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L'Ukraine a un problème avec ses drones et mise sur l'IA

L'Ukraine développe son propre système de défense aérienne

Face aux attaques massives de drones et de missiles russes, la défense aérienne est une priorité absolue pour l'Ukraine. Elle développe actuellement son propre système, qui devrait lui permettre de mieux résister.
30.08.2025, 08:0830.08.2025, 08:08
Simon Cleven / t-online
Un article de
t-online

L'Ukraine développe des systèmes de défense aérienne à un rythme effréné. Le but: se défendre contre les attaques incessantes de missiles et de drones russes.

Andrij Hyrtsenjuk dirige Brave1, une plateforme ukrainienne de coordination pour les technologies de défense. Il a déclaré au site The War Zone qu'une toute nouvelle industrie de missiles avait vu le jour dans le pays en l'espace de deux ans. Des dizaines d'entreprises travaillent désormais sur des missiles sol-air, plusieurs modèles sont utilisés sur des terrains d'entraînement militaire et certains sont déjà déployés sur le front.

Das norwegische Nasams-Luftabwehrsystem der Firma Kongsberg hat das VBS bei der Evaluation der Bodluv-Systeme ignoriert. HO
Un système de défense aérienne Nasams tire un missile Aspide (photo d'archive): l'Ukraine en utilise différents types.

Selon Hyrtsenjuk, l'accent est mis sur le développement de missiles peu coûteux, capables notamment de combattre les drones iraniens Shahed:

«Pour nous, il est essentiel de disposer d'armes bon marché capables d'abattre ces engins en toutes circonstances, quelle que soit la météo, de jour comme de nuit, dans les nuages, en hiver et à différentes altitudes».

La Russie attaque quotidiennement son adversaire avec des essaims de drones, dont certains en comptent plus de 100. Lors de la plus grande offensive à ce jour, l'armée russe a déployé 728 drones en une seule nuit en juillet. Ils peuvent transporter une ogive chacun. Elle pèse jusqu'à 60 kilos, voire 90 kilos pour les modèles plus récents. Dans la nuit de mercredi à jeudi, au moins huit personnes ont péri dans des attaques sur Kiev.

Multitude de systèmes antiaériens en Ukraine

Face à cette menace, l'Ukraine a lancé dès 2024 un programme visant à développer ses propres capacités de défense. Jusqu'à présent, elle dépendait grandement des systèmes occidentaux: les Patriot et Hawk américains, les Iris-T et Skynex allemand, le norvégien-américain Nasams et le franco-italien SAMP/T. Elle dispose également dans son arsenal de plusieurs systèmes de conception soviétique ainsi que de l’antiaérien russe S-300.

Mais cette diversité et la question du ravitaillement posent problème. Le Patriot américain s'est révélé particulièrement efficace pour la défense contre les missiles balistiques. Cependant, les missiles intercepteurs nécessaires à cela ne sont actuellement fabriqués qu'aux Etats-Unis et Washington a récemment hésité à plusieurs reprises à continuer les livraisons, car ses propres arsenaux s'épuisent. Un défi parmi tant d'autres pour la défense aérienne ukrainienne.

epa11584522 Vehicles of the IRIS-T SLM air defense system from Diehl Defence are stationed on the grounds, during the ceremonial commissioning at the Todendorf barracks in Todendorf, Northern Germany, ...
Le Iris-T (photo d'archive): les pays occidentaux ont fourni divers systèmes à l'Ukraine.Image: keystone

Par le passé, les Ukrainiens ont aussi utilisé à plusieurs reprises des systèmes dits «Frankenstein», une combinaison de lanceurs datant de l'époque soviétique et de missiles sol-air de conception occidentale. Avec le développement de leur propre solution, les concepteurs d'armes ukrainiens veulent désormais emprunter une nouvelle voie.

Aussi une question d'argent

Andrij Hyrtsenjuk considère lui aussi qu'une intégration dans des systèmes occidentaux tels que Patriot ou NASAMS présente des limites. Des limites d'ordre technique et financier:

«Nous utilisons tout ce que nous pouvons récupérer, acheter ou remettre à neuf, mais cela ne suffit pas. Parfois, il est plus facile de construire de lanceurs avec des commandes modernes, car la technologie évolue très rapidement».
Andrij Hyrtsenjuk à The War Zone

Le directeur de Brave1 n'a donné aucune information sur les capacités techniques des nouveaux systèmes. Les détails sont délibérément gardés secrets afin d'empêcher des contre-mesures russes.

L'IA à la rescousse de l'Ukraine?

La plateforme Brave1 a été créée, en avril 2023, par le gouvernement ukrainien afin de réunir les entreprises et les start-ups de l'industrie nationale de l'armement. Objectif: faire progresser plus rapidement les innovations et les idées pour développer et produire des systèmes d'armes adaptés aux besoins des forces armées.

Dans une interview accordée au site spécialisé Defence IQ, la manageuse Natalija Kuschnerska a expliqué que, outre la défense aérienne, l'accent était mis en particulier sur les drones terrestres et aériens, ainsi que sur les systèmes de guerre électronique. Brave1 encourage pour cela aussi le recours à l'IA et l'apprentissage automatique sur le champ de bataille. Elle explique:

«Les drones d'attaque munis d'une IA peuvent identifier les cibles sur le champ de bataille avec davantage de précision.»

Selon la responsable de Brave1, l'entreprise a «acquis une vaste expérience et tiré de nombreux enseignements», notamment dans le domaine de la défense contre les drones aériens. Et le processus se rode:

«Il faut d'abord ouvrir les marchés pour développer des innovations et des technologies. L'armée teste les développements dans des conditions de guerre réelles et donne son avis, puis les fabricants les perfectionnent pour une utilisation plus efficace encore».
Natalija Kuschnerska

Identifier en permanence les nouveaux besoins

Au cours des dernières années, l'Ukraine s'est surtout fait remarquer par cette approche en matière de technologie des drones. Les Ukrainiens ont longtemps bénéficié d'une avance technologique et quantitative sur la Russie, mais cette dernière a désormais rattrapé son retard, voire a réussi à retourner la situation à son avantage. Cela concerne en particulier les drones FPV, des appareils disponibles dans le commerce, équipés d'explosifs et commandés à l'aide de lunettes vidéo.

Selon Politico, le plus grand espoir des Ukrainiens réside donc dans l'IA. Viktor Sachartschuk a déclaré au média que l'on avait désormais atteint un point «de non retour où les drones bon marché et peu sophistiqués ne pourront bientôt plus rien». L'intelligence artificielle devrait permettre d'exploiter le potentiel restant dans ce domaine:

«D'ici un an, 90% de toutes les missions de drones réussies auront été influencées par l'IA».

Ces engins présentent toutefois le gros inconvénient de ne pas fonctionner par tous les temps. Difficile donc de remplacer complètement des systèmes d'armes traditionnels dans les domaines de l'artillerie et de la défense aérienne. Le directeur de Brave1, Andrij Hyrtsenjuk, en a désormais conscience: «Nous identifions les lacunes et les besoins supplémentaires, notamment les missiles sol-air».

Traduit de l'allemand par Valentine Zenker

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