Nicky Beloko a le vent en poupe. Le jeune joueur qui a débarqué au FC Aigle «un peu de nulle part», comme nous l'ont rapporté ses anciens formateurs aiglons, a rapidement brillé dans les rangs juniors, avant répéter ses gammes dans les structures du Team Vaud.
Il s'est ensuite engagé avec le FC Sion et est même entré dans l'histoire du foot suisse. Alors âgé de 17 ans, il est lancé dans le grand bain face à Young Boys, le 29 octobre 2017. Il devenait le premier joueur né en 2000 à jouer un match dans la première division du pays.
Après avoir usé ses crampons dans le club de Tourbillon, il est repéré par la Fiorentina. C'est avec la «Viola» qu'il va apprendre le métier de footballeur, avec un crochet à la Gantoise, en Belgique, avant de revenir en Suisse, en Challenge League, à Neuchâtel Xamax. Depuis juillet 2022, il évolue à Lucerne avec une progression remarquée.
Solide au milieu de terrain, le natif de Ebolowa, au Cameroun, montre une réelle force de caractère. Un profil qui pourrait plaire à Murat Yakin?
Nicky Beloko, vous avez refusé la sélection du Cameroun en janvier. Cela veut dire que avez l'équipe de Suisse dans un coin de votre esprit?
J'ai été approché par la fédération camerounaise et je n'ai pas refusé catégoriquement. Mais pour moi c'est très clair:
Votre choix est définitif?
Les pays africains sont de grandes nations du football. Si je dois choisir entre la Suisse et le Cameroun, c'est le Cameroun. Je ne pense pas que le Cameroun ait beaucoup à envier à l'équipe de Suisse.
Après avoir porté le tricot helvétique des M15 au M20, vous avez été convoqué à deux reprises avec les M21. Le staff de l'équipe A vous a-t-il approché?
Non, personne ne m'a approché.
Les problèmes récents qui entravent la fédération du Cameroun et la suspension de Samuel Eto'o (suspension de 6 mois par les instances de la Fifa), le président, ne vous font pas peur?
Non, pas du tout. Il y a toujours beaucoup histoires en Afrique, mais il y a des solutions pour tout. Je ne prête pas trop attention à ce qui se dit sur les réseaux sociaux, les gens aiment bien en rajouter.
Lucerne est invaincu depuis 7 matches et pointe en tête de la Super League. Quelle est la méthode de votre coach Mario Frick, alors que les spécialistes annonçaient une saison difficile après le départ d'Ardon Jashari?
Après le départ poussif en début de saison, la défaite contre Servette (2-1) en ouverture de saison, et le match nul contre GC (2-2) dans la foulée, on a pris le temps de discuter dans le vestiaire. Il fallait nous montrer solidaire pour en faire notre force. Et c'est aujourd'hui notre force.
L'équipe semble solide, avec un jeu physique. Sur le terrain, vous semblez bien vous entendre avec le jeune Aleksandar Stankovic en milieu de terrain.
On se comprend bien avec Aleksandar. On parle les deux italien, c'est plus facile à communiquer. Concernant l'équipe, on est un bloc compact. Le football aujourd'hui, c'est une bataille de milieu de terrain et si tu la gagnes, tu gagnes à coup sûr le match. Et en ce moment, on la gagne.
Tout n'a pas été rose pour vous. Vous avez déçu votre coach en début de saison, après la rencontre contre Servette. Il se disait «mécontent» de votre comportement.
Je n'avais pas la bonne attitude. Je me suis remis en question (réd: il était sur le banc lors du deuxième match face à GC) et j'ai senti que je faisais fausse route.
Un manque de motivation?
Au début de la saison, oui, tout était question de motivation. Quand je ne suis pas dans une grande forme, j'ai tendance à tomber dans un faux rythme et par conséquent, mon attitude n'est pas exemplaire non plus.
Pouvez-vous nous définir ce faux rythme?
Je ne me donne pas à fond lors des entraînements. Mais j'ai fait mon autocritique et c'est l'année doit être la mienne. Je dois briller et travailler fort. C'est à moi de prouver que j'ai les capacités, me battre pour atteindre mes objectifs en Super League et franchir un palier.
A moyen terme, quels sont vos objectifs?
J'aspire à découvrir un championnat d'un niveau supérieur à celui de la Super League. Je rêve de fouler les pelouses anglaises de la Premier League et porter le maillot de Tottenham.
Vous avez déjà goûté au football étranger. Vous êtes passé par la Fiorentina. Etait-ce une grosse étape dans votre carrière?
J'ai beaucoup appris lors de mon passage en Italie. J'ai grandi en tant que joueur. Je ne vais pas vous cacher que je me sentais bien à la Fiorentina. J'aurais pu jouer avec la première équipe, j'avais les capacités pour faire ma place. Après, quand on est jeune, on fait des erreurs. Je n'ai pas été parfait là-bas. Et si vous n'êtes pas au top, ça ne pardonne pas dans un tel club.
Dans vos clubs formateurs, on nous a rapporté votre fort caractère, mais surtout une forme de suffisance lorsque vous étiez supérieur aux autres sur le terrain. L'Italie a changé votre approche du football?
Ça m'a fait changé de caractère. Quand j'arrive dans une équipe avec de très bons joueurs, je me mets à niveau. C'est ma force. Après, si je joue dans une équipe où les joueurs sont à un niveau plus limité, j'ai tendance à me lasser.
Et puis le 29 avril 2019, vous faites votre première apparition en Série A.
Ça se passait bien à ce moment précis. Après, j'aurais dû garder les pieds sur terre et continuer à travailler. Je me suis laissé aller comme d'habitude. Je ne vais pas vous mentir: vivre seul en Italie, quand on traverse des moments compliqués, ce n'est jamais facile pour un jeune joueur. Mais aujourd'hui, je n'ai aucun regret. C'était un bel apprentissage.
Il y a eu également un passage à la Gantoise, en Belgique, en 2019. Votre aventure belge n'a duré que quelques mois.
En Belgique, les choses ne se sont pas bien déroulées. Pour commencer, je suis arrivé blessé à la cheville. J'ai repris petit à petit et j'ai été envoyé dans le contingent des M21. J'ai remarqué rapidement que je n'étais pas à ma place et que ce n'était pas mon niveau. Selon moi, j'étais déjà prêt pour jouer dans la première équipe. J'ai attendu d'avoir l'opportunité de m'exprimer, mais le coach avait déjà son effectif défini. Et quand j'ai vu l'équipe jouer, je me suis dit que j'avais le niveau pour l'intégrer. Mais la chance n'est jamais venue.
Vous avez claqué la porte?
Je n'étais pas content de la situation et le dernier jour des vacances, j'ai pris un billet d'avion et je suis rentré au Cameroun. Je ne voulais vraiment plus rester là-bas, je ne souhaitais plus rien savoir. Le club a bien sûr résilié le prêt et je suis rentré en Italie, à la Fiorentina (réd: en janvier 2020).
Maintenant, en 2024, vous regrettez avoir réagi comme ça?
Quand on n'est pas à l'aise quelque part, il faut partir. Pour être sincère, si j’étais resté là-bas, je me serais très mal comporté. Je ne voulais pas en arriver là et j'ai préféré quitter le club.