La piste d'un règlement de comptes en relation avec le crime organisé est privilégiée après le meurtre d'un ex-député ukrainien prorusse, mercredi à Madrid, même si les enquêteurs suivent aussi celle d'un crime aux «motivations politiques», a-t-on appris jeudi de source policière.
Mercredi vers 9h15, Andriï Portnov a été abattu devant l'établissement scolaire huppé où il venait de déposer ses enfants à Pozuelo de Alarcón, une banlieue chic de Madrid. Plusieurs suspects, qui ont pris la fuite après les faits dans une zone boisée à proximité, étaient toujours recherchés jeudi par la police.
Juriste et ancien haut fonctionnaire en Ukraine, Andriï Portnov, 51 ans, avait été député dans les années 2000 avant d'être nommé chef adjoint de l'administration présidentielle de Viktor Ianoukovitch, chef de l'Etat prorusse qui avait fui vers la Russie après la sanglante répression en 2014 des manifestations proeuropéennes connues sous le nom de Révolution de Maïdan.
Portnov avait également fui le pays vers la Russie, puis l'Autriche, avant de revenir en Ukraine après l'élection à la présidence de Volodymyr Zelensky en 2019.
Selon des médias ukrainiens, Portnov avait réussi grâce à ses relations à quitter l'Ukraine en juin 2022, après le début de l'invasion russe, en dépit de l'interdiction quasi-totale de sortir du pays pour les hommes de 18 à 60 ans.
Malgré sa personnalité, la piste d'un meurtre lié au crime organisé apparaît la plus probable à ce stade aux enquêteurs, a-t-on souligné jeudi de source policière. Andriï Portnov était sanctionné, depuis décembre 2021, pour «corruption» par les Etats-Unis. Selon le Trésor américain:
Les Etats-Unis l'accusaient «d'avoir utilisé son influence pour acheter l'accès aux tribunaux ukrainiens et influencer leurs décisions, ainsi que pour avoir sapé les efforts de réforme».
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022, l'Ukraine a revendiqué ou s'est vu attribuer plusieurs assassinats visant des responsables militaires ou politiques et des soutiens idéologiques de la guerre en Russie et dans les territoires occupés, mais aucun en dehors de cette zone.
Plusieurs assassinats commis à l'étranger ont également été liés à la Russie, comme par exemple celui d'un déserteur russe ayant rallié l'Ukraine, tué en février 2024 en Espagne. (jah/ats)