baisse de la production laitière, d’une hypertrophie des ganglions lymphatiques, ainsi que de nodules sur la peau et les muqueuses.
Le DNC provoque également des pertes de production laitière importantes. Pour prévenir et éteindre la source du virus, le gouvernement a instauré des «zones réglementées» dans un rayon de 50 km autour des foyers, tout en limitant les mouvements du bétail.
Si rien n'est fait, 10% du cheptel français pourrait disparaître, selon le ministère de l'Agriculture. Et ça, ce n'est pas possible à entendre pour les agriculteurs français, qui ont décidé de faire corps et de se mobiliser pour contrer ces décisions.
@bfmtv Des heurts ont éclaté après une journée tendue entre agriculteurs manifestants et forces de l'ordre devant une ferme des Bordes-sur-Arize en Ariège. Les gendarmes ont pris le contrôle de l'exploitation en fin de soirée #agriculteurs #police #SinformerSurTikTok ♬ son original - BFMTV
Bousculée par la révolte paysanne, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, était attendue en Haute-Garonne ce lundi pour lancer la vaccination d'un million de bêtes, et surtout renouer le dialogue avec des agriculteurs furax. Elle s'est dit «ouverte à la discussion» sur une éventuelle suspension des abattages systématiques des troupeaux de bovins touchés par la dermatose nodulaire.
Les échanges s'annoncent tendus, le président du syndicat, Bertrand Venteau, n'a pas raté la ministre de l'Agriculture au micro de franceinfo.
La dermatose nodulaire contagieuse révèle un réel malaise dans un pays où l'agriculture est reine, mais tremble face aux nombreux défis et normes qui s'additionnent, rappelle Le Figaro. On pense notamment aux revendications sur le Mercosur et sur la baisse du budget de la Politique agricole commune (PAC).
La situation s'est d'ailleurs fortement tendue ces derniers jours. Dans la nuit du jeudi 11 décembre, des heurts ont éclaté entre les policiers et les agriculteurs après un abattage d'un troupeau dans une ferme en Ariège. Ils étaient encore nombreux à manifester dans les rues de Boulogne-sur-Mer. A Bordeaux aussi, le centre-ville était bloqué, ce lundi 15 décembre.
Sur les ondes de BFM TV, un éleveur de Mont-de-Marsan, Landes, disait n'avoir «rien à branler» de bloquer des routes.
Les manifestations à Boulogne-sur-Mer👇
Doit-on s'inquiéter en Suisse?
Si notre voisin fait face à la colère agricole qui bouscule tout un pays, qu'en est-il dans nos contrées? Au moment d'écrire ces lignes, la Suisse est épargnée, nous confirme l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). «Nous tenons également à préciser que la situation actuelle en France avec la mise à mort de cheptel atteint de la DNC n’est pas comparable avec la situation en Suisse où aucun cas de DNC n’a été révélé à ce jour», complète l'autorité helvétique.
Interrogé par Le Quotidien Jurassien, le vétérinaire cantonal jurassien, Lionel Bertholet, expliquait:
Selon lui, les agriculteurs jurassiens sont pour l’instant épargnés et ne sont pas dans les zones réglementées. Lionel Bertholet assure également que «la vaccination totale des cheptels suisses n'est pas la solution».
Depuis le 18 juillet, comme le rappelle l'OSAV par le biais d'un communiqué, la vaccination contre la DNC est obligatoire pour tous les bovins, buffles et bisons présents dans les zones de surveillance. Le canton de Genève et la région limitrophe de Terre Sainte, dans le canton de Vaud, ont dû se plier à cet ordre.
L'OSAV nous rappelle également qu'une vaccination étendue sur tout le territoire implique:
- des coûts importants;
- des restrictions sévères de mouvements;
- des conséquences commerciales potentielles (notamment à l’export).
Les autorités suisses s'appliquent à établir «une stratégie ciblée» et que le but est aussi «d’être en accord avec les bases légales de l'Union européenne, notamment en ce qui concerne la stratégie de vaccination».
