Le méga ouragan Melissa frappe de plein fouet la Jamaïque
Avec des vents soutenus se rapprochant des 300 kilomètres par heure, l'ouragan Melissa, de catégorie 4 sur l'échelle de Saffir-Simpson, a frappé de plein fouet la Jamaïque. Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), il a touché terre dans le sud-ouest, près de New Hope, à environ 160 kilomètres de la capitale Kingston.
Il s'agit de l'ouragan le plus puissant à jamais avoir frappé la Jamaïque depuis le début des relevés météorologiques. Par ordre de comparaison, l'ouragan Katrina, qui avait ravagé il y a 20 ans la Nouvelle-Orléans et fait plus de 1000 morts, était plus faible.
Avant même qu'il ne touche terre, Melissa avait déversé des vents puissants et fortes pluies sur la Jamaïque, provoquant des inondations par endroits et des coupures d'électricité, notamment dans la capitale.
Les autorités météorologiques ont prévenu que la situation allait empirer, avec des bourrasques «potentiellement mortelles», des inondations côtières sévères et des pluies diluviennes qui pourraient provoquer des «glissements de terrain catastrophiques».
L'ouragan a déjà fait trois morts en Haïti et un en République dominicaine, trois autres personnes étant décédées en Jamaïque alors qu'elles se préparaient à son arrivée. Le dernier ouragan majeur à avoir frappé le pays est Gilbert, en septembre 1988. Moins puissant que Melissa, il avait fait 40 morts et causé d'énormes dégâts.
Refus d'évacuer
Depuis, l'île a été touchée par d'autres tempêtes, comme l'ouragan Béryl l'an passé, dont les stigmates sont toujours visibles. Malgré ces précédents et des prévisions inquiétantes, de nombreux habitants refusent d'évacuer.
«Même s'il était de catégorie 6, je ne bougerais pas», a expliqué lundi Roy Brown, plombier-carreleur, rencontré à Port-Royal, petite bourgade côtière près de la capitale Kingston. Selon lui, beaucoup de gens ont gardé de mauvais souvenirs des abris anti-ouragans proposés par les autorités.
Plus de 800 lieux ont été recensés comme refuges possibles. Le NHC a recommandé aux personnes n'ayant pas pu les rejoindre de se réfugier dans une pièce sans fenêtres, de se «couvrir avec un matelas» ou de porter un casque.
Selon la Croix-Rouge, au moins 1,5 million de personnes, sur les 2,8 millions d'habitants de l'île, pourraient être touchées par Melissa. Le Premier ministre, Andrew Holness, a mis en garde lundi contre le risque de dégâts majeurs dans l'ouest du pays, où selon lui les infrastructures pourraient ne pas résister.
Glissements de terrain
L'inquiétude est d'autant plus grande que des glissements de terrain se sont déjà produits, certaines zones ayant reçu des précipitations importantes ces dernières semaines, a expliqué Esther Pinnock, chargée de communication à la Croix-Rouge pour la Jamaïque.
Or, «l'eau tue beaucoup plus de personnes que le vent», rappelle le météorologue Kerry Emanuel, qui insiste sur le rôle joué par le changement climatique. En réchauffant les mers, il entraîne l'intensification rapide d'un plus grand nombre de tempêtes, comme ce fut le cas pour l'ouragan Melissa.
L'ouragan doit toucher Cuba tôt mercredi. Les autorités ont fermé des écoles et commencé à évacuer des habitants, alors que le manque d'électricité freine la diffusion des messages d'alerte. Continuant sa route vers le nord, l'ouragan pourrait ensuite toucher le sud des Bahamas et l'archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique. (ag/ats)
