Société
Mode

Shein: ces clients sont partagés entre prix et culpabilité

Ces clients de Shein sont partagés entre prix bas et culpabilité
A Dijon, un pop-up store Shein a ouvert. Les clients sont venus en nombre.Image: AFP

«Je viens pour le prix»: on était à l'ouverture d'une boutique Shein

A Dijon, Shein a ouvert un nouveau magasin éphémère. Si ces consommateurs sont conscients de la face obscure, dur de résister aux prix bas.
26.06.2025, 21:0026.06.2025, 21:00
Loïc VENNIN, dijon / afp

«C'est une question de budget»: à Dijon, plusieurs centaines de clients se sont rués jeudi dans la nouvelle boutique éphémère de la plateforme asiatique controversée Shein, opposant l'avantage de prix «trois fois moins chers» aux critiques sur l'ultra fast fashion.

«Je cherche à faire une bonne affaire», dit Chayma Benamar, 18 ans, qui attend patiemment dans une queue de près de 200 personnes formée dès avant l'ouverture, à 10h00, de la dernière boutique éphémère de la plateforme Shein.

Ces «pop-up store événements» - comme les nomme le groupe de Singapour dans une opération de communication bien huilée -, se pratiquent déjà depuis 2022.

Ces clients de Shein sont partagés entre prix bas et culpabilité
Une atmosphère «exclusive» qui tranche avec les prix et la qualité.Image: AFP

Mais, après Paris, Lille et Marseille, la marque a voulu «aller à la rencontre de ses clients» qui vivent à 95% hors de ces grandes villes, explique le porte-parole de Shein, Quentin Ruffat.

Pendant 9 jours, la marque va «proposer une expérience immersive à ses clients autour d'un message fort: la mode doit être accessible à toutes et tous», vante Shein.

Chayma confirme:

«Oui, c'est un bon prix. C'est pas toujours de la qualité mais on a le prix»

Avant d'ajouter:

«Mais je ne le ferais pas si j'avais plus d'argent»

Avec ses millions de produits importés de pays à bas coût de main-d'oeuvre, notamment de Chine, Shein est accusée par ses détracteurs de contribuer à la mode ultra-éphémère, destructrice de la planète et d'emplois en Europe, à tel point qu'une proposition de «loi anti-Shein» vient d'être adoptée à l'unanimité par le Sénat français.

Le texte doit encore être avalisé à l'automne lors d'un accord députés-sénateurs. Il instaure notamment une taxe sur les petits colis importés dans l'Union européenne, comprise entre deux et quatre euros.

Des clients partagés entre prix bas et culpabilité

L'objectif environnemental du texte est «louable», répond Shein, car l'industrie textile représente «10% des émissions de gaz à effet de serre» mais il faut une loi «collective» et non une «loi anti-Shein», estime le porte-parole de Shein. Il rappelle que le groupe ne représente que «7% des ventes de vêtements en France».

Selon une étude Ifop datant de février 2025 et souvent citée par Shein, six Français sur 10 consacrent moins de 200 euros par an à l'achat de vêtements neufs. «On répond à ces besoins», juge Quentin Ruffat.

Léa, 26 ans, pressée de se ruer sur les portants de la petite boutique dijonnaise bondée de 250 m2 se justifie aussi:

«Les produits français, c'est hors de prix. Ici, je viens avant tout pour le prix»

Les tarifs de Shein battent «même les soldes» de 40 à 50% affichées juste à côté, assure-t-elle.

Ces clients de Shein sont partagés entre prix bas et culpabilité
Il fallait s'inscrire pour avoir le droit de rentrer dans la boutique.Image: AFP

Colette Raydellet qui, du haut de ses 79 ans, est une des rares clientes dépassant la trentaine, le confesse aussi:

«Oui, je préfèrerais acheter français, de loin. Mais c'est une question de budget: c'est trois fois moins cher ici et je n'ai pas une grosse retraite».

Selon Shein, qui a mis en place un système d'inscription à l'entrée dans la boutique dijonnaise, l'ensemble des créneaux disponibles pour la journée de jeudi, soit environ 1600 clients, ont été réservés.

L'ouverture de la boutique n'a pas manqué de susciter la polémique. La branche locale de l'association de consommateurs et usagers CLCV (consommation, logement, cadre de vie) a «dénoncé» le pop-up store.

«Derrière ses prix ultra-compétitifs et son marketing ciblant les jeunes consommateurs, Shein incarne un modèle économique incompatible avec les enjeux actuels de consommation responsable, de respect des droits humains et de préservation de l'environnement.»

Cette poussée de la mode ultra express, de la hausse des coûts de fabrication et des achats en ligne a contribué aux difficultés de nombreuses chaînes hexagonales qui ont mis la clé sous la porte ou été placées en redressement judiciaire. Parmi elles, Camaïeu, Kookaï, Princess Tam Tam, Comptoir des Cotonniers, Naf Naf ou encore Jennyfer.

L'ironie en 22 images
1 / 24
L'ironie en 22 images
source: imgur
partager sur Facebookpartager sur X
Se battre pour un transat? C'est la vie qu'ils ont choisi
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
«Angoissant» Cette Suissesse et son groupe reçoivent des menaces de mort
Le groupe Katseye, dont fait partie la Suissesse Manon Bannerman, a révélé dans une interview à la BBC recevoir de nombreuses menaces de mort depuis ses débuts. La situation ne s'arrange pas avec sa nomination aux Grammy Awards.
Elles sont jeunes, elles sont partout, et bien entendu, elles sont très publiques. Le groupe Katseye, qui a fait ses débuts voici un an au terme de l'émission Dream Academy sur Netflix, a connu une poussée de célébrité fulgurante aux quatre coins du monde.
L’article