De prime abord, à l'exception d'être nées à quelques jours d'intervalle, Britney Spears et Kate Middleton n'ont pas grand-chose en commun. L'une est américaine, l'autre anglaise. L'une est blonde, l'autre brune. L'une a fait carrière, l'autre un bon mariage. L'une a appris à chanter, l'autre à se taire. L'une semble fragile, l'autre dure comme un roc.
La princesse de la pop et la princesse de Galles partagent pourtant bien plus. Kate et Britney ont ce «truc». Magique. Inexplicable. Ce petit plus qui suscite adoration, joie et fascination. Est-ce une aura, une personnalité, un détail, un don, un sourire, une fossette? Un mix généreux entre beauté, gloire et paillettes? Tout ça à la fois?
Pour Kate comme pour Britney, la célébrité est arrivée très vite, très jeune. Le passage d'un anonymat confortable à la célébrité mondiale, écrasante, a été brutal. Du jour au lendemain, ces créatures ont été scrutées, décryptées, détaillées, analysées, critiquées, adulées. Les détails de leur existence étalés dans les pages de la presse et sur les sites internet. Un paparazzi à chaque coin de rue pour traquer ces semi-divinités à la quête d'une faiblesse. Elles sont devenues source de frénésie, de gros titres, de hurlements, d’effusions et de débordements d'amour. Les propriétés d'une foule accro, demandeuse, affamée.
Et puis, au milieu de cette ferveur populaire, il y a eu un hic. Une faille. Un moment de détresse inattendu. Kate, comme Britney, après des années de don de soi, ont ressenti le besoin momentané, légitime, urgent, de se retirer. Juste le temps de prendre soin d'elles, à l'abri des regards. En privé. C'est oublier que les célébrités, ces privilégiés qui ont «tout», argent, puissance, célébrité et joli manoir de 12 pièces avec piscine, n'ont droit ni à l'intimité ni au secret. Nous autres, public, internautes, médias, sommes exigeants. Nous avons soif.
Dans notre esprit, les people ne sont que des entités abstraites. Lointaines et pourtant si familières, parfois même intimes. Des visages photographiés, imprimés, affichés, pixelisés. Tout sauf des êtres humains de chair, de sang et d'émotions, capables de souffrir, tomber malade ou abriter un sursaut de mauvaise humeur. Des êtres qui pensent, mangent, pissent, chient, saignent, prennent du poids, subissent leurs règles ou avalent un cachet d'aspirine pour faire passer leur mal de crâne. Nous préférons oublier, ravis de pouvoir babiller sur ce que nous savons et, surtout, ignorons de leur vie intérieure.
Pour une marée de fans, trolls, journalistes, photographes, adorateurs et haters, leur souffrance est devenue une source de divertissement. Une matière à alimenter le maelström incontrôlable de rumeurs, ragots, moqueries, théories du complot et excès nauséabonds. Sont-elles mortes? Enfermées? Remplacées par un clone? Ont-elles seulement jamais existé? Au centre de ces délires et de ces histoires, rien d'autre qu'un être humain en difficulté.
Et puis, un soudain mais tardif accès de conscience. Kate, Britney et les autres sont des gens presque comme nous. La vérité, leur vérité, se révèle nettement plus moche, moins fantaisiste ou salace que ce que nous avons bien voulu imaginer. Aux blagues légères et à la méchanceté succède la mauvaise conscience. Puis un rétropédalage maladroit.
Kate n'est pas en pleine convalescence d'une opération de chirurgie esthétique du cul? «Je suis mortifiée», chouine Blake Lively ce week-end, après un ricanement facile sur les fails Photoshop. Pendant que l'animateur du Late Show, Stephen Colbert présentait, bon gré mal gré, ses excuses pour avoir surfé sur les rumeurs d'un potentiel adultère. «Nous sommes tous à blâmer», écrivait en 2021 le magazine Glamour, en plein mouvement #FreeBritney, dans un post Instagram.
Ne nous méprenons pas. Kate ne sera pas la dernière. Il y aura d'autres êtres humains pour alimenter la tornade. Estimons-nous heureux si la princesse de Galles nous pardonne un jour. Car la princesse de la pop, elle, ne reviendra sans doute jamais.