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famille royale britannique

Elizabeth II est morte dans des conditions «chaotiques»

Deux ans après la mort d'Elizabeth II, retour sur la mort de la souveraine dans des conditions plutôt chaotiques.
Si la reine Elizabeth s'est éteinte «paisiblement», les heures précédant sa mort relèvent plutôt du chaos. montage: watson

Il y a deux ans, la Reine mourrait dans des conditions «chaotiques»

Deux ans jour pour jour après sa disparition, les dernières heures d'Elizabeth II sont bien documentées. De la guerre des clans aux personnes présentes au chevet de la mourante, retour sur une course contre-la-montre «chaotique», qui a pris «tout le monde par surprise».
08.09.2024, 21:2209.09.2024, 09:57
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Ce jeudi 8 septembre 2022 est censé être un jour comme les autres pour la famille Windsor. Une journée «normale», rythmée par le travail, les horaires d'école des enfants, les obligations et les rendez-vous. Un discours, une interview, une apparition publique, un dîner. La routine royale. Personne ne s'attend à ce que son programme bien rodé soit bousculé par le déclin rapide d'Elizabeth II. Encore moins que, d'ici quelques heures à peine, la reine d'Angleterre ne sera plus.

«Mercredi, personne ne s’attendait à ce qu’elle meure jeudi»
Un proche de la famille royale au Daily Beast.

Pendant que Kate et William peaufinent leur emménagement à Adelaide Cottage et la rentrée scolaire des petits dans l'école du coin, Harry et Meghan se trouvent justement au Royaume-Uni, dans le cadre d'une tournée européenne de quelques jours. La princesse Anne, elle, doit assurer un évènement caritatif à Blairgowrie. Quant à Charles et Camilla, en Ecosse également, ils ont programmé une interview à 14h30, avec une journaliste de la chaîne NBC.

Un «faux sentiment de sécurité»

Dans l'entourage de Sa Majesté, tous sont conscients que la monarque de 96 ans est de plus en plus fragile. On ne se fait pas d'illusion. Mais il arrive d'oublier. Le diagnostic d'un cancer de la moelle osseuse et la souffrance épisodique. La perte de vue et d'audition. Sa «confusion», par moments. Désormais, la reine se déplace rarement sans son fauteuil roulant. Un secret bien gardé dans les annales du Palais.

Rien ne laisse toutefois présager que son état de santé s'apprête à se dégrader subitement.

«Elle était si malade et depuis si longtemps, que le fait d’être photographiée en train de rencontrer Liz Truss a endormi les gens dans un faux sentiment de sécurité»
Un proche de la famille royale, au Daily Beast.

La veille encore, en effet, Sa Majesté recevait successivement son ancien premier ministre, Boris Johnson, et sa successeur, Liz Truss, au château de Balmoral, pour la passation officielle du pouvoir. Deux rendez-vous d'une quarantaine de minutes chacun. La journée s'est même achevée par l'investiture de son secrétaire de longue date, Donal McCabe, de l'insigne de lieutenant de l'Ordre royal de Victoria. Il est la dernière personne à avoir été officiellement honoré par la reine.

ABERDEEN, SCOTLAND - SEPTEMBER 06: Queen Elizabeth II waits in the Drawing Room before receiving newly elected leader of the Conservative party Liz Truss at Balmoral Castle for an audience where she w ...
L'ultime photo de la reine vivante, après ses entrevues avec Boris Johnson et Liz Truss, le mercredi 6 septembre.Getty Images Europe

Ce n'est que le lendemain que les premiers signes visibles se manifestent. Lesquels exactement? On l'ignore. Reste que, en fin d'après-midi, le Palais annonce dans un communiqué sobre et discret qu’après la «journée complète» de mardi, Sa Majesté n’assistera pas à une réunion virtuelle du conseil privé prévue le soir même. Rien de trop alarmant. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'Elizabeth est contrainte de renoncer à un rendez-vous pour se reposer.

Pourtant, ce jour-là, quelque chose est différent. En sous-voie, à Londres, Liz Truss est avertie de la situation. La toute nouvelle première ministre planche jusque tard dans la nuit sur la déclaration énergétique du Royaume-Uni, son premier acte majeur. Il faut qu'elle se tienne prête. L'opération «London Bridge» pourrait être imminente.

