«Taylor Swift n'est plus à la mode.» C'est un certain Donald Trump que le dit. Une pique partie de nulle part, comme ça, gratuitement, et postée sur son réseau social, vendredi dernier. Si nous n'allons pas donner au président de 78 ans l'apanage du «cool», et bien que le courroux notoire du président américain à l'égard de la star de la pop n'en fasse pas l'observateur le plus objectif, il faut reconnaître qu'il est aujourd'hui l'un des seuls à parler encore de Taylor Swift.
Difficile de croire qu'il n'y a pas si longtemps, à l'exception des fans transis, nous étions tous au bord d'une méchante indigestion swiftesque.
Comme un virus, elle était partout. Partout. Partout. Des bracelets de l'amitié accumulés aux poignets de votre petite-cousine, aux écouteurs de votre collègue de travail, en passant par les revues de concert des médias prestigieux et les colonnes des tabloïds. Taylor Swift sort un album. Taylor Swift rafle un énième prix. Taylor Swift fait trembler la planète. Taylor Swift bat un record. Taylor à la plage. Taylor au restaurant. Taylor et son jet. Taylor et Travis. Travis et Taylor. Taylor et ses copines.
Taylor. Taylor. Taylor.
Force est de constater qu'aujourd'hui, la «personnalité de l'année 2024» de TIME Magazine n'apparaît nulle part. Comm évaporée. Disparue.
On exagère peut-être un poil. La chanteuse s'est manifestée dimanche, non pas pour répondre aux attaques du locataire de la Maison-Blanche, mais sous la forme d'un «J'aime» discret sous un TikTok de Natalia Bryant, fille du regretté joueur de la NBA Kobe Bryant, dansant sur l'une de ses chansons. Ce qui lui a tout de même valu un article dans People.
On a également vu son nom pour la première fois depuis longtemps, mercredi dernier, sur le site de TMZ, après que la police a découvert des restes humains enterrés près de la somptueuse demeure de l'artiste, à Rhode Island.
Autant dire que l'actualité autour de Taylor Swift est aussi mouvementée qu'un cadavre tout froid enfoui dans le sable (un fait-divers qui a d'ailleurs ravi sa communauté de fans, les Swifities, puisque cela leur donnait enfin un prétexte pour parler d'elle).
Si le contraste entre la carence en gros titres et le raz-de-marée de l'an dernier est choquant, il s'explique aisément. A la fin de son monumental Eras Tour en décembre dernier, qui, rappelons-le, a compté 149 dates en l'espace de 21 mois, attiré plus de 10 millions de spectateurs et généré près de 2 milliards de dollars, la trentenaire avait bien mérité un peu de repos.
Son amie et fan de la première heure, la jeune basketteuse de 23 ans Caitlin Clark, a d'ailleurs récemment confirmé à USA Today qu'elle était toujours «en vacances». Lorsqu'on lui demande si Taylor Swift et son compagnon Travis Kelce comptent faire une apparition à un match des Indiana Fever cette saison, le visage de la joueuse s'illumine. «Oh mon Dieu, je ne sais pas», souffle-t-elle. Enfin... je l'espère.»
En parlant de «copine», il en est une qui pourrait avoir conforté Taylor dans sa volonté de faire profil bas: Blake Lively, dont les drames judiciaires en cours face à l'acteur Justin Baldoni auraient eu raison de son amitié de dix ans avec la chanteuse country.
La semaine dernière, dans une lettre soumise au tribunal, l'équipe juridique de Justin Baldoni affirmait que Blake Lively, de plus en plus désespérée, aurait menacé son amie de divulguer leurs échanges de SMS «intimes», si cette dernière ne se rangeait pas publiquement de son côté.
Des allégations que les avocats de Blake Lively ont «nié catégoriquement». Mais le mal est fait. Les rumeurs se multiplient. Entraînée bien malgré elle dans cette saga douloureuse, Taylor Swift, dont on connait le désir impitoyable de contrôler son image, n'a pas prononcé un seul mot de soutien pour sa meilleure amie.
Pis: elle regretterait même d'avoir «jamais avoir rencontré» Blake Lively, selon une source bien informée dans le Daily Mail.
Et pour ceux qui préfèrent parler business plutôt que dramas, on apprend qu'en coulisses, malgré les vacances, Taylor Swift oeuvrerait au rachat des enregistrements originaux de ses six premiers albums, à l'origine d'une âpre bataille juridique avec Scooter Braun. Le manager tout puissant se les était appropriés pour 300 millions de dollars, en 2019.
Une manoeuvre qui avait incitée la chanteuse, ulcérée, à réenregistrer tous ses albums sous le nom de «Taylor's version». Un an plus tard, Scooter Braun avait déjà revendu tous les enregistrements à la société d'investissement Shamrock Capital, pour en retirer un joli bénéfice.
Or, selon des sources auprès de Page Six, la société souhaite désormais les revendre à Taylor Swift. Et la personne qui encouragerait Shamrock Capital à rendre les originaux à sa créatrice ne serait autre que... Scooter Braun en personne.
Le signe que, peut-être, celui que la chanteuse décrivait comme un «tyran» et «la définition même du privilège masculin toxique dans notre industrie», a nourri quelques regrets.
Ne nous inquiétons pas pour Taylor Swift, dont la parole et les apparitions sont réglées avec la précision maniaque d'un métronome. Celle qui n'a même pas besoin d'ouvrir la bouche pour générer des litres d'analyses et ne dispense que deux interviews par an doit savourer ce moment de répit. Et si l'on n'aperçoit plus aussi régulièrement son minois d'écureuil et le visage rond de sa moitié émerger tout sourire de chez Nobu, c'est bien parce qu'elle en a décidé ainsi.
Sitôt lassée de son congé, la milliardaire reviendra émoustiller l'actualité. Et ce sera bien assez tôt.