La Suisse et l'Ukraine ont rassemblé la communauté internationale à Lausanne durant deux jours pour collaborer face aux défis «massifs» du déminage humanitaire dans le pays en guerre. La présidente de la Confédération Viola Amherd a annoncé la livraison de trois machines supplémentaires destinées à traiter les champs de mine. «Nous sommes résolus à continuer à faire notre part», a-t-elle déclaré, ajoutant que:
Les systèmes de l'entreprise schwyzoise Global Clearance Solutions (GCS) seront acheminés cette année. «Cela permettra des opérations de déminage efficaces et sûres, de manière indépendante, à l'avenir», a insisté Viola Amherd devant le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal et les représentants de dizaines de pays, des ONG ou encore du secteur privé.
Outre cette infrastructure, un encadrement des acteurs ukrainiens fait partie du partenariat de 4,6 millions de francs avec l'entité ukrainienne d'aide en cas de catastrophe, financé entièrement par la Confédération. GCS est le numéro un du marché pour les machines de déminage en Ukraine.
L'entreprise travaille avec l'ONU et plusieurs ONG, comme la Fondation suisse de déminage (FSD) qui emploie actuellement plus de 600 personnes dans le pays. Elle s'attend à ce que 100 de ses machines soient utilisées d'ici 2025 en Ukraine.
L'année dernière, un système de déminage à distance de la fondation bernoise Digger avait déjà été acheminé pour les autorités ukrainiennes. Deux suivront prochainement.
Au total, la Suisse a prévu 100 millions de francs jusqu'en 2027 pour le déminage dans ce pays. La semaine dernière, le Conseil fédéral avait annoncé qu'une enveloppe de 30 millions serait attribuée à la FSD pour élargir ses activités dans les régions de Kharkiv et Kherson.
L'Ukraine peut déjà s'appuyer sur une centaine de machines de déminage, trois fois plus par rapport à l'année dernière, a précisé de son côté Denys Chmygal, arrivé en Suisse tard mercredi soir. Mais ce nombre ne suffit pas. Il faudra environ 10 000 démineurs, 6000 de plus qu'actuellement, et plusieurs centaines de machines.
Selon lui, il faudra au moins une décennie au mieux pour nettoyer le territoire, probablement plusieurs. Et jusqu'à 9000 personnes pourraient décéder si ces efforts ne sont pas menés d'ici dix ans, selon les autorités ukrainiennes. Près de 400 ont été tuées depuis le début de la guerre il y a plus de deux ans.
Raison pour laquelle, il ne faut pas attendre la fin de la guerre pour déminer l'Ukraine, a dit à la presse la vice-Première ministre ukrainienne Yulia Svyrydenko. «La sécurité de la population est en première place dans ce que nous faisons», insiste-t-elle également.
Selon les estimations, jusqu'à un quart du territoire ukrainien pourrait être contaminé, soit 3,5 fois celui de la Suisse. Cette situation affecte plus de 6 millions de personnes mais aussi la production agricole, importante pour la sécurité alimentaire de 400 millions de personnes dans de nombreuses régions du monde. Dans le cadre de la ministérielle de Lausanne, un appel sera dévoilé par le conseiller fédéral Ignazio Cassis, chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), et Yulia Svyrydenko.
De quoi accompagner l'Ukraine dans sa nouvelle politique de déminage jusqu'en 2033, approuvée récemment et établie avec le soutien du Centre international pour le déminage humanitaire (GICHD) à Genève. Une entreprise ukrainienne est désormais active pour fabriquer des machines, une volonté de Kiev pour aboutir à de nouveaux emplois. Et une ONG ukrainienne devrait être capable d'ici 2027 de faire du déminage elle-même.
Pendant deux jours, la réunion réfléchit à l'approche pour mettre la population au centre des efforts, avancer dans des partenariats et évaluer comment les innovations technologiques peuvent aider à cet objectif. Les délégations ont observé une minute de silence pour honorer les victimes des mines et des autres restes explosifs de guerre.
Viola Amherd est de son côté désormais rompue aux techniques de déminage. Elle a suivi une responsable de la FSD qui lui a montré un champ de mines factice. Cette conférence sur le déminage humanitaire n'est pas la première. Après la Croatie l'année dernière, elle aura lieu en 2025 au Japon.
(sda/ats)