Liz Truss n'a pas encore emballé toutes ses affaires lors de son emménagement au 10, Downing Street. Des assistants sont envoyés à son domicile de Greenwich pour aller chercher des vêtements noirs, selon sa biographie Out of The Blue.

Pendant ce temps, en Ecosse, au château de Balmoral, la princesse Anne est la seule membre du clan Windsor à se trouver aux côtés de sa mère. Andrew et Edward sont en Angleterre. Quant à Charles, il réside à quatre heures de route de là, sur son domaine de Dumfries House. Les informations sur l'état de santé de la matriarche ne sont pas encore suffisamment inquiétantes pour que ses enfants et petits-enfants bousculent leur emploi du temps pour se rendre en urgence à Balmoral.

Le futur roi maintient donc son dîner avec Jenna Bush Hager, la journaliste de NBC, qui doit interviewer sa femme le lendemain. Camilla, justement, n'a pas pu arriver à temps pour le repas - son vol a eu du retard. Malgré tout, «c'était un bon repas», témoigne Jenna Bush Hager dans l'émission «Today».

«Nous avons eu une merveilleuse soirée, pleine de conversations joyeuses»

Tout se précipite

La plupart des sources royales s’accordent sur le fait que tout s'est joué rapidement. Jeudi matin, Anne quitte quand même Balmoral pour assurer un engagement à proximité, pour une association caritative «Riding for the Disabled». Au milieu de l'évènement, elle est sommée de revenir le plus vite possible au château.

La santé de la reine s'est encore détériorée.

A 6h48 du matin, un hélicoptère royal décolle du domaine de Windsor pour aller chercher Charles à Dumfries House. Le fils aîné d'Elizabeth, photographié en train de monter à bord de l'appareil, atterrit à Balmoral à 10h27.

The royal helicopter spotted after landing at Balmoral Castle this morning.
L'hélicoptère royal après s'être posé au château de Balmoral, le matin du 8 septembre.

Pendant ce temps, rien n'indique, en apparence, que les autres membres de la famille royale soient particulièrement inquiets. Tous, pourtant, ont été informés. Une question difficile se pose. Se rendre sur place trop tôt et risquer de donner l'alerte? Ou trop tard, et rater la seule occasion de dire au revoir?

Certains initiés suggèrent que les Windsor savent très bien qu'Elizabeth est sur le point de rendre l'âme. Leur objectif n'est alors pas d'être présents au moment du décès. Seulement d'éviter de céder à la précipitation et de provoquer une panique médiatique générale.

Ce n'est qu'à 12h32, alors que la journaliste Jenna Bush Hager vient d'apprendre que son entretien avec Camilla va devoir être reporté, que le palais de Buckingham publie un nouveau communiqué:

«Les médecins de la reine sont préoccupés par la santé de Sa Majesté et ont recommandé qu'elle reste sous surveillance médicale. La reine reste à l'aise à Balmoral»

Le royaume retient son souffle. Les présentateurs de la BBC dégainent la cravate noire de rigueur. Vingt minutes plus tard, William, Andrew, Edward et sa femme Sophie se mettent en route pour l'Ecosse.

La guerre de clans

L'avion militaire déployé pour le groupe royal doit décoller à 13h30. Mais il restera maintenu au sol encore cinquante longues minutes. La faute, selon une source militaire au Daily Beast, à une grave dispute au sein de la famille: Harry insiste pour que Meghan ait sa place à bord.

Prince William, the new Prince of Wales, and Prince Harry, the Duke of Sussex, arrive to view floral tributes to Queen Elizabeth II laid outside Cambridge Gate at Windsor Castle on 10th September 2022 ...
Les relations entre les deux frères sont alors, déjà, extrêmement tendues.Image: In Pictures

Il n'est pas encore question de série sur Netflix ni de livre tapageur, mais les relations entre les Sussex et le reste du clan sont déjà au point mort. En particulier entre les frères William et Harry. «Ils n'avaient pas échangé un mot cordial depuis des mois. Et là, Harry a envoyé un texto pour lui demander s'il pouvait emmener Meghan!», s'étrangle un ami de William.

