Comme dit la formule: «Ce fût court, mais intense». On pourrait difficilement mieux décrire le saut de puce du prince Harry dans son pays natal, entre mardi et mercredi. Un saut de puce, certes, mais un pas de géant vers une amélioration des relations au sein de la famille royale.
C'est peu dire que l'élan de miséricorde du duc de Sussex, qui s'est précipité dans le premier avion après l'annonce du cancer de son père, a suscité de grandes attentes. Les retrouvailles entre père et fils au palais de Buckingham n'auront finalement duré qu'une demi-heure. Pour Harry, un retour sur investissement un peu court, vous admettrez, compte tenu des 24 heures de vol aller-retour qui séparent Londres de Los Angeles - même si le duc n'en est pas à son premier séjour express.
A en croire les courtisans, cette petite demi-heure ne constitue toutefois pas un affront à l'égard du prince. Selon le Times, ce bref premier face-à-face en 9 mois s'explique par la «fatigue» du roi après son hospitalisation. Pour s'assurer de voir Harry, Charles aurait carrément retardé son retour en vol en hélicoptère vers sa résidence de Sandringham. Quelle noblesse.
De son côté, après avoir passé la nuit dans un hôtel de la capitale plutôt que dans une résidence royale, le duc de Sussex est reparti presque aussitôt pour retrouver sa famille et sa Californie bien-aimées. Il a été aperçu à l'aéroport Heathrow, 25 heures seulement après avoir posé le pied au Royaume-Uni.
25 heures bien trop courtes, évidemment, pour envisager de rencontrer son frère William autour d'un brunch (d'autant qu'on ne sait que trop bien ce qu'il se passe, quand les deux frangins se trouvent autour d'un english breakfast et d'un plat de saucisses).
Bien que les deux fils du roi d'Angleterre ne se soient pas vus en personne depuis plus d'un an, des retrouvailles n'étaient même absolument pas prévues au programme, comme le confirme source du palais au Times: «Il n’y a eu aucun plan, rien dans l’agenda.»
Si un proche d'Harry jure au Daily Mail que «si l’occasion s’était présentée de voir le prince de Galles, le duc l’aurait volontiers acceptée», on ne peut s'empêcher sentir pointer une once de regret face à ce n«on rendez-vous» manqué. Harry et William n'ont-ils pas laissé filer une occasion unique de se rabibocher? Combien de temps, et quel prétexte, faudra-t-il attendre désormais pour espérer voir les frères se trouver dans la même pièce sans se jeter dans la gamelle du chien?
Des années après la fuite du suppléant vers les Etats-Unis, son interview à Oprah Winfrey, sa série Netflix et ses mémoires sulfureuses, l'héritier du trône ne décolère pas. La fuite récente du nom des «racistes royaux» dans le livre du chroniqueur royal Omid Scobie n'a fait que jeter de l'huile sur le feu. «Il ne s'agit pas seulement de deux potes qui se disputent. Le fait est qu'Harry a trahi la monarchie. On ne peut pas lui faire confiance», confie un fidèle de William.
Si l'idée de réconciliations passera peut-être un jour par l'esprit de William, pour l'heure, il vaque à d'autres préoccupations. Le retour de son frère au Royaume-Uni coïncidait avec la première apparition publique de son aîné, depuis l'annonce de l'opération de Kate et celle du cancer de Charles, pour deux engagements qui figuraient de longue date dans son agenda.
Après une cérémonie d'investiture au château de Windsor, tout fringuant dans son uniforme de la RAF, William s'est envolé vers un dîner de gala de récoltes de fonds pour la flotte d'hélicoptères de l’East Anglian Air Ambulance. L'occasion d'un discours au ton étonnement léger, compte tenu des circonstances. Après les remerciements pour «les aimables messages de soutien à Catherine et à mon père, surtout ces derniers jours. Cela signifie beaucoup pour nous tous», William s'est même autorisé un trait d'humour.
L'occasion même d'une petite boutade à l'invité d'honneur de la soirée... Tom Cruise himself. «Je n'ai pas mis mes pantoufles Top Gun ce soir», lui a glissé le prince. Une clin d'œil à leur dernière rencontre, en mai 2022, à l'occasion la première de Top Gun, où les chaussures de velours brodés du prince ornés d'avions de combat avaient fait sensation.
Alors qu'il s'apprête à se remettre sur off la semaine prochaine pour être aux côtés de sa femme et leurs enfants pendant les vacances scolaires, le prince doit se préparer à voir ses plans de carrière sérieusement bousculés.
Lui qui préférait consacrer son temps à des thématiques sociales au long court plutôt qu'aux coupures de ruban et aux autres tâches cérémonielles fastidieuses, il va sans doute devoir écoper d'une partie des engagements de son père. «William s'est consacré moins au travail quotidien de la monarchie que son père, se concentrant plutôt sur des engagements plus importants et plus fastueux», confirme l'historien Ed Owens.
En attendant qu'il récupère une partie de ce fardeau, William continue de briller dans les soirées de gala - et de déposer et de récupérer ses enfants à leur école du Berkshire, à l'ouest de Londres.