Des scènes très rares du côté d'Old Trafford. Dimanche après-midi, des centaines de fans de Manchester United ont quitté le stade avant la fin du match contre Liverpool. Et pour cause: leur équipe a été humiliée 5-0 dans le légendaire derby d'Angleterre.
Hundreds of Manchester United fans have seen enough and are leaving Old Trafford at half-time pic.twitter.com/gtrDLeZQhe
— Football Daily (@footballdaily) October 24, 2021
Une raclée insupportable pour ces supporters des Red Devils, dont certains ont déjà quitté l'enceinte à la mi-temps, alors que Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers étaient menés 4-0.
L'expulsion de Paul Pogba à la 60e minute a provoqué un nouvel exode de supporters mancuniens, pour qui la choppe était définitivement trop pleine. Entre-temps, Mohamed Salah avait inscrit le 5-0 dix minutes plus tôt.
Quitter un stade avant la fin d'un match parce que son équipe perd: lâcheté ou au contraire preuve d'amour envers un club qu'on n'est incapable de voir sombrer? Les avis des supporters Romands sont partagés.
Arthur* a clairement choisi son camp. «Les fans de Manchester United qui ont quitté le stade, c’est la honte», tranche ce fidèle du Servette FC. «Ça l'est d'autant plus que Manchester United est un club historique. C'est vraiment triste.» Le Genevois de 34 ans voit une explication sociologique à cette désertion:
Le Servettien avance un argument pour justifier sa présence jusqu'au-boutiste dans les tribunes du Stade de Genève: «C'est dans les moments difficiles qu'il faut être là pour son équipe. Quand on a pris 6-0 contre YB à la maison, on est resté et on a chanté comme des fous! Les vrais fans restent jusqu'au bout, peu importe le résultat».
Thousands of Manchester United fans leaving Old Trafford 😮 pic.twitter.com/OAhkwy75iW
— ESPN FC (@ESPNFC) October 24, 2021
Dans une posture plus modérée, Omar Pisanello partage l'incompréhension d'Arthur sur l'attitude des fans d'United. «Je déplore ce comportement», avoue le président du fan-club officiel de la Juventus à Neuchâtel. Lui n'a jamais quitté le stade turinois avant la fin d'un match.
«J'allais voir les matchs même quand l'équipe jouait en deuxième division, après sa relégation causée par l'affaire du Calciopoli», appuie ce grand fan de la Vieille Dame. Il enchaîne:
A Naples, on est tout aussi métaphorique. «Sur les réseaux sociaux, j'ai vu un graffiti en Italie qui résume ma vision des choses. Il disait à une femme qu'elle était belle comme un but à la 90e minute», sourit Luca*, fan du Napoli et du Lausanne-Sport. C'est presque par romantisme que ce Vaudois de 41 ans ne quitte jamais son siège de la Tuilière ou du stade Diego Armando Maradona avant l'heure. «Je suis un fan des retournements de situation. J'aime la dramaturgie du football. La vie entière se joue à la 92e minute.»
Luca a fait une seule exception: «Une fois à Naples, mon père a fait un AVC dans les gradins, quinze minutes après le début du match. Je l'ai accompagné jusque vers les secours, et quand tout était sous contrôle, je suis retourné voir les dernières minutes de la première mi-temps», rigole-t-il avec du recul et le soulagement que son père n'ait pas gardé de séquelles.
Malgré sa loyauté, il se montre très compréhensif avec ses homologues d'outre-Manche:
Mais Luca est intransigeant avec une catégorie précise de spectateurs qui délaisse le stade avant la fin de la partie. Et ça n'a rien à voir avec le résultat.
«A l'époque à la Pontaise, je voyais des gens qui quittaient les tribunes trois minutes avant la fin uniquement pour pouvoir sortir plus vite du parking. Je trouve ça lamentable», peste-t-il.
Du coup, la solution pour éviter le départ prématuré des fans, c'est peut-être de «parquer le bus». Ça évite de prendre des déculotées sur le terrain tout en s'assurant des places de stationnement privilégiées...
*prénoms d'emprunt