Alors que la Russie a réduit ses exportations de gaz naturel l'année dernière, la Norvège les a augmentées. Plus que cela, elle est désormais le principal fournisseur de carburant de l'Europe, indique ce jeudi le New York times (NYT). Le pays, qui n'est pourtant pas membre de l'Union européenne (UE), fournit également de plus grandes quantités de pétrole à ses voisins, remplaçant l'or noir russe sous embargo.
En temps calmes, la Norvège produisait déjà un volume élevé de gaz, l'expédiant par des gazoducs sous-marins vers l'Europe du Nord. Dans ce pays scandinave aux 5,5 millions d'habitants, l'énergie représente environ un tiers de la production économique. Et désormais, une production plus importante a été autorisée par le gouvernement.
Résultat: une augmentation de 8% de la production de gaz en 2022, ce qui a fait de la Norvège la source d'environ un tiers du gaz consommé en Europe.
Cette aide à l'Europe n'est pas sans conséquences financières, et nombre de sociétés actives sur le marché pétrolier comme Petoro ou Equinor ont généré des bénéfices se chiffrant en milliards, indique encore le New York times. Les revenus du pétrole et du gaz ont rapporté 125 milliards de dollars à l'Etat norvégien en 2022, selon les estimations du gouvernement, soit environ 100 milliards de dollars de plus qu'en 2021.
Fait particulier à la Norvège, le gouvernement possède, non seulement les gisements de pétrole et de gaz, mais aussi des participations importantes. Cet argent est, en effet, versé dans un fonds souverain de 1300 milliards de dollars, officiellement appelé Government pension fund global, aussi connu sous le nom de fonds pétrolier.
Ce fonds détient, en moyenne, 1,5% des 9000 sociétés cotées dans le monde, précise encore le New York times. Le gouvernement peut puiser dans les bénéfices annuels attendus du fonds pour financer près de 20% du budget de l'Etat.
Ces richesses acquises dans les forges de la guerre ont cependant mis certains Norvégiens mal à l'aise.
Rasmus Hansson, député du Parti vert norvégien, a d'ailleurs suggéré que l'argent soit investi dans un fonds pour aider l'Ukraine et d'autres pays touchés par la guerre.
Autre dossier impacté par la guerre, celui des énergies vertes. Selon des scénarios modélisés et relayés par le grand quotidien américain, la production de pétrole et de gaz en Norvège devrait atteindre un sommet vers la fin de cette décennie, suivi d'un long déclin. Mais à l'interne – et en parallèle – des pressions se font ressentir pour que le pays enclenche une transition énergétique, et élimine progressivement les combustibles fossiles d'ici 2035.
Certains groupes environnementaux craignent, en outre, que le gouvernement norvégien n'utilise la crise énergétique comme levier pour développer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, retardant encore la transition énergétique du pays. Nombre d'associations pour le climat, cependant, admettent que la production de gaz naturel est nécessaire le temps que durera la guerre, achève le New York times. (jod)