Dans les quartiers chauds de Tokyo, un métier très prisé permet à de nombreux jeunes hommes de pouvoir gagner leur vie. Des visages lisses qui étalent leurs gains sur des enseignes lumineuses. Un marketing frontal, et parfois douteux, qui séduit de nombreuses jeunes femmes.
Le pays compte un millier de bars à «hosts», alors que la capitale japonaise en comptabilise 300.
Le reportage de France 2, diffusé le 22 mai, décrit une industrie qui fait un tabac auprès des femmes japonaises, friandes de ce genre de service. Si bien qu'elles peuvent fortement s'endetter. Pour son «homme de compagnie», Oki a accumulé 400 000 euros de dettes et s'est même prostituée pendant un an. En témoignant devant les caméras de la chaîne française, elle expose les dangers de cette pratique. Eprise de son «host», la jeune femme s'est totalement abandonnée à son prince charmant. Mais tout ce petit manège n'était qu'une illusion et son portefeuille s'est vidé à force de visites auprès de son séducteur professionnel.
Elle était comme hypnotisée:
Pour éponger ses dettes, son Don Juan éphémère lui offre une porte de sortie, en forme de bout de papier, un numéro de téléphone inscrit dessus. Oki est redirigée dans une maison de prostitution «très spéciale», où elle vendra ses charmes une année durant. Elle souhaitait faire «quelque chose» pour celui qu'elle «aimait», avoue-t-elle, totalement sous l'emprise d'une romance qui n'existait pas.
Cette tendance emboîte le pas à un changement de paradigme dans la société japonaise: 40% des Japonaises ne veulent plus se marier. Ces femmes indépendantes et riches comblent leur solitude auprès de jeunes charmeurs assoiffés de billets.
Cette vision est perçue comme une revanche des Japonaises sur la société. Si elles semblent à première vue tirer les ficelles, la réalité est différente; ces femmes n'échappent pas au filet d'une domination (masculine) pernicieuse qui tire profit d'une solitude qui touche de plus en plus le pays. Le Japon fait face à un réel problème de société, où plus d'un jeune adulte sur quatre n'a jamais vécu de relation amoureuse.
Parmi ses jeunes femmes interrogées par France 2, il y a Yuko, une esthéticienne de 24 ans. Elle explique ce sentiment de bien-être après avoir «allongé» 180 euros pour parler une heure avec son homme de compagnie: «Moi, je me sens tellement bien ici. Ils me traitent comme une princesse.»
Pas de bisous ou de coucheries, simplement des caresses et des mots doux. Or, la foire des casanovas nippons flaire quelque chose de malsain, au vu des millions qui sont faits sur le dos de ces femmes. Si bien que les autorités commencent à se poser des questions, à force de voir les plaintes s'empiler à l'encontre de ces bars à «hosts». Le reportage rapporte qu'en 2024, des raids ont été lancés sur des centaines d'établissements, et une loi devrait être votée pour encadrer ce secteur controversé.
Ce nouveau cadre devrait stopper le paiement différé, qui occasionne des dettes abyssales pour les jeunes femmes à force de consommer à crédit.
Et, comme Oki, si des femmes sous le charme d'«hosts» sont encouragées à se prostituer, ces derniers pourraient se voir condamnés à des peines de prison ferme. (svp)