Tracey est furieux à la lecture des messages publiés sur les réseaux sociaux par ses amis aux Etats-Unis. Pour cet Américain combattant au sein de l'armée ukrainienne, Donald Trump a tort de laisser planer le doute sur la pérennité du soutien à Kiev.
«Etre sur le terrain en Ukraine et voir cela me met en colère. Cela m'énerve vraiment parce que c'est tout simplement irresponsable», tranche cet homme, membre d'une unité d'étrangers de l'armée ukrainienne et actuellement soigné pour des blessures subies dans une récente attaque de drone.
Donald Trump a critiqué les milliards dépensés pour aider l'Ukraine à contrer l'invasion russe, et a répété vouloir mettre fin le plus rapidement possible au «carnage». Mais il a également tenu des propos menaçants à l'égard de Moscou, entretenant un flou total sur ses intentions s'agissant de cette guerre.
Au pays, son slogan «l'Amérique d'abord» plaît aux amis de Tracey, qui a demandé de taire son nom de famille comme la plupart des soldats.
Il espère être entendu dans son Etat d'origine, la Caroline du Sud, dirigé par des républicains. Tracey n'a pas toujours été un partisan de l'Ukraine. Il était jadis réceptif aux arguments du Kremlin, qui présentait Kiev comme le Cheval de Troie de l'Otan pour s'en prendre à la Russie.
Ce qui l'a fait changer d'avis, c'est de voir en janvier 2024 le documentaire 20 jours à Marioupol, qui raconte le siège dévastateur de cette ville portuaire du sud de l'Ukraine par les forces russes en 2022.
«Voir des femmes et des enfants souffrir et entendre ces cris, ça reste gravé dans la mémoire», explique-t-il. Le soldat dit avoir pris dès le lendemain un bus pour l'Ukraine depuis la Pologne, pour rejoindre une unité ukrainienne composée d'étrangers.
Tracey n'a pas voté à la présidentielle qui a reconduit Donald Trump au pouvoir, mais dit comprendre pourquoi le message du républicain a convaincu tant de ses compatriotes.
Ishman Martino est lui partisan de Donald Trump. Ancien pompier formé aux Etats-Unis comme mitrailleur, il sert dans l'armée ukrainienne depuis six mois. Il soutenait la politique de Joe Biden consistant à «nourrir l'Ukraine avec des obus, des canons et des mortiers, des fusils et de l'argent».
Aujourd'hui, cet homme de 26 ans rencontré dans la ville de Zaporijjia (sud) et qui arbore le trident ukrainien tatoué sur le cou et un squelette de l'Oncle Sam sur le biceps, met ses espoirs en Trump.
Selon lui, le président américain a aussi raison de pousser les Européens à s'impliquer davantage que les Etats-Unis.
Le jeune homme s'est engagé après avoir vu des missiles russes s'abattre sur un hôpital pédiatrique de Kiev, où il s'était rendu pour rapatrier le corps d'un ami tué au combat. Les patients qu'il a vus ce jour-là lui ont rappelé son petit frère, atteint de cancer.
A l'issue de son service de six mois, il s'est décidé à rentrer chez lui car la maladie de son petit frère empirait. «Ma famille passe avant tout. En toute honnêteté, mon pays passe aussi en premier».
Il reste malgré tout confiant pour l'avenir de l'Ukraine. «Les Ukrainiens sont très intelligents. Je crois vraiment qu'ils s'en sortiront, même si nous arrêtions l'aide maintenant», veut croire Ishman.
Tracey, lui, refuse de croire que les Etats-Unis réduiront leur soutien et prévoit de retourner sur le front une fois guéri.
«Même si nous ne sommes pas ukrainiens par le sang, nous nous sentons ukrainiens.» (afp)