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Des familles de soldats russes abattus manifestent leur colère

epa10179397 A handout photo made available by the Russian Defence Ministry press-service on 12 September 2022 shows Russian servicemen firing artillery at an undisclosed location in the Kherson region ...
Le ministère russe de la Défense a admis que 63 soldats avaient été tués par une frappe ukrainienne le soir du Nouvel An.Image prétexte: EPA RUSSIAN DEFENCE MINISTRY PRE

Des soldats abattus déclenchent une vague de critiques en Russie

Quelque 200 citoyens russes ont participé à un rassemblement dans une ville du centre du pays, d'où étaient originaires au moins 63 soldats tués par une frappe ukrainienne. Plusieurs commentateurs pro-guerre ont également réagi.
03.01.2023, 14:3208.05.2023, 13:44
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Fleurs et prières: des rassemblements se sont tenus mardi en Russie pour rendre hommage à des dizaines de militaires tués par une frappe dans l'est de l'Ukraine. Un choc qui a déclenché une vague de critiques contre l'armée.

Fait inhabituel en Russie, où les autorités restent discrètes sur les pertes militaires en Ukraine: environ 200 personnes ont participé à un rassemblement autorisé à Samara (centre), d'où étaient originaires certains des soldats tués. Selon des médias locaux, des rassemblements avaient lieu dans d'autres villes de la région, notamment Togliatti et Syzran.

Aveu rarissime, le ministère russe de la Défense a admis lundi que 63 soldats avaient été tués par une frappe ukrainienne le soir du Nouvel An sur un bâtiment où ils étaient stationnés à Makiïvka, ville sous occupation russe dans la région de Donetsk, dont Moscou revendique l'annexion. Kiev évoque un bilan bien plus élevé.

Une avalanche de critiques

Ces pertes, parmi les plus lourdes subies par Moscou au cours d'une seule attaque depuis le lancement de l'offensive contre l'Ukraine en février 2022, ont suscité un choc en Russie, ainsi qu'une avalanche de critiques de la part de commentateurs nationalistes pourtant favorables à l'intervention militaire.

L'émotion suscitée par ces pertes, nouveau coup dur pour le Kremlin après les revers enregistrés à l'automne, a été renforcée par le fait que les soldats tués étaient des réservistes qui avaient été mobilisés.

«Je n'ai pas dormi depuis trois jours», a déclaré lors de la cérémonie à Samara Ekaterina Kolotovkina, femme d'un général russe et présidente d'une association proche de l'armée, le Conseil des femmes de la deuxième armée combinée de la Garde.

«Nous sommes en contact permanent avec les femmes de nos gars. C'est très dur, ça fait peur. Mais nous ne pouvons pas être brisés. Le chagrin unit»
Ekaterina Kolotovkina

Trois jours après, le président russe Vladimir Poutine n'avait pas encore réagi à la frappe à Makiïvka, annoncée en pleine semaine fériée du Noël orthodoxe, une période traditionnellement joyeuse où les Russes se retrouvent en famille. Selon le ministère russe de la Défense, les missiles ont été tirés par des lance-roquettes multiples Himars, une arme fournie par les Etats-Unis aux forces ukrainiennes.

Après les défaites essuyées ces derniers mois par Moscou à Kharkiv (nord-est) et à Kherson (sud), qui avaient donné lieu à des critiques contre l'état-major russe, l'hécatombe de Makiïvka a suscité un nouveau pic de colère et des appels à châtier les responsables.

La rage des milieux nationalistes

Plusieurs voix se sont notamment élevées pour dénoncer le fait que des munitions auraient été entreposées dans le même bâtiment servant à loger les soldats, qui étaient par ailleurs autorisés à utiliser leurs téléphones portables, permettant leur géolocalisation par les artilleurs ukrainiens.

«Quelles conclusions seront tirées? Qui sera puni?»
Mikhaïl Matveïev, député communiste, élu à Samara

Plusieurs commentateurs pro-guerre, très suivis sur les réseaux sociaux, contestaient aussi le bilan de 63 morts, sous-estimé selon eux. Le compte Telegram Rybar, qui a plus d'un million d'abonnés, a dénoncé la «naïveté criminelle» ayant conduit à loger les militaires à côté d'un dépôt de munitions, dont l'explosion aurait aggravé le bilan.

«Malgré plusieurs mois de guerre, certaines conclusions n'ont toujours pas été tirées», constate de son côté le blogueur Boris Rojine, proche des milieux séparatistes pro-russes ukrainiens, fustigeant «l'incompétence» des hauts gradés de l'armée russe. Le correspondant de guerre russe Alexandre Kots déplore:

«Pourquoi continuons-nous à installer les mobilisés dans des hôtels, des auberges et des écoles professionnelles...»

Le célèbre ultra-nationaliste et critique de Poutine, Igor Guirkine, avertit lui qu'une telle frappe meurtrière peut se reproduire «à tout moment», regrettant que les généraux russes soient «incapables d'apprendre en principe».

(sda/jod)

Plus d'images de véhicules russes détruits en Ukraine
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Plus d'images de véhicules russes détruits en Ukraine
Une partie d'un char russe endommagé dans le village de Mala Rohan, près de Kharkiv, en Ukraine, le 13 mai 2022.
source: sda / sergey kozlov
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