Bachar al-Assad, qui a pris la fuite dimanche face à l'offensive rebelle, est resté au pouvoir 24 ans en Syrie. Voici comment le dictateur est arrivé et a réussi a s'y maintenir.
Le 17 juillet 2000, Bachar al-Assad prête serment devant le Parlement. Candidat unique, il a été désigné président à l'issue d'un plébiscite (97,29%) organisé un mois après le décès de son père, Hafez al-Assad, qui avait dirigé la Syrie sans partage pendant 30 ans.
A l'origine, Bachar al-Assad était considéré comme un réformateur. Le fils de l'ancien président avait suivi une formation d'ophtalmologiste à Londres et son accession au pouvoir était vue par certains comme une lueur d'espoir.
Dès le 10 juin, jour même du décès, le Parlement avait modifié la Constitution pour abaisser l'âge minimum requis pour la magistrature suprême, un amendement taillé sur mesure pour le jeune successeur, né en 1965 et alors âgé de 34 ans.
Bachar devient commandant en chef des forces armées et numéro un du parti Baas au pouvoir.
Le 26 septembre 2000, une centaine d'intellectuels et d'artistes appellent les autorités de Damas à «amnistier» les prisonniers politiques et à lever l'état d'urgence en vigueur depuis 1963.
De septembre 2000 à février 2001, une ouverture est amorcée avec une période de relative liberté d'expression. Mais l'arrestation durant l'été 2001 de dix opposants met un terme à ce bref «Printemps de Damas».
Le 14 février 2005, l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri est assassiné dans un attentat à Beyrouth.
L'opposition antisyrienne accuse les pouvoirs libanais et syrien, et exige le retrait des troupes syriennes, installées au Liban depuis 1976.
Damas nie toute implication, mais, sous la pression de la rue et de la communauté internationale, les derniers soldats syriens quittent le 26 avril le Liban après 29 ans de présence.
Le 16 octobre 2005, l'opposition, jusqu'alors divisée, lance la «Déclaration de Damas», un appel à un «changement démocratique et radical» et qui dénonce «un régime totalitaire et sectaire».
Les autorités de Damas vont multiplier les convocations, interdictions de voyage et de réunions. Fin 2007, elles lancent une campagne d'arrestations contre les opposants laïcs réclamant plus de démocratie.
Le 15 mars 2011, une révolte populaire débute en Syrie dans le sillage du Printemps arabe. Elle est brutalement réprimée par le régime. En avril, la contestation se radicalise et s'élargit.
Le pouvoir se lance dans une guerre contre des rebelles qu'il assimile à des «terroristes manipulés» par l'étranger. En 2012, les armes lourdes, parmi lesquelles des avions bombardiers, entrent en action.
En 2013, le puissant mouvement chiite libanais Hezbollah reconnaît l'engagement de ses troupes aux côtés de Damas.
L'Iran chiite devient le principal allié régional. Assad appartient à la communauté alaouite (10% de la population), issue du chiisme, alors que la majorité de la population syrienne est sunnite.
Le 30 septembre 2015, la Russie, fidèle alliée du régime, déclenche une intense campagne militaire pour venir en aide à l'armée syrienne au bord de l'effondrement. L'intervention de Moscou va permettre au pouvoir de remporter des victoires stratégiques face aux rebelles et aux djihadistes.
Une trêve est décrétée en mars 2020 après un accord russo-turc, mais le pays reste en proie à des bombardements et actions jihadistes sporadiques.
Le 26 mai 2021, Bachar al-Assad est réélu sans surprise pour un quatrième mandat, avec 95,1% des voix.
Quelques jours après la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe, Bachar al-Assad participe le 19 mai 2023 à son premier sommet de cette instance depuis plus d'une décennie. Il signe ainsi son retour sur la scène diplomatique arabe dont il avait été écarté en 2011 après la répression du soulèvement populaire.
Le 15 novembre 2023, la justice française émet un mandat d'arrêt international à l'encontre de Bachar al-Assad, soupçonné de complicité de crimes contre l'humanité pour des attaques chimiques perpétrées en 2013 en Syrie.
Le lendemain, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, ordonne à la Syrie de mettre un terme à la torture et aux traitements cruels et dégradants.
Dans la nuit du 7 au 8 décembre 2024, au terme de onze jours d'une offensive éclair, les rebelles conduits par le groupe islamiste radical HTS revendiquent la prise de Damas. Le dirigeant a le temps de s'envoler in extremis pour une destination inconnue, après 24 ans au pouvoir. (jah/ats)