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Andres Ambühl, le paysan grison devenu une légende du hockey suisse

Samedi face au Canada, Andres Ambühl deviendra le joueur le plus capé de l'Histoire des championnats du monde de hockey sur glace.
Samedi face au Canada, Andres Ambühl deviendra le joueur le plus capé de l'Histoire des championnats du monde de hockey sur glace. image: keystone

Andres Ambühl, le paysan grison devenu une légende du hockey suisse

L'attaquant du HC Davos deviendra, ce samedi contre le Canada (15h20), le hockeyeur ayant disputé le plus de matchs de l'Histoire des Mondiaux. Il doit ce record à des qualités techniques, physiques et mentales hors du commun.
20.05.2022, 17:2720.05.2022, 19:14
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Même sous le casque, on reconnaît tout de suite Andres Ambühl. D'abord grâce à ses cheveux mi-longs qui en dépassent et sa barbe noirs. Mais surtout par la manière avec laquelle il patine et manie la canne.

A 38 ans, le trapu davosien – 1,76 m pour 86 kg – a gardé toute son explosivité et sa vitesse hors normes. Elles sont complétées par une grande intelligence de jeu et un engagement de tous les instants. «Rapidité, travail acharné et style agressif sont ses qualités», appuie Ralph Krüger, ancien sélectionneur de la Nati (1997 à 2010), qui a dirigé l'attaquant grison lors de six championnats du monde et deux tournois olympiques, entre autres.

Tellement fort qu'il joue sur une jambe...
Tellement fort qu'il joue sur une jambe... image: keystone

Ambühl deviendra donc ce samedi face au Canada le hockeyeur le plus capé de l'Histoire des championnats du monde, avec 120 matchs (un de plus que l'Allemand Udo Kiessling qui a mis un terme à sa carrière en 1996). Mais sa présence à ces Mondiaux finlandais n'est pas un cadeau pour bons et loyaux services. Patrick Fischer l'a convoqué parce qu'il a estimé que le polyvalent vétéran pouvait amener quelque chose à l'équipe.

Et ce dernier a donné raison au sélectionneur, avec un but et une passe décisive à son compteur personnel après les quatre premiers matchs. Sans parler, bien sûr, de tout le travail abattu pour l'équipe.

De l'air frais et des magazines

Oui, Andres Ambühl a le sens du devoir. Son exceptionnelle longévité serait impossible autrement. Il n'a raté qu'un seul championnat du monde, en 2018, depuis ses débuts dans cette compétition en 2004.

Lors du premier match contre l'Italie (victoire 5-2), «Büehli» – comme tous ses coéquipiers à Davos et au sein de la Nati le surnomment – avait déjà battu un autre record: il était devenu le premier joueur à disputer 17 Mondiaux. «Pour moi, être sélectionné en équipe nationale reste un honneur. C'est la reconnaissance que vous faites quelque chose de bien», s'enthousiasmait le capitaine du HC Davos dans une interview pour nos collègues alémaniques de watson, en 2019.

C'est aussi l'occasion pour lui de changer d'air, même si celui, frais, des montagnes grisonnes lui convient très bien (17 buts et 22 assists cette saison):

«Dans le club, je vois tous les jours les mêmes visages et puis c'est bien pour moi d'avoir d'autres personnes autour, dans un endroit différent»
Andres Ambühl

Pour le numéro 10 de la Nati, rejoindre la sélection en fin de saison n'est pas une corvée. Bien au contraire. «Entre un tournoi mondial et trois semaines de préparation physique en club, mon choix est vite fait», souriait-il dans la Tribune de Genève l'an passé. Il l'avoue volontiers, le travail physique n'est pas ce qu'il préfère. Son truc à lui, c'est la glace, le jeu. Avant d'être un excellent attaquant, Andres Ambühl est un immense passionné. Et c'est sa grande force, selon Raeto Raffainer, ex-directeur sportif du HC Davos et des équipes nationales:

«Dès le moment où il enfile une paire de patins, il redevient un enfant. Ses yeux se mettent à briller, il est vraiment heureux. Il est l’un des derniers à considérer le hockey comme un jeu. C’est de là que vient sa réussite. Il aime profondément son sport. Il sait tout au sujet de tous les joueurs. C’est une encyclopédie»
Raeto Raffainer, dans La Tribune de Genève

Cet amour du hockey, le Grison l'a cultivé dès l'enfance dans la ferme de ses parents, agriculteurs de montagne dans la vallée du Sertig, proche de Davos. Il y dévorait les magazines spécialisés, «qu'il apprenait presque par cœur», selon ses mots.

