Il a eu 20 ans hier. Et ce jeudi, il peut mettre l'Europe à ses pieds. Buteur à Florence lors du succès 2-1 du FC Bâle en match aller de la Conférence League, Andy Diouf est, avec l'admirable Zeki Amdouni bien sûr, l'un des deux joueurs qui ont métamorphosé le visage du FC Bâle ce printemps.
Avant le but d'Amdouni à la 93e, la semaine dernière en Italie, Diouf est le joueur qui a inscrit le 1-1 d'une irrésistible course en solo et ainsi relancé les actions du FCB. Mais il n'a pas été seulement buteur ce soir-là; il a aussi récupéré plusieurs ballons, bouché des trous et créé des espaces pour ses coéquipiers, donnant ainsi à voir plusieurs facettes de sa formidable palette. On lui a d'ailleurs demandé à Florence s'il avait fait son meilleur match en tant que professionnel. Mais soucieux de rester calme et serein, il a répondu que ce n'était pas le cas. Il préfère laisser les autres juger de ses performances.
Par exemple Heiko Vogel: «Je pense que nous avons tout fait juste», dit-il, et c'est moins le coach intérimaire qui parle que le directeur sportif, en faisant bien sûr référence à l'achat définitif de Diouf il y a deux semaines. Alors qu'il était auparavant prêté par Rennes, le milieu de terrain possède désormais un contrat jusqu'à l'été 2027 à Bâle, après que les Rhénans ont versé cinq millions de francs en France.
C'est une somme qui donne une idée du potentiel de Diouf. En Bretagne, son départ définitif a suscité l'incompréhension de nombreuses personnes, qui estiment que la direction du club n'aurait jamais dû accepter de laisser partir aussi facilement un joueur de son potentiel. Depuis que des clubs de Bundesliga, dont le Bayern Munich ou de Premier League, se sont renseignés sur le joueur, les Rennais craignent d'avoir laissé partir leur talentueux milieu de terrain à un prix inférieur à sa valeur.
Diouf a été attiré à Bâle par des personnes qui, entre-temps, ne travaillent plus pour le FCB. L'ancien planificateur Philipp Kaufmann, ainsi que l'entraîneur Alex Frei, licencié en février, ont joué un rôle important pour que le jeune espoir porte le maillot rouge et bleu. Le contact a été établi lors de l'Euro M19 de l'été 2022, lorsque Diouf a joué avec la France au tournoi en Slovaquie et s'est hissé jusqu'en demi-finale.
Le milieu tricolore, qui a grandi près de Paris en tant que fan de Lionel Messi, Yaya Touré et Paul Pogba, était alors sous contrat avec Rennes, où il avait pu signer son premier bail professionnel en décembre 2020. Mais une blessure l'avait fait reculer et il n'avait pu jouer que neuf minutes avec l'équipe première en Ligue 1, en cinq petites apparitions.
Depuis la reprise du FCB par David Degen, la stratégie du pensionnaire de Saint-Jacques consiste à offrir une plate-forme et du temps de jeu aux jeunes talents qui ne peuvent pas progresser comme ils le souhaitent ailleurs. Le jeune Français a compris que c'était une chance en or et il a donc accepté de vivre sa première aventure à l'étranger.
Il savait déjà en arrivant qu'on allait lui faire confiance. «Mais je ne pensais pas non plus être aligné aussi souvent», reconnaît-il aujourd'hui.
Avant son arrivée à Bâle, il n'avait que 800 minutes dans les jambes, principalement en Ligue 1.
Diouf attend encore sa première réussite en Super League, ses trois buts ayant tous été inscrits en Europe: lors de la phase de groupes de la Conference League contre le Slovan Bratislava et le Zalgiris, puis jeudi dernier à Florence. Même si ce n'est que la troisième plus grande scène sur laquelle les joueurs peuvent se présenter (après la Ligue des champions et la Ligue Europa), les buts inscrits dans les compétitions internationales sont plus remarqués que ceux inscrits en championnat.
Il est fort probable que le milieu des M21 français (il pourrait par la suite porter les couleurs du Sénégal car c'est le pays d'origine de son père) dispute ses derniers matches avec le FC Bâle avant de partir pour un club plus important cet été. Acheté cinq millions, Andy Diouf ne devrait pas s'en aller pour moins de dix. (jcz/sda/ats)