«Je pense que s'il n'y avait eu que Harry, on aurait peut-être pu trouver un moyen. Mais Meghan aussi? Euh, non merci»
Un ami du prince William, au Daily Beast.

Mis face à un «non» catégorique, les Sussex décident de forcer la main et de faire vol à part. Dans un communiqué publié à 14h00, ils annoncent manquer la remise de prix des WellChild Awards à Londres pour se rendre en Ecosse. Invitation ou pas. Pendant ce temps, l'avion militaire et ses passagers trépignent toujours sur le tarmac de l'aéroport de Northolt.

Harry décrit la suite des événements dans ses mémoires, Spare: «Pa nous a de nouveau appelés. Il m'a dit que j'étais le bienvenu à Balmoral, mais qu'il ne voulait pas... d'elle. Il a commencé à exposer ses raisons, qui étaient absurdes et irrespectueuses, et je ne l'ai pas accepté.»

«Ne parle plus jamais de ma femme de cette manière»
Harry à son père, Charles, selon ses mémoires Spare.

«Il a balbutié, s'est excusé et a dit qu'il ne voulait tout simplement pas qu'il y ait beaucoup de monde dans les parages. Aucune autre femme ne venait. Kate ne venait pas, donc Meg ne devait pas venir», conclut Harry.

«C'est bon, c'est tout ce que tu avais à dire»
Harry à son père, Charles, selon ses mémoires Spare.

A 14h40, l'avion royal décolle enfin. Selon une source, le retard serait effectivement dû aux incertitudes sur la présence de Harry ou non dans l'avion.

De toute façon, il est déjà trop tard.

La fin du chaos

Si le certificat de décès indique 15h10, le moment de la confirmation par les médecins, la reine aurait poussé son dernier souffle à 14h37. Seuls Anne et Charles se trouvent alors dans la chambre, aux côtés de leur mère.

Alors qu'ils n'ont pas encore quitté Londres, les passagers de l'avion de la RAF sont informés de la nouvelle. Selon le correspondant royal Tom Sykes, il est possible que, réalisant qu'il ne sert plus à rien d'attendre un autre passager, l'ordre est finalement donné de décoller. Le groupe à bord du jet atterrit à l'aéroport d'Aberdeen à 15h50 - soit plus de 40 minutes après la mort officielle. C'est William qui conduit la troupe à Balmoral en voiture. A 17h06, enfin, ils atteignent le château de Balmoral.

The Duke of Cambridge drives a car carrying the Duke of York, and the Earl and Countess of Wessex into Balmoral in Scotland, where the Queen is under medical supervision with the royal family rushing  ...
Le prince William, au volant de la voiture qui mène les Windsor au château de Balmoral.PA Images

Pendant ce temps, le jet privé défrayé par le prince Harry n'a pas encore quitté l'aéroport de Luton, à Londres. Lorsque tombe l'annonce officielle, à 18h30, il est encore dans les airs. Quinze minutes plus tard, il pose le pied en Ecosse. Le monde entier est au courant.

Selon le prince, c'est par l'intermédiaire de la BBC qu'il a appris la disparition de sa grand-mère. Une version fermement démentie par le palais de Buckingham, qui jure que tous les membres de la famille royale ont été informés avant les agences de presse.

Harry parvient finalement à Balmoral à 19h52. Son père a déjà rendu son propre hommage personnel à Elizabeth. Le nouveau roi d’Angleterre a disparu, sans l'accueillir, pour un dîner privé avec son fils aîné William, dans sa maison de Birkhall. Le duc de Sussex restera à Balmoral, en compagnie de ses oncles et tantes, Anne, Edward et l'oncle en disgrâce, Andrew. Un camouflet. Il y en aura d'autres.

Pendant ce temps, le corps d'Elizabeth II repose paisiblement dans sa chambre à coucher. Sa dernière aventure, un itinéraire sinueux de six heures à travers l'Ecosse, est sur le point de commencer. Mais ça, la reine, qui avait si peu le goût du chaos, l'avait déjà minutieusement planifié.

(Cet article a été initialement publié le 8 septembre 2023. Il a été mis à jour et republié.)

Les funérailles d'Elisabeth II
Video: watson
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