«T'as encore deux mois pour te préparer avant le Mont Ventoux!»
«T'as encore deux mois pour te préparer avant le Mont Ventoux!» image: keystone

Tonton Gilbert et le bus VW

De sa jeunesse paysanne, Ambühl a gardé le goût pour les choses simples. «Je suis juste un gars qui aime bien être tranquille chez moi à la montagne», expliquait-il l'an dernier aux Mondiaux de Riga.

Les valeurs de ce mode de vie sans chichi et parfois rude se reflètent aussi dans la personnalité de l'attaquant davosien – antithèse des divas capricieuses qu'on rencontre parfois dans le sport pro – qui fait l'unanimité dans le vestiaire. «Il était un leader exemplaire avec son style de travailleur acharné. Il a toujours été apprécié et respecté par ses coéquipiers et les staffs», applaudissait Sean Simpson, ex-sélectionneur, en mai 2019. «C’est avant tout un joueur d'équipe. Un personnage au top absolu, sur et hors glace», renchérissait Ralf Krueger.

Le classement du groupe

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Chez le Davosien, papa de deux filles nées en janvier 2020 et février 2022, aucun ego mal placé ou autre narcissisme. Une preuve? Il n'a pas de compte Instagram et son profil Facebook, délaissé, ressemble bien plus à celui de tonton Gilbert qu'à celui de Cristiano Ronaldo.

Andres Ambühl se contente de (très bien) faire le job sur la glace, sans chercher à attirer les regards. Il est parfait dans le rôle du leader silencieux. «Dans un vestiaire, ce n’est pas le plus bavard ni le plus expressif. Mais quand il a quelque chose à dire à l’équipe, tout le monde ouvre grand les oreilles», confirmait son coéquipier en sélection, Romain Loeffel, l'an passé dans La Tribune de Genève.

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«Pourquoi les pêcheurs ne sont pas gros? Parce qu’ils surveillent leur ligne!» image: keystone

Dans les alpages grisons, Andres Ambühl s'est non seulement construit un mental d'acier mais aussi un corps des plus solides. Le soutien qu'il devait fournir à ses parents dans leur travail agricole n'y est sans doute pas étranger. «Enfant, c’était plutôt pénible d’aider les parents à la ferme», avouait-il. Désormais, il retourne volontiers leur donner un coup de main quand il a le temps.

Le vétéran a eu la chance (était-ce vraiment un hasard?) d'être épargné par les blessures. L'ex-médecin du HC Davos et de Swiss olympic, Beat Villiger, le jugeait «indestructible». Son ancien coéquipier avec la Nati Mathias Seger, qui co-détenait avec Ambühl l'an passé le record du nombre de championnats du monde disputés (16), posait le même diagnostic il y a trois ans:

«Büehli a un moteur qui tourne et tourne et tourne. C'est formidable qu'il soit encore capable de performer. Il me rappelle un peu mon bus VW. Il ne peut pas se casser non plus. Contrairement au véhicule, le moteur est réglé par Büehli lui-même»
Mathias Seger, ex-coéquipier avec la Nati

Andres Ambühl compte bien user encore longtemps ses pneus patins. «Si je reste en bonne santé et que je continue à m'amuser, je veux jouer jusqu'à 39 ou 40 ans, si possible plus longtemps», s'enthousiasmait-il en 2019.

Titulaire d'un diplôme de commerce passé juste avant de rejoindre la première équipe du HC Davos en 1999, à seulement 17 ans, le Grison a encore une année de contrat avec son club de cœur. Il ne sait pas ce qu'il fera une fois ses cannes rangées, même si rester dans le milieu du hockey sur glace l'intéresse.

Le Andres code ce soir? Jaune et bleu. Elégant.
Le Andres code ce soir? Jaune et bleu. Elégant. image: keystone

En attendant, il fera tout pour pousser son record le plus loin possible et, qui sait, offrir un premier titre de champion du monde à la Suisse, après les finales perdues de 2013 et 2018.

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