S'il est une chose que tout le monde sait au sujet de la royauté britannique, c'est que, peu importe les remous provoqués par la marmaille rebelle, on se tait et on sourit. On appelle ça «sauver les apparences».
L'ultime outil de communication silencieuse (mais ô combien efficace) pour les résidents du Palais: les fringues. Les royals n'existant que pour être vus, et non entendus, leurs choix vestimentaires jouent un rôle capital.
Au-delà du protocole qui exige que leurs habits reflètent leur rang et leur position dans la hiérarchie, ils sont aussi le moyen de marquer un mécontentement. Voire des minis rébellions. N'en déplaise à Meghan Markle, indignée d'apprendre qu'elle n'était pas autorisée à porter la même couleur que la reine lors d'événements publics.
Si les looks d'Elizabeth II, Lady Diana ou Kate Middleton sont disséqués à longueur d'articles et de journées dans les magazines, ces messieurs ne sont pas en reste. Charles, par exemple, est depuis longtemps érigé en icône du style par le British vogue ou GQ.
Même le prince William, dont le style personnel est décrit comme «relativement conservateur», est toujours d'une élégance délicieusement british.
Au milieu de toute cette élégance royale, nous avons Harry. Harry, au sujet duquel la BBC s'interrogeait déjà il y a dix ans: «Prince Harry: icône de style ou fashion désastre?».
Depuis sa prime jeunesse, le royal rebelle n'a jamais caché que la mode lui passe à 12 000 km au-dessus. «Si vous cherchez des déclarations de mode, allez voir ailleurs», semblent clamer ses tenues à la discrétion remarquable, hors évènements officiels. Un mélange indescriptible de vestons flasques, chemises ouvertes et mocassins dégueu... Quand ce ne sont pas d'ignobles polos.
Et ça, c'est quand Harry ne ressemble tout simplement pas à «une version bâclée d'un garçon de fraternité universitaire américaine, avec casquettes de baseball débraillées, t-shirt usé, short cargo et sandales».
Un signe de plus (s'il en fallait) que le duc de Sussex n'est pas comme les autres membres des Windsor. Au-dessus de ces honnêtes et intègres membres de l'establishment, Harry a décrété qu'il ne laisserait pas ses tenues s'exprimer pour lui. De toute façon, il a toujours la bouche grande ouverte.
Et pourtant. Son refus de se plier à la tradition familiale constitue, malgré tout, un message.
Les looks débraillés du prince renforcent sa réputation d'être le membre «espiègle» de la famille royale, le «délinquant bien intentionné qui aime s'amuser», ou encore l'«électron libre potentiel» (décidément, la BBC ne croyait pas si bien dire en 2013).
Sa Californienne d'épouse n'a fait qu'accentuer les penchants du prince le moins élégant de l'histoire de la monarchie. Depuis que son couple s'est exilé sur la côte est, le message renvoyé par le look d'Harry est définitivement: «Regardez comme je suis cool, moi, le papa californien aussi modeste qu'ordinaire».
J'en veux pour preuve les quelques vidéos personnelles qui ponctuent la série Harry & Meghan, bribes de vie familiale dans lesquelles on voit le prince gambader joyeusement, chemise ample grande ouverte et shorts de sport, sur la propriété de Montecito, jouant au foot ou nourrissant les poulets.
Harry, bien sûr, n'est pas un papa californien modeste et ordinaire. «Mais pour un homme qui a grandi dans un environnement presque antithétique à cet idéal, c'est une déclaration en soi», conclut le Wall Street journal.
En affichant fièrement les fringues les plus informe(lle)s, Harry s'est créé les conditions pour atteindre son objectif: envoyer valser la monarchie.