C’est un dimanche soir comme tant d’autres. Vous avez passé la journée à traîner en jogging, grignoté un fond de lasagnes trouvé dans le frigo, un masque sur le visage censé effacer vos excès de la veille, et la vague envie d’un peu de réconfort.
L’idée d’un crush à qui parler devient soudainement urgente. Alors vous ouvrez Bumble, Tinder, Hinge, au choix. Et là, magie: il est là. Charmant, drôle, vif. Il a du répondant, il relance, il propose même de se voir «très vite». L’échange est fluide, intense, presque trop beau pour être vrai. Spoiler: c’est le cas.
Parce que dès le lundi matin, il n’y a plus rien. Ni message, ni like, ni trace de votre complicité fraîchement numérique. Le profil est encore là, mais plus un mot. Ce que vous venez de vivre, c’est l’effet «Sunday Boy». Une espèce bien particulière du monde des rencontres, mise en lumière par le magazine Elle UK: ces mecs qui surgissent sur les apps de rencontres uniquement le dimanche soir, pile quand la solitude frappe, que le blues du week-end s’installe, et que l’envie d’un lien devient plus pressante. Ils vous parlent, beaucoup, parfois très bien. Et le lendemain? Ils disparaissent, comme si rien ne s’était passé.
Le phénomène ne tombe pas du ciel. Il s’inscrit dans une dynamique bien connue des plateformes de dating: le dimanche soir est le moment le plus actif de la semaine sur les applications de rencontres. Selon Elle UK, c’est même encore plus vrai lors du fameux «Dating Sunday», le premier dimanche de janvier, mais ce pic d’activité se répète, semaine après semaine.
Quand le week-end s’achève et que la perspective du lundi matin fait frissonner, beaucoup cherchent un shoot de connexion, de distraction, ou même de tendresse. Résultat: les apps chauffent. Les conversations se multiplient. Mais l’engagement, lui, reste en option.
C’est là que le «Sunday Boy» entre en scène. Il n’est pas forcément malveillant. Il n’est même pas toujours conscient d’agir ainsi. Il peut être sincère sur le moment. Mais ce qu’il cherche, c’est rarement une suite.
Ce qu’il veut, c’est un échange intense pour finir le week-end en beauté, une présence réconfortante à travers l’écran, un frisson digital avant le retour à la vie réelle. Et une fois le lundi lancé, entre réunions, mails et obligations, le soufflé retombe. L’envie aussi. Le chat est clos, l’app refermée, et vous, vous restez là, avec une conversation entamée qui ne connaîtra jamais de suite.
On pourrait croire à une version light du ghosting, et ce n’est pas tout à fait faux. Mais là où le ghosting arrive souvent après plusieurs jours de discussion, voire un ou plusieurs rendez-vous, le «Sunday Boy» ne vous laisse même pas le temps d’espérer. Il est le roi du flirt éclair, du crush express, des miettes qui vous laisse quand même un goût d’inachevé.
Et c’est bien ça qui agace. Parce que sur le moment, il est là. Vraiment là. Il envoie des messages longs, vous pose des questions, s’intéresse, vous fait rire, vous met en confiance. Il donne l’illusion d’une vraie rencontre en train de naître. Mais l’intensité du dimanche soir, boostée par l’algorithme et les hormones du spleen, ne tient pas face à la réalité du lundi matin. Le match est mort-né, sans avoir eu le temps d’exister.
Elle UK le souligne: ce qui rend les «Sunday Boys» si frustrants, ce n’est pas seulement leur disparition, c’est leur apparition ultra engageante. Ils ne sont pas ces mecs silencieux qui vous envoient un «salut ça va» tous les deux mois. Ils sont brillants, présents, séduisants… puis absents, sans préavis. Le contraste est violent, surtout quand on n’a pas vu le coup venir.
Et le pire? Ils sont nombreux. Parce que cette dynamique colle parfaitement à notre époque, à notre manière de consommer: tout, tout de suite. Le dimanche soir devient un sas de décompression, un terrain de jeu sentimental où chacun vient chercher ce dont il a besoin, souvent sans se poser trop de questions sur l’après.
Mais pour celles et ceux qui y croient, ne serait-ce qu’un peu, l’atterrissage est rude. Parce qu’il n’y a pas eu de clash, pas même de malaise, encore moins d’alerte rouge. Juste une conversation fluide… et un silence total, brutal.
Les «Sunday Boys» ne sont pas des monstres. Ils sont juste les produits d’un monde où tout va vite, y compris l’envie d’aimer. Ils flirtent un jour, puis retournent à leurs mails, leurs réunions, leur vie bien rangée dès le lendemain. Ils ne mentent pas, ils vivent à un rythme où le dimanche est une bulle pour l’émotionnel, et le lundi, une reprise sèche.
Si vous les croisez, gardez en tête qu’ils n’ont pas promis grand-chose… même si leurs messages disaient l’inverse.